Ciné-Quartier veut vous en mettre plein la vue
«On habitait dans un désert de cinéma. Mon but, c’est d’amener le cinéma d’auteur dans les quartiers, près des gens.» C’est ainsi que Diya Angeli, fondatrice et directrice générale de Ciné-Quartier, explique son engagement en faveur du 7e art.
Fondé en 2018, l’organisme verdunois propose des projections de films en salle, en plein air et dans des lieux publics inusités, dans divers quartiers montréalais.
«Lors de la toute première projection, à l’église de l’Épiphanie sur Wellington, il y avait 100 personnes. C’est là que j’ai réalisé que ce que je propose, ça répond à un besoin», mentionne l’initiatrice du projet.
Mme Angeli, qui habite Verdun depuis 16 ans, a travaillé en programmation cinématographique durant une vingtaine d’années.
Après avoir occupé un poste à l’Institut national de l’image et du son (INIS) pendant 10 ans, elle a décidé de quitter son emploi pour se consacrer à sa passion, celle de la diffusion cinématographique.
«C’était un moment de ma vie où j’avais envie de m’impliquer dans ma communauté, là où ma famille est ancrée depuis longtemps. Ce que je pouvais apporter, moi, c’est mon expertise en distribution de films», explique-t-elle.
Fondé en septembre 2018 sous le nom de Ciné-Verdun, le projet avait pour mission de démocratiser le cinéma et d’offrir un lieu de rencontre aux cinéphiles verdunois.
Moi, ma mission, c’est de diffuser des films d’auteur qui ne sont pas forcément diffusés à grande échelle. Le but, c’est de faire connaître des cinéastes qui n’ont pas assez de tribunes.
Diya Angeli, Fondatrice et directrice générale de Ciné-Quartier.
En avril 2019, l’organisme à but non lucratif devient incorporé.
En janvier 2022, victime de son succès, Ciné-Verdun change de nom pour Ciné-Quartier.
Depuis, l’organisme projette des films à Verdun, à L’Île-des-Sœurs, à LaSalle, dans Saint-Michel, à Outremont et même… à Verchères.
Collaboration, institutions et communautés
Ciné-Quartier est désormais bien implanté, autant dans les institutions culturelles que dans ses communautés. L’organisme jouit d’un partenariat avec le Quai 5160 – Maison de la culture de Verdun, le Centre culturel et communautaire Henri-Lemieux à LaSalle, le Théâtre Outremont et La Station à L’Île-des-Sœurs, notamment.
«On est très chanceux de pouvoir collaborer de cette manière avec les institutions. C’est bien d’aller dans d’autres quartiers qu’à Verdun, mais la mission ne change pas. Ce qu’on fait à Verdun, on peut le faire ailleurs», indique Diya Angeli.
Celle qui a fait une maîtrise en sociologie il y a plusieurs années se penche sur la question des publics dans le domaine de la culture. «Je me demandais: “Est-ce que je veux amener les gens dans un lieu ou est-ce que je veux diffuser dans les lieux de vie?”. Finalement, j’ai réalisé que ce qui me fait triper, c’est de travailler avec les publics, pas le public, pas mon public. Je veux adapter la programmation aux publics auxquels je veux m’adresser.»
Les lieux de diffusion comme inspiration
En raison du manque de lieux de diffusion dans le secteur, Diya Angeli faisait face à un défi considérable à ses débuts. Elle devait transformer un lieu existant en un espace de projection. Ce défi est rapidement devenu une occasion à saisir.
«On a décidé de collaborer avec des gens qui veulent accueillir des projections, mais pas seulement des projections… des projections qui font écho à leur mission à eux», explique la fondatrice de l’organisme.
À titre d’exemple, dans le sous-sol de l’église de l’Épiphanie, des documentaires à caractère social y sont présentés. Aux serres municipales de Verdun, on diffuse des films à thématique environnementale. La Station à L’Île-des-Sœurs accueille des projections de films pour la famille et des fictions. À la boutique Harricana, on mise sur une programmation de films sur l’art. Au Quai 5160 – Maison de la culture de Verdun, on présente des films québécois, suivis de discussions avec les artistes.
Chaque lieu a droit à une programmation personnalisée, en fonction des valeurs qui animent l’endroit.
Au-delà du film à proprement parler, Ciné-Quartier mise sur l’expérience cinématographique du spectateur.
«Écouter un film, l’hiver, dans une serre chauffée à 10 degrés. Tu gardes ta tuque, tu sirotes un café Baileys… ce n’est pas la même chose que dans une salle de cinéma. C’est une expérience», conclut Mme Angeli.
Ciné-Quartier souhaite d’ailleurs travailler avec des organismes communautaires qui aimeraient organiser des projections de films, mais qui ne savent pas comment s’y prendre. La programmation estivale complète de Ciné-Quartier est disponible en ligne, sur son site Web.