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Photo: Architectes de l’urgence et de la coopération

Alors que l’architecture évoque luxure et prospérité pour des gens aux porte-monnaie bien garnis, pour des organismes comme Architectes de l’urgence et de la coopération, l’architecture représente plutôt une question de survie.

C’est ce qu’on constate rapidement en lisant le récent bilan de l’année 2012 de l’organisation non-gouvernementale (ONG). Bien qu’Architectes de l’urgence ne soit pas très connue des Québécois, il s’agit pourtant d’un réseau d’aide international liant notre province à la France, la Suisse et l’Australie. Sa mission? Organiser et coordonner des missions humanitaires suite à des catastrophes naturelles, ainsi que mettre sur pied des programmes de formation spécialisée en architecture auprès de populations
vulnérables.

Le volet éducation occupe d’ailleurs une place centrale dans la philosophie du regroupement. On ne se contente pas uniquement de régler les problèmes urgents; on s’assure surtout de laisser un héritage durable aux communautés en détresse en formant davantage (et surtout mieux) les architectes et les ingénieurs locaux.

«En Haïti, par exemple, il y a des lacunes majeures dans la conception et la construction de bâtiments, m’explique Chantal Giard, directrice générale du volet québécois de l’ONG. Le génie sismique ne s’est jamais enseigné, comme s’ils avaient oublié qu’ils étaient dans une région à risque [pour les tremblements de terre]. Il n’y a pas de normes de construction, pas de contrôles de la qualité des matériaux. On part parfois de loin pour nos formations.»

Mais malgré l’ampleur du défi, des résultats concrets se sont fait ressentir sur le terrain au cours de la dernière année. Des Haïtiens sont notamment devenus des leaders en construction dans divers quartiers et transmettent à leur tour leur savoir aux ouvriers moins qualifiés. «Ils arrivent maintenant sur un chantier et voient tout de suite ce qui ne fonctionne pas, les erreurs de conception, poursuit fièrement Mme Giard. Ils ont développé des réflexes.»

Une stratégie similaire de formation professionnelle a également été implantée dans le Nord du Québec auprès des Premières Nations. Une autre région qui pose d’importants défis pour Architectes de l’urgence qui tente d’offrir des logements décents à la communauté de Kitcisakik : un village qui ne reçoit pas de soutien financier de la part du fédéral ne détenant pas le statut de réserve autochtone.

«On parle de maisons où la qualité de l’air est épouvantable à cause de la moisissure, raconte Chantale Giard. Ils n’ont pas d’électricité. Pas d’eau courante. […] On a donc développé avec eux un programme pour rénover le tiers de leur parc immobilier.» L’ONG a ainsi organisé des collectes de fonds, sollicité diverses entreprises pour des dons de matériaux et mobilisé une équipe de bénévoles. À travers les travaux de rénovation, des membres du village ont pu suivre une formation en charpenterie-menuiserie, ce qui leur permet dorénavant d’améliorer significativement la qualité de vie des résidants de leur entourage.

«Certains jeunes nous disent carrément qu’on redonne de l’espoir à leur communauté», souligne la directrice.  De l’espoir, mais surtout, de la dignité.


www.architectes-urgence.ca

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