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Festival Trad Montréal: la musique traditionnelle confirme sa vitalité

Michel Faubert, chanteur trad et mélomane, est l’ambassadeur du Festival Trad Montréal. Photo: Gracieuseté

Le gala de musiques traditionnelles québécoises «La grande rencontre» est devenu le Festival Trad Montréal. Un changement de nom et un renouveau pour cet événement artistique qui se déroule à Ahuntsic. Son porte-parole, le conteur, chanteur et ethnographe, Michel Faubert, explique la démarche.

Pourquoi avoir changé le nom du festival de musique traditionnelle québécoise ?

Ce nouveau nom marque des changements par rapport à l’évolution de cette musique. «La grande rencontre» était chapeautée par une société qui travaillait autour de la danse. Il ne faut pas négliger cela, mais je pense qu’il y avait un besoin de brasser la cage pour montrer que c’est une culture qui avance dans le temps et que le «trad» est un mot qui est là pour s’enraciner.

Pourquoi «trad» au lieu de traditionnel?

Au début, j’ai cru qu’on utilisait un mot cool pour parler de musique traditionnelle. Mais je me suis aperçu qu’on avance avec de nouveaux langages et des codes qui recouvrent plus que ce qu’on a l’impression d’entendre. Cela implique beaucoup d’influences artistiques et on va de plus en plus dans l’art. C’est un peu comme le slam. On voit la poésie, mais ce n’est pas celle d’avant.

On assimile la musique trad au folklore, à quelque chose de «quétaine». La grande rencontre passait pour un musée pour cette vieille façon de chanter ou de danser.

Il y a une méprise sur le mot folklore alors qu’il est très beau. Il signifie musique [ou savoir] du peuple. On ne devrait pas le rattacher à des choses passéistes. Mais à un moment donné, on est arrivé à une espèce de cliché. On s’est dit que c’est la musique traditionnelle dans le sens où on apprend et on perpétue un art. Dans le trad, parfois nous sommes très proches des racines et parfois on est dans l’invention ou la création. Il faut voir cela avec luminosité et espoir en se disant qu’il y a de plus en plus de gens et de jeunes qui s’associent à cet univers et qui viennent de toute sorte d’horizons.

Comment se manifeste cette évolution?

Quand j’ai commencé à faire de la musique traditionnelle, tout le monde travaillait à l’oreille. Il y avait peu de gens qui lisaient la musique. Olivier Demers, par exemple, a fait un travail immense et a sorti un superbe bouquin avec des partitions.

J’ai grandi aussi dans un monde où on avait peur d’accoler les mots art et artistes à la musique traditionnelle. Alors qu’aujourd’hui de plus en plus de gens veulent créer à partir de cela. Le festival sera une belle vitrine pour le montrer.

Mais gardez-vous l’essence de cette musique?

La direction artistique a tenu à préserver la moelle qui fait ce que nous sommes. Avec quelqu’un comme Gaston Nolet qui joue de l’accordéon, on est dans la musique de danse traditionnelle. Cela me fait du bien de savoir qu’on fait le lien avec les racines et les nouvelles formes d’expression.

Il y aura aussi des jams. Les gens qui apporteront leurs instruments pourront à la fin des spectacles jouer des morceaux. Cela permet de souligner l’aspect de la rencontre pour ne pas oublier que c’est une musique qui se fait dans la proximité, entre les gens, comme cela se faisait dans les cuisines.

Quels artistes seront présents?

Je sais que Marc Maziade le directeur artistique, lui-même musicien, a voulu faire un équilibre entre le nouveau et l’ancien. Il y a la question des premières nations aussi qui a été abordée. Il y aura Moe Clark, une artiste de spoken word que j’adore. Elle viendra avec six musiciens pour présenter quelque chose de très musical et très assumé.

Le Québec est aussi une terre de rencontres. Faut-il préserver cette musique des influences étrangères?

Il faut savoir qu’il y’a des gens qui arrivent ici et qui sont proches de leur culture. Pour nous autres, ce n’est pas menaçant. Au contraire, cela nous stimule aussi pour mettre en valeur notre culture et faire des rencontres.

À Québec, on danse le quadrille. Il existe aussi dans les Antilles, en Martinique et à Haïti, un quadrille. Nous allons avoir des aperçus de cela.

Est-ce que le Festival Trad Montréal permet à la musique trad de faire sa place au milieu des grands événements artistique de la métropole?

Le fait que ce soit un festival montréalais cela va déteindre sur les directions artistiques des prochaines années. À quel point cette manifestation centrée sur les musiques québécoises canadiennes-françaises peut-elle intégrer, fusionner, rencontrer d’autres musiques qu’on ne penserait pas inviter de fait à un festival comme celui-là? Comment ces formes musicales peuvent-elles prendre leur place et être complètement amalgamées aux traditions d’ici? Je pense qu’il y a de belles avenues dans ce sens.

Le Festival Trad Montréal se tiendra du 1er au 5 septembre à la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville et au parc Ahuntsic.

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