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Une BD pour raconter Haïti aux Nord-montréalais

Photo: Leslie Meuraillon-TC Media

Deux citoyens de Montréal-Nord ont écrit et imaginé une bande dessinée sur l’histoire d’une jeune femme qui a travaillé quelques mois dans un dépotoir en Haïti. Ils cherchent actuellement un éditeur pour se faire publier.

«Dyaspora Lakay – Dans l’œil de l’ouragan», c’est l’histoire de Madame 100T (à prononcer Santé), une jeune ingénieure d’origine haïtienne, qui après le tremblement de terre en 2010, va en Haïti. Elle se retrouve responsable de la santé et la sécurité des ouvriers sur un dépotoir mal famé, à Cité Soleil, près de Port-au-Prince, la capitale. Sur place, elle trouvera des amis et même l’amour.

Ce récit, c’est celui de Carmel-Antoine Bessard, résidente de Montréal-Nord, qui a elle-même passé 11 mois en Haïti.
«Après le tremblement de terre j’ai cherché un moyen d’aller aider. C’était aussi une quête identitaire, je voulais comprendre le pays de mes parents», confie celle qui travaille sur le projet depuis 2013.

Pendant son séjour, Mme Bessard voit des choses dures, comme la mort d’un employé, et est choquée par les comportements des gens qui l’entourent. «Ce qui était dur, ce n’était pas les montagnes de détritus, c’était vraiment l’humain et sa bassesse. Les gens que je surveillais portaient des lunettes de soleil pour bluffer, ils me mentaient», se souvient-elle.

L’inspiration
Mme Bessard a commencé à écrire son histoire, «une case par jour», pour évacuer ce qu’elle a vu et vécu dans le pays de ses origines. Ingénieure de formation, elle a même pris un cours de scripte pour savoir comment raconter son histoire. Elle a tout de suite su qu’elle voulait que son récit ait la forme d’une bande dessinée.
«Les gens de la communauté haïtienne ont besoin de se voir, d’avoir des modèles. Il faut que l’on voit des nez épatés, des lèvres charnues et des fesses généreuses», détaille Carmel-Antoine.

Une fois son scripte terminé, la Nord-montréalaise a commencé à parler de son projet autour d’elle. C’est lors d’un café citoyen à la Maison culturelle et communautaire, qu’elle a rencontré l’artiste nord-montréalais Alain Frigon.
«C’est un cadeau que j’ai reçu de la part de Carmel. Ce qu’elle raconte, cela donne une claque dans l’face», commente le dessinateur.

Puisqu’il n’a jamais été en Haïti, Alain Frigon a fait de nombreuses recherches et s’est appuyé sur les photographies ramenées par Carmel-Antoine Bessard pour faire ses esquisses. Il s’est aussi beaucoup inspiré des gens du quartier.

À la jeune génération
Écrit en français, anglais et créole, «Dyaspora Lakay – Dans l’œil de l’ouragan» offre un regard sur Haïti avec des «yeux de femme noire». Pour la rédactrice, cette BD-reportage était aussi l’occasion de vulgariser son métier, mais surtout de réaffirmer la place des femmes dans ce «pays macho», comme elle le qualifie.
«Je voulais montrer aux adolescentes, aux jeunes femmes, qu’elles doivent prendre leur place», explique Carmel-Antoine.

Pour voir si leur projet intéressait les gens, Carmel-Antoine et Alain ont participé au Festival des Arts de Montréal-Nord où ils ont exposé quelques photos, textes et dessins.

Confiants suite au retour du public, ils cherchent présentement un éditeur.

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