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Zébulon Perron: Né pour le design

Photo: Amielle Clouâtre

Bien des gens ont déjà admiré son talent sans le connaître. Le Café Parvis dans le centre-ville, c’est lui. Le bar Rouge Gorge et la boulangerie Hof Kelsten sur le Plateau, également lui, tout comme les restos Impasto et Gema du chef Stefano Faita, dans la Petite Italie.

Zébulon Perron est un des designers d’intérieur québécois les plus prolifiques du moment, possédant un talent incontestable pour les décors qui réussissent à passer l’épreuve du temps. Son secret?

«J’essaie de fuir les modes, les projets signatures overdesignés, me confie-t-il. C’est facile de substituer un vrai concept avec du tape-à-l’œil qui ne durera pas. Mais quand tu dépenses 750 000 $ sur ton restaurant, tu ne peux pas te permettre de changer de décor aux cinq ans. Je suis donc conservateur dans mes choix de matériaux, comme le bois, par exemple.»

Ce qui distingue d’autant plus le jeune quarantenaire dans sa pratique, c’est qu’il ne se contente pas de dessiner des espaces pour autrui : il est lui-même son propre client à travers de multiples projets. Il «recherche des opportunités» pour utiliser son expression, en dénichant des locaux vacants dans divers quartiers. Il convainc par la suite des partenaires d’embarquer dans l’aventure avec lui, comme cela a été le cas avec le Café Parvis et le bar Furco dans le Quartier des spectacles, ainsi que le Philémon dans le Vieux-Montréal.

«J’ai passé une partie de ma vie dans les bars avec mon père qui était musicien de jazz, explique-t-il. J’ai aussi été barman à l’université. […] J’ai développé avec le temps un bon réseau de contacts dans le milieu, ce qui m’a aidé à développer ces projets.»

Pour lui, le domaine public reste d’ailleurs l’univers le plus stimulant sur le plan créatif. Les bars et les restos, c’est une chose, mais il caresse aussi d’autres rêves, comme celui de pouvoir dessiner, un jour, une station de métro. «Le design d’intérieur, c’est l’échelle où on est le plus près des gens, note-t-il. Les gens touchent ce qu’on fait, ils vivent dans ce qu’on fait. […]. On fait des interventions qui vont modifier le quotidien des gens, comme ils socialisent ensemble. Ça va bien au-delà du décoratif et c’est ça qui me stimule.»

Mais en attendant de pouvoir réaliser ce fantasme, le designer en a déjà beaucoup dans son assiette, planchant notamment sur un projet de chaîne de restauration avec Charles Antoine Crête, ancien chef au Toqué!. Il tente également de diversifier son portfolio, lui qui vient de compléter l’aménagement de la Librairie de Verdun, alors que son équipe travaille actuellement avec le Redbull Music Academy, une sorte de master class pour les producteurs, beatmakers et musiciens de la relève, qui prendra son envol en septembre au Centre Phi.

«Le bouche-à-oreille fait son effet, indique le créatif. Je commence à devoir refuser des projets. On a même des occasions ailleurs, comme aux États-Unis, que je ne peux pas exploiter pour le moment par manque de ressources.»

Zébulon Perron est d’ailleurs à la recherche de la perle rare qui lui permettra d’élargir sa petite équipe basée dans le Mile End.

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