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C’est quoi l’buzz des furries (ou ceux qui personnifient des animaux)?

Les furries Flloyd The Bird (Étienne Charbonneau), Clay (Mya Arcato) et Léa Kelly avec un médaillon de Leyna The Nerdy Bat.
Les furries Flloyd The Bird (Étienne Charbonneau), Clay (Mya Arcato) et Léa Kelly avec un médaillon de Leyna The Nerdy Bat. Photo: gracieuseté

Le furry fandom, c’est loin d’être juste se déguiser avec «un costume d’animal». Performance, design 3D, dessin: trois adeptes démystifient le buzz autour de ces personnages anthropomorphes

L’essence du furry 

Né aux États-Unis en 1980, le phénomène consiste à incarner des personnages animaliers imaginaires en portant des habits colorés, en imitant certains de leurs comportements, tout en gardant des traits humains.  

Si leur nom, furries, fait référence en anglais au mot «fourrure», les adeptes ne sont pas tous velus. On peut même choisir d’interpréter un insecte… ou un oiseau, précise le Montréalais Étienne Charbonneau, aussi administrateur du groupe Facebook «Furries de Montréal». 

Les furries de Montréal se retrouvent majoritairement en personne (ou en animal) à l’Otakuthon, un festival destiné aux fans d’anime qui a lieu au Palais des congrès. C’est d’ailleurs là qu’Étienne a été introduit auprès de la communauté pour la première fois en 2017. 

«Le concept d’animal anthropomorphique, pour moi c’est quelque chose de vraiment nouveau et wow. Ça stimule vraiment l’imagination», s’enthousiasme-t-il. 

furries Flloyd The Bird, alias, Étienne Charbonneau, se repose dans un hamac.
Flloyd The Bird, alias, Étienne Charbonneau, se repose dans un hamac.

Étienne a donc «conceptualisé» lui-même le look de son personnage, du nom de Flloyd The Bird. Il a ensuite fait faire un fursuit par une compagnie spécialisée. 

Pour saluer les gens, Flloyd picore la tête de son entourage et ne répond que par des sons d’oiseaux grâce à un sifflet qu’il garde dans sa bouche. Oui, on pourrait lui prêter une personnalité à la Mr Bean

«Il est musicien, car dans ma vraie vie je suis musicien, explique l’étudiant universitaire en musique classique. C’est commun dans le furry fandom de créer un personnage à son image.» 

En effet, les personnages sont souvent représentatifs des aspirations personnelles de leur créateur, et même de leurs objectifs professionnels.

C’est le cas de l’artiste Mya Arcato – furry depuis 2014 et étudiante de troisième année en communication média au cégep. Elle incarne Clay, une chatte grise avec le bout de la queue mauve, qui occupe la profession de ses rêves, le journalisme. 

«Dans la vie de tous les jours, je ne suis pas très sociale. Quand je suis dans mon fursuit, je tombe super sociale, je vais sauter partout», se réjouit-elle. 

Une communauté virtuelle 

Autrefois peu présents dans la Belle Province avant 2010, les adeptes du furry fandom se sont multipliés depuis grâce à l’avènement des réseaux sociaux. Plusieurs événements, dont des partys de Noël, ont été organisés au Québec. Sans compter les festivals de cosplay habituels.  

Le furry fandom ne se rassemble pas juste à l’occasion de l’Otakuthon ou sur les réseaux sociaux.  

En effet, la communauté est très active sur différentes plateformes virtuelles et plus que jamais depuis la pandémie, qui a forcé l’annulation des festivals de cosplay ici et en Ontario. 

Pour se voir à distance, plusieurs furries se sont notamment «rassemblés» sur VRChat, un jeu de réalité virtuelle multijoueur, où l’on peut interagir et discuter en direct dans des mondes 3D. 

(Pour ceux qui sont toujours perdus, c’est comme un croisement entre Skype, IMVU, Second Life et The Sims.) 

Certains ont même reproduit une copie exacte d’un hôtel qui accueillait normalement une convention de furries en Ontario.  

