La détresse aux mille langages
Dissimulé en quelque part à Lachine, le Parados accueille les femmes en détresse et leurs enfants depuis 30 ans. Toujours remplie à pleine capacité, la maison d’hébergement fait maintenant face à de nouveaux défis, alors que les dons se font plus rare et que, parmi la vingtaine de résidents, une grande partie ne parle ni le français, ni l’anglais.
« Notre foyer reflète ce qui se passe à Montréal aujourd’hui, souligne la directrice générale du centre, Sonia Dionne. Nous accueillons de plus en plus de femmes immigrantes qui, par leur culture, n’ont pas beaucoup de recours une fois sortie de l’emprise de leur mari abusif. Elles ne parlent pas notre langue et n’ont jamais travaillé de leur vie. »
L’édifice, qui autrefois avait quatre chambres, a été agrandi il y a une dizaine d’années pour permettre à huit familles de s’installer. Les séjours, qui ne devraient pas durer plus de trois mois, le temps que les femmes trouvent boulot et logement, tendent de plus en plus à s’allonger.
« Les femmes, qui doivent réellement partir de la case départ, ne sont tout simplement pas prêtes à quitter dans ce laps de temps. Elles ont aussi souvent plus de deux enfants, donc il faut les relocaliser près des services », continue Mme Dionne.
Impacts
Certains types de violence, comme l’abus verbal, seraient plus difficile à identifier, selon la directrice. Les impacts, tels la perte d’estime de soi ainsi que du sens d’autonomie, affligeraient déjà les femmes qui en sont victimes, avant même qu’elles ne s’en rendent compte.
« Quand ces femmes arrivent ici, ça prend énormément de temps pour les convaincre qu’elles sont capable de faire des tâches de base, comme ouvrir un compte de banque. Ici, on ne le fait pas pour elles, on les accompagne seulement au besoin », soutient Sonia Dionne.
Cette réalité est encore plus présente chez les femmes immigrantes, qui ont souvent besoin des services de traducteurs pour effectuer les tâches les plus simples. Des responsabilités plus complexes, comme inscrire ses enfants à l’école, deviendraient alors une épreuve presqu’insurmontable.
Besoins courants
Au fil des ans, le Parados semble s’appauvrir. Bien qu’il reçoit toujours les mêmes subventions du gouvernement, le coût de la vie, lui, ne cesse d’augmenter.
« Nourrir de seize à 20 personnes, trois fois par jour, à tous les jours, constitue un défi de taille. De plus, ces femmes quittent au beau milieu de la nuit et n’ont souvent pas le temps de faire leurs valises. Nous devons continuellement mettre à jour notre réserve de produits d’hygiène », continue-telle.
Heureusement, la petite communauté que se crée à l’intérieur de la maison s’entraide au quotidien. En plus de préparer le souper à tour de rôles, certaines femmes traduiront pour celles qui ne comprennent pas.
Financement
Pour subvenir aux besoins grandissants de sa communauté, le Parados mène une campagne de financement annuelle.
Lors de l’Expo-Vente qui se tiendra du 18 au 20 novembre, à la Maison du Brasseur à Lachine, le Parados tiendra un encan mystère. Des œuvres remises par divers artisans de l’arrondissement seront mises en vente lors de l’événement. Entre autres, un vitrail, parrainé par l’Atelier de verre de Lachine, sera la pièce maitresse de la mise aux enchères.
Les recettes s’ajouteront aux fonds amassés lors du Cocktail en blanc, organisé à la mi-septembre au St-Hubert de la 32e Avenue, à Lachine.
De plus, l’aventurier et homme d’affaires lachinois Yannick Proulx organise un voyage au Népal, au printemps 2017, afin d’amasser 50 000$ pour le Parados, soit la moitié de leur objectif annuel. Il est à la recherche d’hommes et de femmes des services publics pour se joindre à la cause. Chaque voyageur est appelé à amasser 5000$.
Infos: leparados.com. Pour le voyage au Népal: 514 777-6378 ou info@yannickproulx.ca