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Le côté méconnu du mont Royal

Photo: Centre canadien d’architecture, Fonds Ernest-Cormier, ARCH264450

Le mont Royal est bien connu pour ses belvédères, son parc-nature et le lac aux Castors. Le versant de la montagne où sont installés les universités, l’Oratoire Saint-Joseph et les cimetières l’est moins. Avec l’aide du Centre d’histoire de Montréal, l’historienne Sophie Cardinal et l’ancien vice-recteur de l’Université de Montréal Pierre Simonet ont donc concocté l’exposition La face cachée de la montagne qui s’ouvrira vendredi. Plusieurs secrets sur le versant laurentien du mont Royal y sont dévoilés.

Nucléaire: le grand secret de l’Université de Montréal
Au début des années 1940, une chambre d’uranium est cons­trui­te dans l’Université de Mont­réal. Des chercheurs y tra­vaillent pour aider les États-Unis à concevoir la bombe nucléaire. Le laboratoire se trouvait à l’origine en Europe, mais les bombardements for­cèrent les chercheurs à immigrer au Canada. «Au départ, il y a une bon­ne entente avec les États-Unis, relate Sophie Cardinal. Le labo­ratoire de Montréal est mis en place et les spécialistes qui sont trouvés pour y travailler sont des personnes exilées, dont le pays d’origine est envahi. Ce qui fait que les États-Unis ne veulent pas partager leurs recher­ches par­­ce qu’ils soupçonnent l’équi­pe de Montréal d’avoir des contacts avec l’ennemi.»

Au cours des recherches à l’Université de Montréal, le réacteur ZEEP (Zero Energy Experimental Pile) est conçu. Cette découverte servira à la construction de la centrale de Chalk River, en Ontario. En préparant l’exposition La face cachée de la montagne, Sophie Cardinal et Pierre Simo­net ont découvert un plan de la chambre d’uranium de l’Université de Montréal dans les archives de l’architecte Ernest Cormier – qui a conçu les plans du pavillon principal – lesquelles sont au Centre canadien d’architecture.

Lire aussi notre reportage Un laboratoire nucléaire au cœur du mont Royal

Pour en finir avec le volcan
Une rumeur persistante veut que le mont Royal soit un volcan. Le mont Royal n’est pas un volcan mais bien un pluton. «Un pluton, c’est une masse de roches magmati­ques avec un très gros grain qui se cristallisent très lente­­ment sous la surface terrestre, explique M. Simonet. Quand il y a éruption volcanique et que le magma entre en contact avec l’atmos­phère, il y a une autre forme de cristallisation et les grains des roches sont très fins.» Au fil des milliers d’années, des sédiments qui couvraient la montagne se sont érodés et le mont Royal est apparu. «Ainsi, le mont Royal continue à pousser.», conclut Mme Cardinal.

La semelle du géant Beaupré
Géant BeaupréDans l’exposition La Face cachée de la montagne, des objets insolites y sont présentés. Une pochette de disque des Cyniques y sera puisque la photo de celle-ci a été prise dans un cimetière du mont Royal et que ses membres ont fréquenté l’Université de Montréal. Il y aura aussi une peluche de chameau de la crèche de l’Oratoire Saint-Joseph qui provient de l’Afrique du Sud. Une semelle de 55 cm de long du géant Beaupré y sera également présentée. C’est que le corps du géant a été exposé pendant plusieurs décenn­ies à l’Université de Montréal, avant que sa famille ne le réclame dans les années 1990.

Edouard Beaupré mesurait 2 m 50 cm lorsqu’il est mort en 1904, à l’âge de 23 ans. Son corps a été momifié parce que le cirque pour lequel il travaillait voulait continuer à l’exhiber. Découvert par hasard dans un parc de Montréal en 1907, le cadavre a ensuite été confié à l’Université de Montréal, qui a décidé de l’exposer dans une vitrine du laboratoire d’anatomie. «C’est devenue l’exposition la plus vue de l’Université de Montréal parce que les gens veulent voir le corps du géant Beaupré, raconte Sophie Cardinal. L’Université a senti, dans les années 1960, que ça ne se faisait pas alors elle a caché le corps. Lorsque la famille a demandé le corps, l’Université l’a redonné incinéré.»

Un écosystème riche
La faune et la flore du mont Royal sont uniques, d’après Sophie Cardinal et Pierre Simonet. De rares espèces de couleuvre et de papillons s’y trouvent. Il est aussi possible d’y voir le petit prêcheur, une plante très stylisée en voie d’extinction. Des centaines d’abeilles y bourdonnent aussi pendant la saison chaude et rejoignent la ruche de l’Université de Montréal. Le miel de la métropole est d’ailleurs de grande qualité en raison de la diversité florale et de l’interdiction des pesticides à Montréal. Le mont Royal est également survolé par des faucons pèlerins qui ont pignon sur la grande tour de l’institution universitaire.

Melon de MontréalLes melons de Montréal
Au début du XXe siècle, les melons produits dans Outremont et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce sont célèbres. «Le goût de ces melons était reconnu à New-York et Boston, rapporte Sophie Cardinal. Une tranche de melon était vendue, dans les grands restaurants, au prix d’un steak. C’était un mets de choix.» Le melon de Montréal est disparu dans les années 1920 lorsque les immeubles ont poussé sur le mont Royal. Selon la rumeur, des graines du melon de Montréal existeraient toujours. Quelques-unes seraient aux États-Unis.

Exposition
La Face cachée du mont Royal
Au Centre d’histoire de Montréal, 335, place d’Youville
Du 17 mai 2013 au 13 avril 2014

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