Ces avatars virtuels sont créés en utilisant des logiciels d’animation 3D et de moteur de jeux, comme les logiciels Unity et Blender, explique Étienne Charbonneau. Mais il n’y a pas que sur VRChat que l’on peut utiliser un avatar anthropomorphique virtuel.  

La furry Léa Kelly, artiste 2D et streameuse, en est la preuve. Elle utilise et anime son propre fursona virtuel pour interagir avec ses spectateurs sur sa page Twitch

Leyna, une «chauve-souris nerdawkard, mais comique» apparaît à la place de Léa, qui la fait même bouger et parler. On peut la voir faire du dessin ou encore jouer à des jeux sur Nintendo

Léa Kelly pose en tenant son médaillon à l’image de son fursona – Leyna, la chauve-souris gameuse!

Au-delà du costume 

Les furries possèdent-ils tous un fursuit? Non, réplique Léa; elle-même n’en a pas. 

«C’est un luxe, ce n’est pas une nécessité, mais c’est sûr que c’est quelque chose qui peut être intéressant quand tu vas dans des conventions», confie-t-elle. 

En effet, beaucoup d’amateurs passent par les commissions d’art ou même le roleplay plutôt que le costume. 

Pourquoi? Parce que les fursuits sont très dispendieux, estime Léa. Ils peuvent facilement coûter dans les quatre chiffres puisqu’ils sont fabriqués par des couturiers professionnels. 

En plus, les costumes ne sont pas tout confort. Comme il y a peu de ventilation là-dessous, bonjour la chaleur et la sueur! Il faut donc prendre soin de son ensemble et le laver fréquemment. Et ils peuvent être quelque peu encombrants. Essayez de faire entrer un costume complet, y compris la tête, dans une valise. 

C’est pour cette raison que certains ne portent que des sections spécifiques comme une queue, des pattes, ou même des oreilles. 

Défaire les préjugés 

Les furries demeurent incompris. On les décrit parfois encore comme des personnes «étranges», ou «déviantes». Des préjugés qui proviennent du fait que certaines personnes publient du contenu à caractère sexuel sur certains forums «cachés» ou underground.  

Étienne rappelle toutefois que ce type de contenu plutôt minoritaire ne représente pas les intérêts de l’ensemble de la communauté. 

«Ce côté-là de la communauté a été beaucoup exposé, ce qui fait qu’on est souvent perçus comme des pervers sexuels», se désole-t-il. 

Léa Kelly ajoute que le contenu «zoophile» circulant sur les réseaux sociaux est automatiquement signalé et dénoncé par les autres membres de la communauté. Elle souligne que ce n’est pas parce qu’on aime les personnages furries que l’on est attiré par les animaux. 

Des membres de la communauté furries de Montréal lors d’un rassemblement au Mont-Royal à Montréal.

Selon elle, le furry fandom est avant tout un espace respectueux, ouvert et très créatif.  

«Je trouve que c’est l’esprit de communauté qui vient vraiment rendre [le furry fandom] vivant et qui permet d’avoir du bon temps en général», conclut Léa Kelly. 

Glossaire

Fandom: groupe de personnes partageant le même intérêt pour un produit culturel ou médiatique.  

Fursuit: costume d’un personnage animal anthropomorphique porté par les furries

Fursona: personnage animal anthropomorphique défini et incarné par un créateur. 

Roleplay: groupe de gens qui invente une histoire mettant en scène des personnages fantastiques. 

Otakuthon: festival pour les fans d’anime qui se déroule au Palais des congrès de Montréal en août. 

Streameur ou streameuse: personne qui diffuse et anime des vidéos en direct sur des plateformes de streaming, la plus populaire étant Twitch, une sorte de Youtube en direct. 

Commissions: commande d’art faite entre un artiste et un particulier, le plus souvent via internet ou une plateforme numérique.

La série «C’est quoi l’buzz» décortique les plus récentes tendances de manière décomplexée. Faites vos «pense-bons» lors de vos prochains soupers en la lisant régulièrement dans la section Inspiration du Journal Métro.

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