Un architecte paysagiste réputé viendra embellir Montréal-Nord
L‘architecte paysagiste ayant créé les boules multicolores emblématiques du Village aura dorénavant le mandat d’embellir Montréal-Nord. L’arrondissement fait appel à Claude Cormier pour réaménager le quartier du nord-est, l’un des plus pauvres au Canada. L’urbaniste ne souhaite rien de moins que de «redonner de la joie» au secteur.
Claude Cormier et Associés, le cabinet de l’architecte du même nom, a été approché par l’arrondissement afin d’embellir une zone qui ne compte que de très peu d’espaces publics ou verts accueillants.
« L’important, c’est de redonner un sentiment d’appartenance et de fierté aux résidents du nord-est, insiste M. Cormier. Nous voulons apporter une dimension d’optimisme. »
Un objectif que partage la mairesse de l’arrondissement.
« Lors de sa construction dans les années 70, le quartier avait vocation à être uniquement résidentiel. Il n’y a pas eu de réel travail d’urbanisme ou d’architecture, souligne Christine Black. Nous voulons lui redonner vie en aménageant des lieux de rencontre conviviaux. »
Désormais l’un des secteurs les plus densément peuplés de Montréal-Nord, avec la présence notamment de cinq écoles, le nord-est demeure également l’un des plus précaires et les plus touchés par la pauvreté.
« C’est aussi pour cela que nous avons fait appel à M. Cormier, précise Marie-Noel de Tilly, chargée de communication pour Montréal-Nord. Il a une grande expérience des terrains difficiles et dotés d’une population dense. Nous avons de grands défis ici et nous sommes sûrs qu’il saura les relever. »
En 2011, l’urbaniste a réalisé le projet de boules multicolores dans le village, un quartier qui, selon lui, connaissait alors quelques similitudes avec le nord-est de Montréal-Nord.
« Après neuf ans, nous terminons ce projet dans un quartier qui était réputé difficile, avec la drogue, l’itinérance, ou la violence, raconte l’architecte. Je pense que finalement, c’est un beau succès, car nous avons réussi à donner ce fameux sentiment d’appartenance aux habitants du quartier. Je suis désormais prêt pour un nouveau défi.»
« L’important, c’est que les lieux soient le plus possible connectés et ouverts. Dans mon travail, j’essaie de faire en sorte que les gens apprennent à se parler et de leur faire comprendre que par l’urbanisation, la ville est prête à leur parler. » – Claude Cormier, architecte paysagiste
Un urbanisme « collaboratif »
Cette collaboration s’inscrit dans le cadre du plan d’urbanisation du nord-est, que l’arrondissement déploiera sur une dizaine d’années.
« C’est un plan évolutif; rien n’est coulé dans le béton, assure Christine Black. Nous allons collaborer au maximum avec nos citoyens, car ce projet est pour eux. Ce quartier, c’est celui de nos enfants de demain. »
Même son de cloche chez Claude Cormier, qui a l’habitude d’impliquer la volonté des habitants dans ses projets d’urbanisme.
« Nous aurons un rôle plus en retrait au début, pour progressivement collaborer au maximum avec les citoyens, assure-t-il. Ce qui est intéressant, c’est que je ne connais pas le quartier, nous allons pouvoir apporter un regard frais. »
Un travail mondialement reconnu
Né à Princeville au Québec, Cormier est devenu au fil des années l’un des architectes paysagistes les plus influents de sa profession, remportant notamment plus de 75 prix depuis 1985.
Si la majorité de ses réalisations se trouvent au Canada, il a également pu mener des projets aux États-Unis, en Europe ou en Chine. Parmi celles-ci, l’aménagement et la mise en valeur du Parc Jean Drapeau en 2013, la réappropriation et la nouvelle conception de la frange nord du square Dorchester, la création de la plage urbaine du quai de l’horloge du Vieux-Montréal ou encore le réaménagement complet du Berczy Park de Toronto.
Il dit s’appuyer sur le travail et les principes de Jane Jacobs, auteure, militante, et urbaniste canado-américaine ayant contribué à changer le cours de l’urbanisme dans de nombreuses villes nord-américaines.