Comment réussir sa carrière sans réussir à l’école
Ceux qui réussissent de grandes carrières savent trouver des solutions à des problèmes concrets. Mais cette habileté, ils ne l’ont pas toujours apprise à l’école.
Tout le monde sait que Bill Gates, un des pionniers de l’informatique moderne, est un décrocheur. Il a quitté l’Université Harvard sans diplôme, après seulement deux ans d’études, pour fonder Microsoft.
Mais savez-vous que l’inventeur responsable de l’électrification de nos maisons n’avait pas de diplôme non plus? George Westinghouse est un des plus grands industriels du début du XXe siècle. Avec l’aide du physicien Nicola Tesla, il a conçu les génératrices de courant alternatif ainsi que tous les appareils qui permettent sa distribution. C’est ce courant, plutôt que le courant direct utilisé dans les batteries, qui permet de chauffer et d’éclairer nos maisons, ainsi que d’utiliser tous nos électroménagers, qui sont bien souvent eux aussi des inventions de Westinghouse.
Or, ce génie à la carrière remarquable n’a presque pas étudié. Il a passé un semestre dans un établissement d’enseignement supérieur, le Union College, et c’est tout. Il préférait travailler avec son père, qui possédait un grand atelier de mécanique industrielle et était machiniste. C’est aux nombreuses heures passées dans cet atelier, de même qu’à son expérience de mécanicien dans la marine, qu’il attribuait son talent pour la résolution de problèmes concrets et pour les affaires.
L’exemple de Westinghouse porte à réfléchir. Il serait probablement d’accord avec une critique que j’entends de plus en plus souvent : les connaissances transmises aux jeunes sont trop souvent dissociées de leurs implications concrètes, de leur utilité dans la vraie vie. Nous croyons que préparer les jeunes au monde de demain signifie leur bourrer le crâne d’informations qu’ils devront par la suite «restituer» sur une feuille d’examen, sans trop savoir à quoi elles servent. Ce n’est souvent que bien plus tard qu’ils comprendront enfin la pertinence concrète des connaissances acquises au secondaire ou parfois au collégial.
Or, dans notre monde du travail comme dans celui où vivait Westinghouse, savoir reconnaître des problèmes concrets, concevoir des solutions, les tester et les appliquer est souvent la clé de la réussite et d’une grande carrière. C’est ce qu’on appelle la capacité d’innover, essentielle au développement économique, et dont Westinghouse était à la fois un exemple et un apôtre. C’est d’ailleurs à des innovateurs comme lui que nous devons notre économie avancée et le mode de vie confortable qui l’accompagne.
Pensez à tous les problèmes concrets auxquels nous faisons face aujourd’hui : la nécessité de réduire la pollution, l’insuffisance de la production alimentaire, le besoin de produire de l’énergie propre, etc. Il est capital de favoriser chez nos jeunes l’esprit d’innovation qui leur permettra d’inventer les solutions dont nous avons besoin. Bien des jeunes ne demandent que cela d’ailleurs: un curriculum d’enseignement centré sur la vraie vie et sur les enjeux du monde qui les entoure.