Un arrondissement de plus en plus vert?

« J’ai voulu lancer le débat, annonce Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic. Faut-il que les élus s’engagent pour réaliser des ruelles vertes dans l’arrondissement? » Elle s’interrogeait devant une cinquantaine de résidents d’Ahuntsic qui la suivaient par un samedi après-midi maussade dans les ruelles du quartier. Elle guidait ces touristes improvisés dans le cadre des promenades de Jane, en mémoire de l’architecte et militante écologiste Jane Jacobs. Le parcours que Mme Thuillier a suivi s’inspire d’une suggestion d’un citoyen très actif dans l’arrondissement, Daniel Vinet, pour la mise en valeur de ces mêmes ruelles.

Il est vrai que les ruelles – il y’en a 150 à Ahuntsic – sont des vestiges urbains qui rappellent dans le même temps le passée campagnard d’Ahuntsic. Dans le carré situé entre l’avenue Christophe-Colomb, les boulevards Henri-Bourassa, Olympia et la rue Prieur on fait autant un voyage dans la nature que dans le temps.

Les exemples de ces coins de verdures en ville sont nombreux. Toutefois, ils ne profitent pour le moment qu’aux riverains. Ils sont l’expression d’une diversité naturelle, mais aussi administrative et organisationnelle.

Certaines de ces ruelles sont prises en charge par les résidents qui les entretiennent et les déneigent. D’autres ne sont que les extensions des cours des habitations qui les bordent, permettant aux enfants d’en faire des terrains de jeux.

Quelle direction pour le ruelle verte?

À l’éco-quartier Ahuntsic-Cartierville on évoque tout de suite la ruelle verte de Cartierville. Inaugurée en 2013, elle est située dans le rectangle des rues de Salaberry, Michel-Sarrazin, Grenet et de Meulles.

« On est fier de notre ruelle verte », s’exclame Élyse Rémy, directrice générale d’éco-quartier ville en vert Ahuntsic-Cartierville. L’organisme qu’elle gère est le principal instigateur des actions de protection et d’amélioration de l’environnement dans l’arrondissement. Entre autres missions, il mobilise les citoyens autour d’actions de protection de l’environnement. « Il y’aura bientôt une autre ruelle verte, annonce Mme Rémy. Mais je ne peux pas en parler pour le moment. » Une entente est en cours à ce sujet, semble-t-il.

Décider de l’aménagement d’une ruelle verte n’est pas aussi évident qu’il y paraît. « Le choix dépend d’un ensemble de facteurs, indique Mme Rémy. Il faut prendre en considération les priorités des élus, les demandes des citoyens, la cartographie des îlots de chaleurs urbains et d’autres considérations. »

C’est aussi l’éco-quartier qui met sur pied les jardins collectifs ouverts aux familles avec des enfants jusqu’à 17 ans. Il organise également les haltes maraîchères avec le Marché Ahuntsic-Cartierville (MAC). « Ces haltes servent à sensibiliser les gens à la consommation de fruits et légumes frais locaux et du Québec », souligne Mme Rémy.

Des citoyens motivés

Geneviève Pichette a dû reporter la corvée de nettoyage prévue au parc Tolhurst le 3 mai, par peur de la pluie.

« Nous l’avons reporté au 17 mai, annonce-t-elle, enthousiaste. Quelques personnes se sont d’ailleurs ajoutées pour l’activité. J’ai avisé la Ville de Montréal pour que la date de l’événement soit modifiée sur leur site web et l’éco-quartier est également au courant du changement de date et nous prêtera du matériel. »

C’est aussi à Ahuntsic qu’un couple Benoit Fournier et Ariane Ménard ambitionne de construire un immeuble de deux étages certifié LEED Platine (Leadership in Energy and Environmental Design) et Passive House. Une caractéristique qui vise la réduction au minimum des besoins en chauffage. L’immeuble, qui sera doté de panneaux solaires thermiques, sera bâti sur l’emplacement de leur maison actuelle, qu’ils ne peuvent plus rénover. Un projet si ambitieux qu’il fera certainement connaître Ahuntsic-Cartierville comme le lieu où on se préoccupe beaucoup de l’environnement.