Virage numérique des salons funéraires
Les rassemblements étant interdits en cette période de pandémie, les salons funéraires se tournent vers la webdiffusion. Dans ces circonstances, il peut devenir plus difficile de faire son deuil.
Les résidences funéraires J.J. Cardinal, situées à Lachine et Dorval, offrent à ses clients de se regrouper virtuellement. Pour l’instant, personne n’a démontré d’intérêt envers ce service.
«Les gens ne sont pas ouverts à cela jusqu’à maintenant, mais ça pourrait changer avec l’avancement de la pandémie», considère le co-directeur des opérations Jean-Charles Cardinal.
L’entreprise offre toujours la possibilité de voir la dépouille, mais individuellement. «On n’a pas le choix, dit-il. Les proches doivent venir un à la fois, pendant que les autres attendent dans la voiture.»
Un système de communication avec des séances d’information a aussi été mis en place. «Tout peut être fait à distance pour minimiser les risques que les gens contractent le coronavirus», résume M. Cardinal.
Et dans l’optique où la pandémie entraînerait un grand nombre de décès, les services seraient prêts. Déjà, des normes d’hygiène spéciales pour les thanatologues et les porteurs ont été prises. Ils doivent notamment porter des gants et des visières.
Pour sa part, le salon funéraire Urgel Bourgie de la rue Notre-Dame de Lachine a fermé ses portes temporairement, alors que ses activités sont centralisées à LaSalle. L’entreprise offre également des services de funérailles virtuelles.
Chamboulement
Ces mesures exceptionnelles apportent un grand chamboulement dans le processus de deuil, selon Nathalie Viens, travailleuse sociale et formatrice sur le deuil à l’Université de Montréal. Dans des circonstances où les gens «sont déjà émotionnellement sollicités par la pandémie et ont peu d’espace pour d’autres chocs, comme un décès», l’absence de funérailles «va compliquer le début du deuil».
«Les humains ont besoin d’un événement, d’un rituel, pour réaliser ce qui arrive», dit-elle. D’autre part, les funérailles permettent de recevoir le soutien de ses proches, «et de réaliser que l’on fait partie des vivants et que le défunt est rendu dans le monde des morts».
Même si cela diffère selon les personnes, elle insiste qu’il est nécessaire de commencer le travail de deuil dès le décès du proche. «Je crains que si des personnes font ça en vitesse, ce soit mis sous le tapis et ça se peut que ça les rattrape plus tard», prévient la travailleuse sociale.
Elle recommande donc de trouver des stratégies d’adaptation, comme «dire un premier au revoir à la personne, peut-être seul à la chambre funéraire [si cela est permis] et faire l’événement social plus tard».
Dans le cas où un contact n’est pas possible, «on peut utiliser une photo du défunt» que l’on a chez soi, «lui parler, écrire une lettre, écouter sa musique préférée, pour être avec la personne autrement».
«Peu importe ce que les personnes endeuillées choisissent, de reporter ou non les funérailles, c’est important de prendre soin d’eux, et de rester en lien avec les proches», pendant cette pandémie de coronavirus, insiste Nathalie Viens.
Une ligne d’accompagnement au deuil est disponible gratuitement au 1 888 533 3845, gérée par le service Tel-Écoute/Tel-Aînés.
En collaboration avec Elena Broch