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L'histoire du Roi Lear: Shakespeare revu et corrigé

Jessica Émond-Ferrat - Métro

L’histoire du Roi Lear est une pièce dont le sujet est toujours d’actualité, croit Gilles Renaud. Mais qui méritait une cure de jouvence…

Quand on lui demande si elle se souvient de son premier contact avec la pièce L’histoire du Roi Lear, Évelyne Rompré admet, avec un petit rire timide : «La première fois, je n’ai pas tout compris! Mais avec la version de Denis Marleau [metteur en scène] et de Normand Chaurette [traducteur], je trouve que c’est devenu très clair. C’est presque une adaptation, en fait.»

C’est que de 25 acteurs sur scène, Marleau et Chaurette ont réduit le nombre à 11. «Ça a permis de clarifier cette histoire qui est assez complexe, et d’enlever des intrigues secondaires qui, somme toute, ne sont pas tellement intéressantes, affirme Gilles Renaud, qui interprète le rôle-titre. Le cœur de l’histoire, les deux pères, Lear et Gloucester, et les rapports de ceux-ci avec leurs enfants, c’est ça qui est resté.»

Et c’est largement suffisant, croient les deux comédiens, qui voient en cette tragédie shakespearienne une intrigue éminemment actuelle – que le metteur en scène a d’ailleurs choisi de situer dans une époque indéfinie, qui pourrait bien être celle d’aujourd’hui. «Ça parle de maltraitance, résume Gilles Renaud. C’est un mot très à la mode depuis qu’Yvon Deschamps a fait une pub là-dessus… mais déjà, au 16e siècle, cette situation existait. C’est l’histoire de filles qui héritent de leur père avant sa mort… et qui le mettent dehors. Au départ, il demande une petite pension, puis elles la coupent de moitié, puis complètement…»

La mise en scène étant signée Denis Marleau, bien connu pour son utilisation judicieuse du multimédia sur scène, à quoi peut-on s’attendre sur ce plan? «À quelque chose d’assez étonnant, je crois, sourit Gilles Renaud. Oui, il va y avoir des bébelles qui bougent sur les murs, ça va relever un peu du multimédia…» «Mais pas tant que ça, l’accent est vraiment mis sur la performance des acteurs», complète Évelyne Rompré.

Et à propos de ces performances, est-il plus difficile pour un comédien d’incarner un personnage classique ou d’en créer un? «Bonne question… réfléchit Gilles Renaud. Créer un personnage, c’est difficile, mais un personnage de répertoire, tout le monde a son idée de la façon dont il faut le jouer, alors c’est un défi supplémentaire… Heureusement, dans Le Roi Lear, il n’y a pas de phrase-culte, du style « Être ou ne pas être » ou « Le petit chat est mort »!»

Cependant, pour l’acteur, jouer Shakespeare – contrairement à Racine ou à Molière – n’est pas «plus difficile que jouer Tchekov ou Tennessee Williams». «Mais avec Shakespeare, on est dans  les grandes émotions, dans des grandes envolées, ce n’est pas banal, on n’est pas dans le quotidien. Ça nous tient, l’histoire nous porte.»

Le rôle de leur vie

Métro a demandé à Gilles Renaud et à Évelyne Rompré quel rôle avait le plus marqué leur carrière théâtrale respective :

  • Gilles Renaud : Celui du père dans Le vrai monde, de Michel Tremblay.
  • Évelyne Rompré : Inès dans Inès Pérée et Inat Tendu, de Réjean Ducharme : «Ça a changé ma façon de jouer, ça m’a apporté une liberté dans le jeu, un plaisir de me mettre en danger.»


L’histoire du Roi Lear
Au Théâtre du Nouveau Monde

Jusqu’au 7 avril

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