Une école-entreprise produit des chaussures faites à base de pomme
Les élèves du Collège Saint-Anne ont réussi un défi entrepreneurial de taille. Après environ 22 mois de travail qui aura nécessité la collaboration de 350 élèves, la cohorte 2020-2021 officialise le lancement de sa gamme de chaussures unisexes, véganes et fabriquées à base de produits recyclés, les souliers Scoloco.
L’aventure a débuté avec l’enseignante-entrepreneure Brigitte Dionne, en 2018. La mission du projet est d’initier les élèves de 4e et 5e secondaires au monde de l’entrepreneuriat.
«Dans la structure pédagogique, on ne voulait pas faire un cours magistral avec des manuels. On a opté pour le concept d’école-entreprise», souligne l’enseignante qui a repris le flambeau du projet en 2019, Marilou Bourassa.
La compagnie de chaussures est opérée à travers un cours à option qui permet aux élèves de découvrir les fonctionnements d’une entreprise et les différents rôles qui y sont essentiels.
«Ce qui me motive le plus, c’est le fait que c’est vraiment comme un stage et on y gagne de la vraie expérience», exprime l’élève de 4e secondaire et administrateur, Denis Melnyk.
«On a appris plein de choses et c’était un peu comme si on travaillait en dehors de l’école», renchérit l’élève de même année et responsable des communications, Victoire Cohen-Dujardin.
Péripéties de production
Le cuir des chaussures Scoloco est essentiellement fait à base de résidu de pomme grâce à un procédé perfectionné en Italie. Le plan initial était d’utiliser un matériel similaire fait à base d’ananas.
«Après un excellent succès de prévente en 2019, il y a eu fraude et les souliers qui étaient produits au Portugal ne sont jamais arrivés au Canada», explique Mme Bourassa.
L’enseignante a effectué un voyage au Portugal, où étaient confectionnés les souliers, pour réaliser que le manufacturier avait fermé ses portes subitement après avoir encaissé l’argent des commandes.
C’est lors de cette visite que Mme Bourassa a découvert l’existence du cuir végétal fait à partir de pomme appelé pellemela.
Trois designs sont actuellement sur le marché et quatre autres devraient arriver cette année.
Les souliers possèdent des semelles en caoutchouc naturel et recyclé, des lacets en cotons biologiques, des semelles en liège et en latex naturel, ainsi qu’un support en carton recyclé.
L’un des imprimés a été confectionné par la première cohorte d’élèves participants au projet. «Ce patron est particulièrement important pour nous parce que les élèves ont inscrit les valeurs qu’ils voyaient en une entreprise éthique et écoresponsable», commente l’enseignante.
L’une de ces valeurs est notamment présentée par le slogan signature de la marque la différence est ma préférence. L’un des aspects importants pour la fondatrice de l’entreprise, Mme Dionne, était d’offrir un produit différent afin de lancer un message d’acceptation à la différence ethnique, culturelle et sexuelle.
Les chaussures sont disponibles en ligne au prix de 239$. L’entreprise a reçu une cinquantaine de commandes jusqu’à maintenant et prévoit augmenter la production une fois la pandémie terminée.