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Le droit de vie ou de mort

Photo: Google Maps

Un cancer ronge actuellement Montréal dans une indifférence quasi généralisée. Un cancer qui déstructure nos artères commerciales, fait disparaître notre patrimoine et profite aux délinquants.

Ce cancer, ce sont les édifices désertés. Ce sont ces propriétaires négligents qui sont loin de se démener pour dénicher de nouveaux locataires et qui vont même parfois jusqu’à laisser pourrir leurs propriétés en toute impunité. Des propriétaires qui ont tous leur histoire, qui ont tous leurs justifications pour se désintéresser de leurs actifs immobiliers.

L’un en a hérité et n’a pas le temps de s’en occuper. L’autre, fortuné et étranger, profite de la spéculation dans un quartier en laissant dépérir sa propriété afin de la démolir et de «casher» éventuellement avec un projet immobilier plus lucratif.

Peu importe. Le résultat reste le même : les pertes déplorables se multiplient de mois en mois.

Pensons à l’ancien cinéma de l’édifice Robillard, superbe témoin architectural de la reconstruction du boulevard Saint-Laurent à la fin du XIXe siècle, qui est parti en fumée en novembre dernier alors que son propriétaire avait interrompu ses rénovations… depuis 2015!

Ou encore, à cet édifice de l’avenue Laurier qui, la semaine dernière, a dû être démoli d’urgence après que son toit se fut effondré partiellement à la suite d’années d’inoccupation.

Pendant ce temps, la Ville regarde passivement ce triste spectacle et devient même complice de certains cas de négligence en abaissant les comptes de taxes de bâtiments désertés, qui perdent en valeur étant donné leur détérioration.

Or, il faut freiner la propagation de ce cancer, amorcer une chimiothérapie. Comment? En dressant, dans un premier temps, un inventaire exhaustif des édifices délaissés de la métropole. Un inventaire qui serait accessible au public et qui sensibiliserait à la valeur historique, patrimoniale et architecturale de ces édifices.

Par la suite, il faut instaurer des mesures préventives afin d’éviter que des propriétés ou des locaux restent vacants jusqu’à la fin des temps : imposer des permis d’inoccupation, encadrer et encourager les usages temporaires ou transitoires, exiger des rapports annuels d’ingénierie sur l’état de la structure des bâtiments inoccupés et augmenter le nombre d’inspecteurs.

Dans les cas les plus extrêmes, il faudrait exproprier les incorrigibles, ce que permettra le nouveau statut de métropole.

Autrement, on rend légitimes des comportements répréhensibles, on laisse les propriétaires fautifs décider du droit de vie ou de mort de notre patrimoine collectif.

«Après avoir fièrement collaboré au contenu de ce journal pendant quatre ans et demi, je signe aujourd’hui ma dernière chronique. Je tiens à remercier chaleureusement l’équipe de Métro, qui m’a laissé une liberté sans frontières pour discuter d’enjeux urbains et d’architecture de façon quotidienne. Je vous remercie également, chers lecteurs, pour vos commentaires, vos confidences et vos encouragements.» –Marc-André Carignan

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