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The Search: ceci n’est pas un brûlot

Photo: Remstar

Après l’oscarisé The Artist, Michel Hazanavicius raconte la violence de la guerre en Tchétchénie à travers le prisme de l’enfance sacrifiée. Un changement de registre que le cinéaste explique à Métro.

Pourquoi, après le triomphe de The Artist, faire un drame sur le conflit tchétchène?
Avant même de me positionner comme réalisateur, je suis parti d’un constat, celui de l’indifférence généralisée par rapport à la situation en Tchétchénie. Semaine après semaine, l’actualité suscite notre compassion, et comme beaucoup de citoyens, je me sens souvent impuissant. Et puis j’ai découvert ce film de 1948 réalisé par Fred Zinnemann, Les anges marqués, qui parlait des camps de concentration sans les montrer, avec une approche un peu mélo, sentimentale, mais qui m’a plu. Lorsque j’ai gagné l’Oscar pour The Artist, je me suis dit que c’était le bon moment pour refaire ce film, en le situant cette fois
en Tchétchénie.

Les critiques souligneront certainement le fait que vous changez de registre avec ce film. Pourtant, The Search n’a-t-il pas un lien avec vos films précédents dans sa manière de puiser dans votre culture de cinéphile?
Vous avez raison, même si ce film-là est quand même un peu différent. Ma première ambition est de faire des films populaires, faciles à voir, en dépit d’un thème très violent cette fois-ci. Avec The Search, je voulais faire preuve de réalisme et réfléchir à la représentation que nous avons de la guerre en Tchétchénie. Les seules images qu’on a vraiment ont été tournées en vidéo par des amateurs. Elles sont vieillies, délavées, comme celles que je montre au début du film. Je suis parti de là plus que d’une cinématographie existante. Idem pour le scénario, librement inspiré du film de Zinnemann. J’aurais pu le cacher, mais ce qui me plaisait, c’était le geste, celui d’un réalisateur admiré à Hollywood qui part à Berlin faire un film sur les gamins dans les ruines. Comme Danny Boyle avec Slumdog Millionaire, plus proche de nous.

«Je ne crois pas avoir fait un film manichéen.» – Michel Hazanavicius, à propos de The Search

 

Vous avez tourné en Géorgie. Était-il impossible d’aller en Tchétchénie?
J’ai des amies qui travaillent en Tchétchénie, qui m’ont permis de recueillir des témoignages. J’aurais pu y tourner à l’arraché, mais je ne suis pas sûr que l’armée m’aurait laissé faire. J’avais besoin d’une certaine stabilité politique pour un film de cette envergure. La Géorgie n’est pas un pays de cinéma, mais elle a la particularité de disposer d’une importante communauté tchétchène, au sein de laquelle j’ai pu trouver de nombreux comédiens et figurants.

C’est le cas du jeune Abdul Khalim Mamatsuiev, qui joue Hadji. Combien d’enfants avez-vous auditionnés avant de le trouver?
Le directeur de casting en a vu 450, que j’ai regardés sur bande avant d’en rencontrer une cinquantaine. C’était le seul qui avait un rapport simple avec la comédie. Vous ne pouvez pas demander à un enfant comme ça de travailler comme un professionnel. C’est pour ça que j’ai essayé de créer une certaine ambiance autour de lui, afin d’aller «chercher» sa performance. Je me suis aperçu qu’il jouait à des jeux vidéo entre les prises, ce qui l’abrutissait complètement. Si bien que je lui ai totalement interdit d’y toucher tant qu’il était sur le plateau. Et il l’a fait. Je peux vous dire que je n’ai pas la même autorité avec mes enfants! (sourire)

The Search
En salle dès vendredi

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