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Belles, bonnes, capables, drôles et grosses

Marie-Hélène Racine-Lacroix et Josiane Aubuchon durant le cabaret «F*ck ta grossophobie». Photo: Gracieuseté Zoofest

«Bonsoir les toutounes!», a lancé l’humoriste Marie-Hélène Racine-Lacroix en montant sur la scène du Théâtre Sainte-Catherine, où elle a présenté ce week-end une nouvelle édition du cabaret F*ck la grossophobie dans le cadre du Zoofest.

C’est elle qui organise cet événement, dont la première édition s’est tenue l’an dernier dans le cadre du Minifest. Après d’autres spectacles à Montréal et à Québec à l’automne, le cabaret de Marie-Hélène Racine-Lacroix était de retour avec Catherine Ethier («l’amie mince») et Josiane Aubuchon, complices de la première heure. Deux personnalités non humoristes se sont greffées au concept: l’artiste burlesque Rosie Bourgeoisie et la photographe Julie Artacho.

Dans la salle, des fat babes – expression consacrée dans l’univers de la body positivity pour décrire les femmes grosses, un adjectif lui-même revendiqué par les personnes vivant dans des corps plus larges – éclataient de rire alors que défilaient des blagues sur les sièges de théâtre trop petits, la grossophobie médicale et les hommes qui pensent que c’est une bonne idée que d’amener un plan d’entraînement à une date (divulgâcheur: c’est une très mauvaise idée).

Quelques personnes minces dans le public ont pu s’étonner de découvrir toute l’étendue des micro-agressions vécues par les gens plus gros. C’est que les artistes du cabaret en déballent un bon nombre, presque toujours avec humour.

Un «gros» spectacle

Ainsi, Marie-Hélène Racine-Lacroix a raconté être tannée de se faire dire qu’elle est «courageuse» de vivre dans son corps. «Je ne suis pas en train d’aller porter l’anneau dans le Mordor!», a blagué celle qui se dit bien heureuse d’avoir découvert son lesbianisme et de ne plus avoir à gérer des hommes qui veulent cacher leur relation par honte de sortir avec une femme grosse.

Julie Artacho n’a peut-être pas le delivery d’une humoriste, mais elle en a l’aplomb. Sur scène, la photographe a raconté le stress des voyages en avion quand les tablettes, les sièges et les toilettes ne sont pas pensés pour tous les types de corps. Même constat par rapport aux vêtements, notamment ceux de sport, qui commencent à peine à être disponibles dans des tailles plus larges. «Avant, ils voulaient qu’on fasse du sport en jeans et en cottes de mailles», a-t-elle supposé avec moult ironie.

Rosie Bourgeoisie n’a pas osé sortir de sa zone de confort, livrant plutôt un sensuel striptease comme ceux qui ont fait sa renommée sur la scène burlesque. Petit plus: Marie-Hélène a lu ses mots, des réflexions sur la beauté et les complexes.

«Contrairement aux magasins dans les centres d’achat, nous, on est inclusif», a déclaré Marie-Hélène pour introduire Catherine Ethier. La chroniqueuse, dont l’expérience avec les mots se fait bien sentir chaque fois qu’elle monte sur scène, a pris la posture de l’alliée hypocrite. «J’ai une amie grosse. Je suis une femme de mon temps. J’ai aussi une amie laide», a-t-elle dit, le plus solennellement du monde, pour donner le ton à son numéro fort réussi.

C’est Josiane Aubuchon qui a conclu la soirée avec son charmant accent de région. Celle qui s’appelle «un beau bébé» a dit avoir toujours eu confiance en elle jusqu’à une rencontre avec son nouveau médecin de famille, un homme «maigre, maigre, maigre» qui lui a annoncé qu’elle était «obèse morbide». Capable de tourner en ridicule cette situation frustrante, l’humoriste à l’énergie contagieuse a su récolter bien des rires.

Le Zoofest se poursuit jusqu’au 29 juillet. Pour rester à l’affût des prochains cabarets F*ck ta grossophobie, il faut suivre Marie-Hélène Racine-Lacroix.

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