Itinérants ou sédentaires, la pauvreté les rattrape
Poursuivant ses activités de bienfaisance en territoire montréalais avec quelques arrêts hebdomadaires dans différents secteurs de la métropole dont Verdun, l’Armée du Salut assure cette distribution de vivres sous le nom de «ministère de la rue».
Le mercredi en fin d’après-midi, quand le camion de l’Armée du Salut s’arrête près de l’entrée principale de la station de métro Verdun, des gens arrivent d’un peu partout aux alentours. Dès 16h, quelques personnes faisaient les cent pas dans le parc voisin ou dans l’entrée du métro en attendant les bienfaiteurs. Une bonne trentaine de bénéficiaires se mettent en ligne vers 16h30 et lorsque les bénévoles de l’Armée du Salut sous la direction de Nancy, installent des tables et sortent les boîtes de rangement remplies de victuailles, le service commence. Venue de Valleyfield pour aider sa fille Nancy, Pauline Cholette-Mercier prépare des sacs pour les bénéficiaires. On sert aussi du café et de la soupe.
En hiver l’attente est plus pénible à cause du froid selon un couple qui a requis l’anonymat, heureusement qu’on peut se réchauffer dans l’entrée du métro. Pour Joseph Bond, un habitué du mercredi, tout a commencé avec la perte de son emploi lors de l’incendie à l’entrepôt de la Montréal Papiers rue Saint-Patrick, où il travaillait. À son âge, Joseph ne pouvait plus trouver de travail et c’est avec des revenus plutôt restreints qu’il survit. L’homme habite Verdun. Plus loin, Guy et Pierre attendent leur tour tandis que Claude mange une soupe à l’écart des deux autres. Deux retraités qui affirment avoir 72 ans, expliquent que les loyers sont chers en appartement, d’où la nécessité de profiter de cette distribution de vivres. L’un d’entre eux ne veut rien savoir des HLM et préfère son logement actuel. Personne dans la file d’attente ce jour-là, ne s’est décrit comme itinérant, chacun ayant une adresse la plupart du temps dans Verdun, a-t-on appris au Messager de la bouche de ces personnes.
La première semaine du mois, le camion de l’Armée du Salut ne fait pas de tournée. Les bénéficiaires du «ministère de la rue» reçoivent en général, un chèque d’aide sociale ou de pension de vieillesse dans les jours qui précèdent, de quoi faire quelques achats pour assurer leur subsistance.
À ce service hebdomadaire et limité, s’ajoutent dans Verdun, les services des banques alimentaires comme le Réseau d’entraide, Manna-Verdun au Centre Dawson et la conférence Saint-Vincent-de-Paul au 280 rue de l’Église. Bien que s’adressant d’abord à des gens qui ont une preuve de résidence, les banques alimentaires dépannent à l’occasion des itinérants. Toutefois selon Rudi Svaldi du Réseau, on cherche à développer l’autonomie des personnes plutôt que leur dépendance à un sac de provisions, en les invitant au bénévolat et à l’apprentissage de la cuisine.