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MC Solaar et le rap qui vieillit bien 

MC Solaar en 1997. Photo: Philippe Bordas

Le légendaire rappeur français MC Solaar, un des premiers à avoir popularisé le rap dans l’Hexagone au début des années 1990, débarque aux Francos ce vendredi.  

Celui dont le dernier passage au festival remontait à 1998 vient présenter des classiques de ses trois premiers albums, enfin disponibles au public. Ces derniers étaient introuvables en magasin et sur les plateformes d’écoute depuis plus de 20 ans en raison d’un litige judiciaire avec son ancienne maison de disque (voir l’encadré au bas du texte pour la petite histoire).  

Depuis la récupération de ses albums, MC Solaar dit avoir «le sourire éternel».  

«On m’interpelle dans la rue pour me dire qu’on réécoute mes classiques. Les fans de longue date s’y replongent avec plaisir. Les plus jeunes découvrent tout un pan de mon histoire qu’ils ne connaissaient pas», témoigne-t-il, en entrevue avec Métro.  

Des albums intemporels 

Et maintenant que lui-même réécoute ses morceaux pour les pratiquer en vue de son retour sur scène, MC Solaar se dit assez fier de ce qu’il a créé à l’époque. Il y perçoit le groove, la dynamique et l’intemporalité.  

Le rappeur réalise que ses textes de l’époque sont encore d’une brûlante actualité aujourd’hui, notamment lorsqu’il parlait d’écologie ou de guerre (La concubine de l’hémoglobine).  

Ses textes sont d’une rare richesse. En plus de manier comme personne les mots et d’avoir un flow impeccable, MC Solaar savait inciter à la réflexion et aux questionnements philosophiques.  

«Ce sont des chansons que j’ai écrites il y a 30 ans. Je me dis que j’ai bien fait de rendre les choses complexes, plus difficiles à écrire, car il n’y en a aucune que je ne peux chanter aujourd’hui ou dont j’ai honte», se réjouit-il.  

Une suite excitante

Cette redécouverte a donné beaucoup d’assurance à Solaar, qui a très hâte de remonter sur scène, d’autant plus que les morceaux ont été retravaillés avec un groupe de jazz pour leur apporter encore plus de richesse musicale. Évidemment, le spectacle sera aussi parsemé d’autres succès sortis après le litige.  

Le rappeur travaille maintenant aussi sur un nouvel album. Peut-être pouvons-nous espérer une collaboration avec le groupe québécois Muzion, que MC Solaar admire depuis la première heure.  

La petite (grosse) histoire judiciaire 

Au milieu des années 1990, MC Solaar avait remis à Polydor, sa maison de disque de l’époque, deux albums à publier sous trois mois sous la forme d’un double album.  

Or, Polydor a plutôt sorti le projet en deux disques séparés, Paradisiaque et MC Solaar, à un an d’intervalle, aux étés 1997 et 1998. Le rappeur avait conséquemment poursuivi la compagnie en justice pour non-respect des clauses du contrat. La justice a alors interdit à Polydor de poursuivre l’exploitation des quatre premiers albums de l’artiste. Ces quatre albums n’ont plus été édités, sous aucune forme, faute d’un accord commercial entre l’artiste et la maison de disques.  

Ce n’est qu’en 2021 que MC Solaar a pu récupérer les droits sur ses albums et enfin les offrir de nouveau à son public. 


Un «rêve» réalisé grâce aux Francos

C’est le rappeur de Gatineau D-Track (sur la photo à gauche) qui aura le privilège d’assurer la première partie du mythique rappeur français ce 17 juin à la salle Wilfrid-Pelletier dans le cadre des Francos. Et il est aux anges.  

« MC Solaar, c’est une référence. C’est un des premiers rappeurs francophones de l’histoire de la musique. Plus encore, je le classe comme un grand chansonnier de la musique française.

À mon avis, il a écrit des classiques de la chanson française. Je rêve encore d’écrire une chanson comme Caroline, Victime de la mode, Nouveau western ou Qui sème le vent récolte le tempo.

Il m’a beaucoup influencé dans mon écriture par sa manière de jouer avec les mots, d’aller chercher de la profondeur, de raconter des histoires, de faire voyager. On a envie de lire et d’analyser ses textes comme les miens qui sont étudiés dans les écoles. Faire sa première partie, c’est un rêve accompli. » 

Anecdote amusante, la copine de D-Track lui avait acheté des billets pour le spectacle de MC Solaar avant que son label l’appelle pour lui dire qu’il allait plutôt faire la première partie. Le rappeur cherche donc à refiler ses billets. À qui la chance? 

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