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Crise du recyclage: état des lieux à Montréal et au Québec

recyclage Lachine
Le nouveau centre de tri de Lachine a une capacité de traitement de 100 000 tonnes de matières par année. Photo: Josie Desmarais/Métro

En 2020, Montréal a vécu une crise du recyclage. À l’heure actuelle, les centres de tri vendent leurs matières à des prix intéressants, autant dans la métropole qu’ailleurs au Québec. Le traitement se fait de plus en plus localement, mais cette tendance devra s’accentuer davantage afin d’éviter une nouvelle perturbation.

En juin 2020, la Ville conclut une entente de 59,6 M$ sur 10 ans avec la Société VIA pour la reprise des opérations du CTMR à Lachine, et ce, quelques mois après que le groupe Rebuts solides canadiens (RSC) ait annoncé son départ en raison de difficultés financières. Cette décision est prise afin d’éviter une interruption de service et d’assurer qu’une transition potentielle vers un nouvel opérateur se fasse rapidement.

Toutefois, en juillet 2020, le tribunal approuve une transaction par laquelle l’entreprise Ricova fait l’acquisition des actifs et des contrats de RSC et ses filiales. La Ville de Montréal n’a pas le pouvoir de s’y opposer.

Ainsi, le contrat avec la Société VIA ne prend pas effet et Ricova reprend en charge les opérations du CTMR à Lachine. À ce jour, l’entreprise exploite encore l’installation.

Aucune interruption

«Il est important de noter que les opérations de collecte et de tri se poursuivent normalement et n’ont jamais été interrompues malgré la situation de faillite de RSC et la pandémie», indique un relationniste de la Ville de Montréal, Gonzalo Nunez.

Les deux centres de tri des matières recyclables traiteraient plus de 60% des matières générées pour une cible provinciale de 75%, selon ses dires.

De plus, la Ville dit accompagner le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) dans la transition en cours vers un système de responsabilité élargie des producteurs, ainsi que dans le déploiement du système élargi de consigne, prévu pour 2023.

Au Québec

En 2017, le marché chinois cesse d’acheter certains produits issus du recyclage. Cette situation oblige les différents centres de tri à trouver rapidement de nouveaux marchés afin d’écouler leurs principales matières sortantes, dont les papiers et plastiques mélangés. Ce changement fait baisser les prix offerts pour ces matières. Les centres de tri s’en voient fragilisés. En 2018, le Québec fait une transition vers une collecte sélective locale, encourageant l’économie circulaire.

En janvier 2021, l’indice des prix des matières résiduelles donne espoir, selon les données de Recyc-Québec. Le prix des matières augmente entre 40$ et 900$ par tonne selon le produit.

«Il y a de plus en plus de matière qui est traitée au Québec. On assiste donc à un virage qui va sûrement se poursuivre avec la modernisation de la collecte sélective», mentionne la porte-parole de Recyc-Québec, Brigitte Geoffroy.

Les réformes de la collecte sélective et de la consigne sont des mesures prises pour éviter la récurrence des crises, ajoute-t-elle. Celles-ci visent notamment à détourner les matières des lieux d’élimination.

L’objectif est de récupérer et recycler quatre milliards de contenants, dont plus d’un milliard de bouteilles d’eau en plastique. Le gouvernement va imposer à l’industrie de récupérer et recycler 75% des contenants de boissons d’ici 2025 et 90% d’ici 2030. De plus, le travail sur l’écoconception, par laquelle 80% des emballages et contenants de plastique mis en marché seraient compatibles avec le système de récupération et de recyclage au Québec, est prévu au plan d’action 2019-2024, souligne Mme Geoffroy.

Défis

Les prix de plusieurs matières ont augmenté au cours des derniers mois et plusieurs centres de tri québécois se sont bien adaptés à la situation pandémique. Cependant, certains des centres à Montréal et d’ailleurs dans la province font encore face à des enjeux importants, affirme la directrice des communications et affaires publiques chez Éco Entreprises Québec, Yourianne Plante.

«La crise du recyclage risque de se répéter dans l’avenir si nous ne développons pas plus de marchés locaux pour recycler nos matières ici et développer notre économie circulaire québécoise du recyclage», avertit-elle.

Le manque de personnel et l’augmentation des volumes traités compliquent la tâche des centres de tri. La contamination représente aussi un problème majeur pour ceux-ci. Jusqu’à 20% des matières reçues ne devraient pas s’y retrouver. La composition des matières représente un autre défi.

Mme Plante voit la modernisation de la collecte sélective comme l’une des solutions. Par ailleurs, d’ici 2025, le gouvernement va mettre fin au système en silo qui est en place aujourd’hui. Les centres de tri seront donc sous contrat d’un organisme représentant les entreprises.

Sensibilisation

En raison de la pandémie, le recyclage se fait de plus en plus au Québec, ce qui représente un pas dans la bonne direction, selon le responsable des affaires publiques chez Tricentris, Grégory Pratte. Notre façon de consommer a aussi changé et les gens achètent plus de produits locaux.

Quant aux bouteilles d’eau en plastique, la meilleure option est d’en réduire la consommation et d’opter pour une bouteille réutilisable, conseille-t-il. Si ce n’est pas possible, il est important de les mettre dans un bac de recyclage après usage, ce que beaucoup ne font pas.

D’autre part, certaines personnes compliquent la tâche des employés des centres de tri en mettant au recyclage des choses qu’ils devraient jeter aux poubelles, comme des sacs de croustilles vides. Au bout du compte, ces produits sont triés puis enfouis.

Les gens ne sont pas toujours au courant du fonctionnement du système de recyclage, mais il est important de garder en tête la hiérarchie des 3RV-E, qui est très simple, rappelle M. Pratte. Le premier R représente une réduction à la source, le deuxième le réemploi, le troisième le recyclage suivi de la valorisation. La dernière option est l’enfouissement.

Certains des projets du gouvernement sont critiqués par M. Pratte. Même si des consignes sont ajoutées sur plus de contenants et d’emballages, cela n’empêchera pas les citoyens de les jeter aux ordures ou dans la nature comme plusieurs le font déjà avec des bouteilles de bière ou des bouteilles d’eau, croit-il. Une meilleure sensibilisation aiderait énormément.

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