Pied de nez à la dictature de la performance!
«Quelle est la durée normale d’une relation sexuelle?» «Combien de temps faut-il consacrer aux préliminaires?» «Comment a-t-on des orgasmes multiples?»
Autant de questions qui témoignent de cette obsession de tout vouloir quantifier, pour mieux comparer notre sexualité à celle dictée par la société. Et si l’on appuyait sur «pause» un instant?
Issu du mouvement né du livre L’Éloge de la lenteur de Carl Honoré, le slow sexe prône la «décélération érotique». En effet, l’appellation peut porter à confusion! Est-ce le fait de privilégier la lenteur à la rapidité? De s’appliquer pour mieux performer? À vrai dire, il s’agit plutôt de repenser son rapport à la sexualité, en s’éloignant de ces chiffres et diktats qui la contaminent. Prenez le temps d’y penser : accordez-vous plus d’importance au «résultat» (l’orgasme) ou privilégiez-vous réellement les moyens de parvenir aux plaisirs des sens?
Une accessibilité accrue de l’information sur la sexualité dans les médias? C’est génial! Cependant, lorsque les chiffres qui pullulent les livres, les magazines et le web font en sorte d’envoyer les gens au lit avec une liste d’étapes à franchir pour accéder au 7e ciel, cela devient problématique. Comment véritablement apprécier le sexe, lorsque l’on est; soit trop occupé à se centrer sur son nombril ou stressé à faire jouir l’autre? Le slow sexe c’est ça; apprendre à vivre dans le ici et le maintenant!
La vie, ça va vite tout le temps. Dans cette course folle, en sommes-nous arrivés à mesurer la «réussite» sexuelle à coup d’orgasmes? L’idée n’est pas de mettre le cap (une fois de plus, je vous l’accorde!) sur une toute nouvelle tendance sexuelle. Toutefois, dans une société valorisant la vitesse et la performance à tous les niveaux, n’est-il pas primordial de s’efforcer à employer son temps (surtout en matière de sensualité) de manière plus authentique?
En revanche, prendre son temps n’est pas synonyme de lenteur! À travers le slow sexe, il est question de trouver la bonne cadence; prendre soin de l’autre en lui accordant une attention authentique, déguster, ressentir et apprécier une sexualité basée sur le plaisir, le partage et l’exploration, en disant non à la dictature de la performance.
Ralentir au bon moment permet également de (ré)apprendre à découvrir son partenaire, en s’exerçant à faire montrer l’excitation doucement et en la diffusant dans tout le corps (non seulement dans les organes génitaux). Finalement, le slow sexe c’est d’abord et avant tout une simple prise de conscience; celle d’inventer sa propre sexualité. Quel bonheur!