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La Loi du marché: cas de conscience

Photo: Collaboration spéciale
Marilyne Letertre - Metronews France

Dans La Loi du marché, du réalisateur Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps), Vincent Lindon joue un chômeur face au système, un rôle qui lui a valu le prix d’interprétation à Cannes l’an dernier. Franc et passionné, le comédien raconte cette expérience en marge.

La Loi du marché a été tourné en équipe réduite, en 19 jours, avec des acteurs non professionnels. Est-ce cette proposition de cinéma différente qui vous a plu?
Ce film, c’est comme l’amour : inexplicable. Je m’y suis jeté comme un pilote dans une course. Avec insouciance et ferveur. Devenir Thierry était une nécessité. Et cette impulsion s’est retrouvée dans la forme : tout était évident, rapide, simple. Le plus fort, c’est que le film est intact à l’arrivée. Il y a les mêmes coups de foudre, les mêmes impressions, les mêmes douleurs qu’à la lecture. Ça ne m’est jamais arrivé, un truc pareil.

Vous avez été payé en participation. Est-ce une volonté de cohérence avec le propos social du film?
Ça aurait été invivable autrement. Je ne pourrais pas me présenter devant vous, vous dire combien j’ai aimé être Thierry, tout en m’adonnant à la gabegie. Toute l’équipe du film a été payée au salaire auquel elle pouvait prétendre sur n’importe quel film. Ce n’était pas à eux de faire des efforts, mais au réalisateur, au producteur et à l’acteur.

«Si ce métier ne me correspondait pas, j’aurais arrêté. Jouer les gens, me mettre à leur place, j’adore ça. C’est raccord avec ce que je suis dans la vie : je gère les problèmes des autres, je prends en charge, je rassure.» –Vincent Lindon

À quel point le scénario était-il écrit?
Il n’y a aucune improvisation réelle. On savait en gros ce qu’on allait dire au début de chaque scène. Stéphane nous laissait ensuite prendre notre temps pour être au plus près de ce qu’on imaginait être la réalité sociale de Thierry et des autres.

Et comment était-ce, de jouer avec des débutants?
Pas une fois je ne me suis dit qu’ils jouaient pour la première fois. Pour moi, ces gens ne sont pas des «non professionnels» comme beaucoup le diront. Un débutant peut être très pro et un soi-disant pro peut être un amateur. Je n’ai jamais fait la différence entre eux et moi : on était dans le même bateau, à égalité. On n’a d’ailleurs jamais parlé de cinéma ensemble. Comme si on voulait éviter ce sujet «amateur-professionnel», qui n’avait pas lieu d’être.

Considérez-vous ce film comme étant politique?
Bien sûr. Stéphane ne porte jamais de jugement mais, devant ce film, le spectateur se pose des questions, se met dans les bottes de Thierry, ouvre les yeux sur ce qui l’entoure. Et s’il se questionne, il fait son travail de citoyen. Il est donc politisé, et le film aussi.

Et vous, quelles questions vous êtes-vous posées en découvrant ce scénario?
J’ai essayé de me mettre à sa place. Je crois que je réagirais différemment, car je suis plus sanguin. Lui est d’un calme olympien, malgré une réalité difficile : j’admire son contrôle, sa dignité, sa façon de souffrir en silence et même d’essayer de faire bonne figure. Je n’ai pas toujours cette distinction.

La Loi du marché
En salle vendredi

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