Parachèvement de l’A-19 : des experts divisés
Selon Paula Negron, professeure adjointe à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, l’impact sur la circulation dans Ahuntsic-Cartierville reste à démontrer. «L’infrastructure est vraiment loin», dit-elle.
L’enquête Origine-Destination de 2008, réalisée par l’Agence métropolitaine des transports, indique que seulement 20% des Terrebonniens et 39% des Lavallois vont à Montréal en période de pointe.
«Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on crée une autoroute que les gens vont la prendre», déclare Mme Négron.
Pour l’experte en infrastructures de transport, Ahuntsic devrait balayer devant sa porte et demander des mesures pour atténuer les nuisances sur l’avenue Papineau, comme le prolongement de la voie réservée et/ou de la piste multifonctionnelle.
«C’est le travail de l’arrondissement de prendre ces mesures, il n’y a qu’à regarder l’exemple du Plateau», dit-elle.
Trois enjeux pour Montréal
Des transferts vers le pont Papineau-Leblanc sont prévisibles, pense néanmoins Danielle Pilette, professeure associée au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal.
«Les gens vivant dans l’est de la couronne nord, qui empruntent aujourd’hui le pont Pie-IX ou le pont payant de l’A-25 pour entrer dans Montréal, car ce sont les moyens les plus rapides, vont se rediriger vers le pont Papineau-Leblanc», explique-t-elle.
L’experte en gestion municipale et métropolitaine note que les couronnes vieillissent plus rapidement que Montréal. «Les retraités roulent davantage en dehors des heures de pointe, cela pourrait entrainer une prolongation des heures de circulation intensive.»
Selon Mme Pilette, on peut aussi craindre qu’Ahuntsic ne devienne un grand parc de stationnement pour autobus. «Il y a fort à parier que le nombre d’autobus partant de Terrebonne pour se rendre à Henri-Bourassa augmente», dit-elle.
«L’arrondissement pour s’en prévaloir devrait exiger que les autobus supplémentaires s’arrêtent à Laval.»
Enfin, le parachèvement de l’A-19 est inscrit au Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). «Cela veut dire que les fonds qui y seront investis ne seront pas disponibles pour d’autres travaux à Montréal.»
Une logique régionale
Les deux expertes s’entendent pour dire que prolongement de l’autoroute répond à une logique régionale. «Dans l’axe nord-sud, après l’A-13, l’A-15, l’A-25, l’A-19 en est la suite logique. On élargit une route de deux à six voies», note Mme Negron.
Le projet est très pertinent dans le cadre de la communauté métropolitaine de Montréal, ajoute Mme Pilette. «Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’impact sur l’île de Montréal.
«La circulation automobile va rester importante sur la Rive-Nord, d’autant plus que le train de l’Est, à une seule voie, représente une offre limitée», conclut-elle.
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