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Solastalgie: baume instrumental sur fond de crise écologique

Jérôme Dupras Jérôme Dupuis-Cloutier et Guillaume Saint-Laurent forment le nouveau groupe Solastalgie, qui lance un album instrumental homonyme inspiré des bouleversements environnementaux.
Jérôme Dupras, Jérôme Dupuis-Cloutier et Guillaume Saint-Laurent forment le nouveau groupe Solastalgie, qui lance un album instrumental homonyme inspiré des bouleversements environnementaux. Photo: La Tribu

Le bassiste Jérôme Dupras, membre des Cowboys Fringants reconnu pour son engagement environnemental, dévoile aujourd’hui Solastalgie, un nouveau projet de pop instrumentale contemplative aux accents jazz et néoclassiques. 

Il s’est allié à deux autres pères de famille, eux aussi sensibles aux bouleversements environnementaux, raconte-t-il en entrevue avec Métro dans les bureaux d’Habitat, entreprise qu’il a cofondée, dans le Mile End.  

Il s’agit des compositeurs Jérôme Dupuis-Cloutier et Guillaume Saint-Laurent. Le premier, trompettiste aux côtés des Cowboys depuis près de 10 ans, est un multi-instrumentiste très actif sur la scène jazz. Le second est un pianiste qui enseigne également la composition de musique de film au Collège Notre-Dame-de-Foy.  

Paysage sonore contemplatif 

Le paysage mélodique de Solastalgie, ce premier album homonyme, n’est guère monochrome, à l’instar des splendeurs et dangers de la nature, ce qui suscite lors de sa traversée des émotions contrastées. La pochette s’en fait un éloquent reflet, mêlant la magnificence du crépuscule et l’horreur de l’ouragan. 

Comme nombre d’albums paraissant à l’heure actuelle, Solastalgie est né en pleine pandémie, la démarche se révélant thérapeutique, raconte Jérôme Dupras.

On voulait faire un bel objet dans cette noirceur, créer de la lumière.

Jérôme Dupras, membre de la formation instrumentale Solastalgie

Et la lumière fut! De pièces telles que Montmorency, Carmantine ou Humpback émane une douce nitescence inspirant la sérénité, comme si l’on déambulait dans un champ de fleurs, alors que l’on imagine, par les arrangements touffus de Flore laurentienne, les espèces foisonnantes peuplant le territoire.  

A contrario, Le glacier de l’apocalypse, avec ses notes sinistres de piano, se fait inquiétante, évoquant presque un film d’horreur. Pour sa part, Tout inclus, avec ses notes ensoleillées guillerettes, semble presque narguer l’auditeur.trice.     

Avec ses harmonies de cuivres enrobantes, Mille rayons se fait mélancolique à souhait, ambiance culminant sur l’ultime pièce, Solastalgie

Chaque chanson de Solastalgie s’accompagnera d’un clip dessiné en ligne, dit Jérôme Dupras à Métro.

Huit chansons, huit tableaux 

Durant la pandémie, l’idée d’un album à la thématique environnementale a germé chez Jérôme Dupras, lui qui est également professeur au Département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais. 

C’est ainsi qu’il en a parlé à Jérôme Dupuis-Cloutier, qui les a mis en contact avec Guillaume Saint-Laurent. Ils ont finalement créé l’album entièrement à distance, sans se voir une seule fois.  

Comme ils ne pouvaient se réunir, mesures sanitaires obligent, ils ont adopté une approche par tableaux imagés, inspirés de thèmes liés à l’environnement, relate Jérôme.  

Forêts détruites, fonte des glaciers, espèces florales et animales menacées, détresse psychologique, évitement… « On pouvait réfléchir sur les mêmes objets, s’échanger des choses », dit-il. 

S’inspirant d’images et d’extraits de films regroupés par thème dans un document PowerPoint, ils s’échangeaient ensuite de petits bouts de mélodies ou d’arrangements. « On construisait ça comme une courtepointe », illustre Jérôme, jusqu’à ce que le résultat soit assez étoffé pour le fignoler en studio. 

Si, à l’origine, le trio se dirigeait vers une formule jazz, la thématique et les émotions véhiculées par le projet l’ont mené vers une facture plus pop. Les mélodies rythmées par « des structures des fois répétitives dans le mode couplets-refrain » sont agrémentées d’un piano aux accents néoclassiques et d’arrangements mettant de l’avant des harmonies jazz.  

Les chansons de Solastalgie pourraient vivre sur scène, laisse entendre Jérôme, ses compères et lui ayant d’ailleurs déjà des idées, notamment la projection d’images improvisées. Il y aurait de l’intérêt de la part de diffuseurs, glisse-t-il. 

La mélancolie 

Les complices n’ont pas eu de grandes discussions scientifiques sur les répercussions des changements climatiques; leurs inquiétudes de pères de jeunes enfants sous-tendent la charge émotionnelle de l’album. Ils ont laissé leur état d’esprit, leurs visions, leurs émotions jaillir de leurs instruments.  

« Pas besoin d’avoir un doctorat en sciences pour comprendre l’émotion derrière une actualité galopante sur les changements climatiques », dit Jérôme, évoquant une recherche sur les pandas qui avait débouché sur une étonnante conversation sur les espèces menacées entre Guillaume et son fils.  

“Solastalgie”, ça désigne la tristesse de perdre sa maison, la mélancolie. Ce n’est pas un sentiment aigu d’anxiété. La solastalgie, c’est plus un état de tristesse, une inquiétude, une peur.

Jérôme Dupras, membre de la formation instrumentale Solastalgie

La mélancolie ou la nostalgie, « c’est aussi porteur de créativité, d’une certaine beauté », rappelle Jérôme Dupas. Beauté à laquelle Solastalgie fait honneur à travers un panorama sonore aussi contemplatif que cathartique.  

Si Solastalgie peut faire réfléchir sans mots aux conséquences des actions humaines, il connecte également à la beauté du monde. 

L’album homonyme de Solastalgie est offert sous l’étiquette La Tribu. 

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