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Meuble et ébénisterie: forte demande et manque de main-d’œuvre

École nationale du meuble et de l’ébénisterie
Le directeur de l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie, Martin Demers. Photo: Dominic Gildener/Métro Média

L’École nationale du meuble et de l’ébénisterie (ENME) cherche à recruter davantage d’étudiants pour son campus montréalais. Le marché se porte très bien et une forte demande est constatée par les professionnels du domaine. Cependant, le problème de manque de main-d’œuvre est une dure réalité.

Avec une dizaine d’enseignants en fonction et beaucoup d’espace, l’ENME pourrait facilement accueillir plus d’étudiants. En moyenne, chaque cohorte compte environ 90 personnes. Divisé sur quatre étages, l’immeuble contient de nombreux ateliers et salles de classe.

L’industrie est en pleine croissance et les entreprises ont besoin d’employés, explique le directeur de l’ENME, Martin Demers.

Le programme n’est pas contingenté et la direction souhaite attirer un plus grand nombre de personnes vers son école afin de mieux répondre aux besoins de l’industrie.

«Les besoins de l’industrie sont largement supérieurs à l’offre de diplômés qu’on a. En fait, c’est facilement du 10 pour 1 au niveau des offres d’emplois par rapport aux nombres de diplômés à l’heure actuelle», précise M. Demers.

Réalité partagée

L’Atelier l’Établi, qui fait de la menuiserie patrimoniale, existe depuis près de 20 ans. Les mêmes ébénistes travaillent pour l’entreprise depuis longtemps. Toutefois, trouver de nouveaux employés est toujours un réel défi, soutient le propriétaire de l’entreprise, Jean-François Lachance.

«D’après le son de cloche que j’entends des différentes écoles, il semble y avoir un très bon taux de placement. Est-ce que le taux de rétention l’est aussi? J’en suis moins certain», ajoute-t-il.

La pandémie a créé une surchauffe du marché du côté des meubles résidentiels, remarque Gilles Pelletier, directeur général de l’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ). Les consommateurs, longtemps confinés à la maison, ont été nombreux à vouloir remeubler.

De plus, l’achat local est en vogue. Les gens choisissent des meubles faits au Québec ou au Canda avec l’intention de soutenir l’économie d’ici, mais aussi parce qu’il est aujourd’hui plus dur de faire affaire avec des entreprises situées à l’extérieur du pays, selon M. Lachance.

Malgré une demande très élevée au cours de la dernière année, ce sont surtout des meubles produits en amont de la pandémie qui ont été vendus. L’absentéisme lié à la COVID-19 a beaucoup coupé dans les heures de travail, indique-t-il. À cause de cela, la production a ralenti considérablement.

Quelques-unes de ces réalités sont les mêmes pour le président et fondateur de l’ébénisterie écologique MATPEL, Mathieu Pellerin, qui offre à sa clientèle des produits haut de gamme. Ce dernier est aussi professeur à temps partiel à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie. Pour sa part, il n’a pas eu trop de difficulté à trouver de nouveaux employés dans le passé, et ce, en grande partie parce qu’il connaît déjà les étudiants avant qu’ils ne soient diplômés. Toutefois, il reçoit beaucoup moins de CV récemment.

La demande est tellement élevée que MATPEL peut à peine se permettre d’accepter plus de soumissions de projets. L’entreprise a du travail jusqu’à la fin de l’été avec tous les contrats signés. Les clients désirant tout de même obtenir les services de l’atelier doivent être placés sur une liste d’attente.

«Non seulement il y a énormément de demandes, mais on commence nos conversations avec les clients en leur disant qu’on n’est pas disponible avant six mois et ça ne les effraie même plus», constate M. Pellerin.

Solutions

Pour remédier au problème de pénurie de main-d’œuvre, les différents acteurs de l’industrie, des écoles aux entreprises et associations, doivent mieux travailler ensemble et collaborer sur des projets, selon Gilles Pelletier.

Le site Ébéniste-québec.com sert de répertoire pour plus de 1200 ébénistes du Québec. Les artisans peuvent y promouvoir leur travail tout en permettant à leur clientèle potentielle d’entrer en contact avec eux.

Le site roule très bien et beaucoup de gens le visitent, affirme la programmeuse Isabelle Guévremont, qui est derrière celui-ci.

Réaménagement et développement

L’école nationale du meuble et de l’ébénisterie a été fondée à Victoriaville dans les années 1960, avant même l’arrivée des cégeps. Elle s’est plus tard intégrée au cégep de Victoriaville. Bien que d’autres établissements enseignent de la matière similaire, l’école nationale, qui possède depuis 30 ans un campus dans Le Plateau-Mont-Royal, est la seule au Québec à offrir une technique dans le domaine. Le DEC en technique du meuble et d’ébénisterie est offert en plus d’une option de formation continue.

Les ateliers présents dans l’immeuble à Montréal, mais aussi celui de Victoriaville, sont de niveau industriel. L’ENME possède des centres de recherche et accomplit son rôle de soutien au développement de l’industrie grâce à ceux-ci.

Les responsables du campus de Montréal comptent élargir les options qui s’offrent aux étudiants en y ajoutant de nouvelles AEC, venant combler les besoins émergents de l’industrie, dont une en gestion de projet et une autre en programmation en machine de commande numérique. Au cours des prochaines années, le développement d’autres programmes, touchant le domaine aéronautique ainsi que la conception architecturale, est aussi prévu.

Des travaux de réaménagement sont en cours avec comme objectif de pouvoir desservir l’industrie dans la région du Grand Montréal, mentionne le directeur Martin Demers.

Le DEC en agriculture urbaine, qui est offert par l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) au Cégep de Victoriaville depuis deux ans, sera donné à Montréal dès le mois d’août. Les cours auront lieu sur le campus de l’ENME.

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