Un MBA accessible à tous
Et si obtenir une maîtrise en administration des affaires (MBA) n’était plus réservé à l’élite? Créée en 2009, l’Université du peuple étoffe son offre et lance cet automne un nouveau programme en ligne, accessible à moindre coût.
«L’éducation est un droit, non un privilège», scande le président de l’Université du peuple, Shai Reshef, qui s’est donné pour mission de faciliter l’accès des plus démunis à l’enseignement supérieur. En novembre 2015, l’Université du peuple, ou University of the People (UoPeople), avait déjà admis 2500 étudiants issus de plus de 150 pays.
Pour Jean Talbot, à la tête du département de technologies de l’information de HEC Montréal, l’initiative est intéressante et répond à un vrai besoin dans les pays en voie de développement. «L’idée sociale est extrêmement importante», pense Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation. «Ce modèle permettra à des gens qui n’en auraient jamais eu la possibilité d’obtenir un diplôme et donc de trouver un emploi.»
Sans but lucratif, l’UoPeople demande toutefois à ses étudiants de débourser 200$US (environ 250$CAN) par cours afin de pouvoir passer l’examen. Pour l’ensemble du programme, soit 12 cours, la facture s’élève donc à 3000$, une aubaine comparativement aux autres MBA. Ceux qui ne pourront pas s’affranchir de cette somme auront également la possibilité de se voir attribuer une bourse d’études par l’université ou de bénéficier d’un programme d’aide offert par un de ses prestigieux partenaires, notamment Intel, Microsoft et Hewlett Packard.
La valeur du diplôme
Si Thierry Karsenti et Jean Talbot saluent l’initiative, ils reconnaissent cependant que le MBA de l’Université du peuple est loin de pouvoir rivaliser avec ceux des plus grandes universités, comme Harvard ou Stanford, même si ces celles-ci ont largement participé à l’élaboration du programme en partageant le contenu de leurs cours.
«On suppose malheureusement que dans une université qui accepte tout le monde et où les exigences d’entrée sont moins élevées, le diplôme sera alors plus facile à obtenir», fait remarquer Thierry Karsenti. En 2014, l’UoPeople s’est vu attribuer une accréditation par la Distance Education Accrediting Commission (DEAC), un des nombreux organismes américains reconnaissant l’enseignement à distance.
«C’est loin d’être un gage de qualité, explique Jean Talbot. Cela va lui prendre du temps avant d’être reconnue.» Il estime en effet que, pour gagner en prestige, les établissements d’enseignement n’ont d’autre choix que de se bâtir une image de marque, par exemple en se classant dans les palmarès. «Mais l’objectif de cette université est peut-être seulement social, tempère-t-il. Cela reste très positif.»