Anny Berthiaume, ambassadrice d’une autre sorte de beauté

Gravement brûlée, Anny Berthiaume fait le tour des écoles et permet aux enfants de lui poser toutes leurs questions. Par exemple : «As-tu de la misère à te faire des amis?»
Comment êtes-vous devenue une grande brûlée?
Lorsque j’avais six ans, à la campagne, on s’en allait manger des guimauves quand un galon d’alcool de bois a explosé spontanément. C’était un accident, on n’avait même pas allumé de feu encore. Je n’ai jamais pu manger mes guimauves.
Est-ce qu’on s’habitue plus facilement à être brûlée quand ça nous arrive jeune?
Non. T’as toute ta vie à faire avec ça, et à toutes les étapes, le primaire, le secondaire, le marché du travail, il y a de nouvelles épreuves.
Quel genre d’épreuves avez-vous rencontrées?
Plusieurs. Jeune, j’ai dû me battre pour être admise à l’école régulière, parce que les adultes pensaient que j’allais faire peur aux autres enfants vu que je portais un vêtement spécial. À l’emploi, c’est sûr qu’il y a de la discrimination. On ne veut pas m’engager à cause de mon apparence. On ne va pas me le dire, mais on va me donner des raisons bidons.
Vous avez finalement décroché un emploi d’inhalothérapeuthe. Comment avez-vous réussi à décrocher ce poste?
Avec de la persévérance! Plusieurs pensaient que je devrais travailler avec un bureau, mais, moi, je tenais à travailler dans le public. J’ai travaillé en garderie avec des enfants. Les enfants sont moins dérangés par ça que les adultes. Ils vont te le dire directement : «Ah mon Dieu, t’es pas belle!» Après ça, je leur explique et ils me trouvent fine. À l’hôpital, quand je dis aux patients que je les comprends dans leur souffrance, ils n’en doutent pas! Ils voient que je suis passée par là.
Comment faites-vous pour prendre tout avec humour?
Ce qui fait la différence, chez moi, c’est ma résilience : je ne m’apitoie pas sur mon sort. Une grande partie de l’estime de soi se bâtit dans l’enfance. Personnellement, cette épreuve-là m’a aidée, mais il y en a qui ne s’en relèvent jamais.
Quel est votre rapport à la beauté?
Moi, ça fait longtemps que j’ai fait le deuil de ma beauté. J’ai une autre sorte de beauté, une beauté intérieure. Je dis souvent que je devrais être porte-parole de la journée sans maquillage, parce que moi, du maquillage, je n’en porte jamais. Y a du monde qui ne peuvent pas sortir de chez eux parce qu’ils ont un bouton sur le nez. Moi, je n’ai pas ce problème!