Montréal-Nord: Un jeune de 13 ans arrêté en filmant une arrestation
L’arrestation d’un jeune de 13 ans lors d’une intervention policière musclée à Montréal-Nord relance le débat sur l’enregistrement vidéo du travail du Service de police de la ville de Montréal (SPVM).
Le 7 aout, les policiers ont été appelés à intervenir pour une bagarre survenue sur la rue Emery, à Montréal-Nord.L’un des agents qui effectuaient l’arrestation s’est alors levé pour intervenir physiquement auprès d’un jeune adolescent qui filmait la scène. Ce dernier a été plaqué contre la voiture de police, avant de réagir physiquement et d’être projeté au sol par le policier qui a procédé à son arrestation. Une vidéo de l’intervention, tournée par une tierce personne, circule sur les réseaux sociaux.
Témoin de la scène, la mère du jeune homme, Jessyka Dumoulin, a vivement réagi. Elle a été aspergée de poivre de cayenne alors qu’elle s’approchait de l’intervention auprès de son fils, en criant aux policiers de le relâcher.
«J’étais hors de moi et je me sentais vraiment impuissante», raconte Mme Dumoulin. «On a le droit de filmer pour se protéger», ajoute celle qui compte déposer une plainte en déontologie.
Elle affirme que cet événement a changé la perception de son fils envers la police.
«Comment tu veux qu’un enfant se sente protégé par les policiers et ait confiance en eux s’ils sautent sur des enfants?»
Le jeune homme ainsi que quatre autres personnes sur place sont accusés d’entrave au travail des policiers. Une autre personne a été arrêtée pour entraves, voies de fait sur un policier et possession de stupéfiants.
Filmer de manière «sécuritaire»
Le porte-parole du SPVM, Jean-Pierre Brabant, rappelle que les gens ont le droit de filmer le travail des policiers, mais qu’ils doivent le faire d’une manière sécuritaire.
«Le soir, quand les gens filment, il y a une lumière sur le téléphone, pointe-t-il. Dans ce cas-là, avec la lumière qui éblouissait le policier, c’était plus dur dans son intervention de pouvoir voir tout ce qui passait alentour de lui.»
Questionné à savoir si les policiers sur place ont demandé au jeune d’éteindre sa lumière avant de l’arrêter, M. Brabant a affirmé ne pas détenir cette information. Il a plutôt souligné que l’atmosphère a compliqué le travail des agents sur place.
«Les gens étaient très énervés. Ça criait beaucoup. Les policiers ont tenté à maintes reprises de calmer les gens, de calmer l’animosité qu’il y avait sur la scène.»
Un droit, martèle un conseiller
Pour le conseiller municipal de Montréal-Nord Abdlehaq Sari, filmer le travail des policiers est important pour que leurs interventions soient plus transparentes.
«Il faut que le citoyen soit capable et soit dans son droit de filmer», croit-il.
Qualifiant l’incident de «choquant», M. Sari s’abstient toutefois de le commenter en détail. Membre de l’opposition officielle, il y voit plutôt un exemple d’intervention où les caméras portatives permettraient de tirer de conclusions plus facilement.
Son parti, Ensemble Montréal, demande que les agents SPVM soient munis de ces caméras à partir de janvier 2021.