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L’Ombudsman écorche la voie active du boulevard Gouin

Gouin
Photo: Josie Desmarais/Archives Métro

Des dizaines de citoyens se sont tournés vers l’Ombudsman de Montréal pour se plaindre du corridor actif du boulevard Gouin. Selon eux, de nombreuses situations dangereuses ont été constatées pendant l’été.

Dans son rapport d’une centaine de pages rendu public le jeudi 3 décembre, l’Ombudsman de Montréal, Me Nadine Mailloux, fait état de plus de 300 plaintes reçues notamment en lien avec les voies actives sécuritaires (VAS), ces voies cyclables et piétonnes aménagées temporairement cet été dans le contexte de la crise sanitaire.

De ce nombre, elle a enquêté sur 20 dossiers concernent la VAS du boulevard Gouin. Plusieurs d’entre eux regroupent les doléances de dizaines de citoyens, précise l’Ombudsman.

Les critiques de citoyens étaient si vives envers cette installation que l’arrondissement de Montréal-Nord et la Ville de Montréal s’étaient entendus pour la démanteler moins d’un mois après sa mise en service.

Situations dangereuses

L’Ombudsman a fait était de plusieurs lacunes dans la planification de la VAS Gouin qui ont mis à risque la sécurité du voisinage et des usagers de la route. Selon elle, le risque de collision frontale était bien réel sur le boulevard Gouin. «Lors de nos visites, nous avons vu plusieurs automobilistes qui s’engageaient régulièrement à contresens», peut-on lire dans son rapport. Outre la signalisation qui «semblait déficiente», les automobilistes pressés voulant éviter les détours sont pointés du doigt.

La nouvelle configuration aurait même causé des accidents sur le boulevard Henri-Bourassa, selon des photos transmises par des citoyens. Ces derniers croient que c’est la VAS qui est en cause en raison de l’obligation de traverser le boulevard Henri-Bourassa par des rues sans feu de circulation.

Le rapport confirme également que l’achalandage sur l’avenue de Rome était devenu «extrêmement élevé» ; un enjeu que des citoyens avaient déjà soulevé publiquement. Il est également souligné que des camions lourds devaient faire des manœuvres dangereuses pour tourner sur cette avenue, dont empiéter sur le trottoir et la piste cyclable.

Tous ces enjeux de sécurité se sont produits malgré une surveillance accrue du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Planification déficiente

À l’échelle montréalaise, l’Ombudsman fait état de lacunes dans la planification des VAS.

À Montréal-Nord, la VAS sur Gouin a été aménagée plus tard au courant de l’été, ce qui a permis une meilleure coordination dans le partage des informations à l’arrondissement. Malgré cela, ce dernier «estimait tout de même ne pas avoir en main l’ensemble des informations requises pour répondre aux plaintes», peut-on lire dans le rapport Me Mailloux.

Toujours selon le document, l’installation de la VAS sur le boulevard Gouin n’aurait pas été effectuée selon les règles de l’art. «Des sous-traitants embauchés par la Ville auraient parfois terminé leur quart de travail en n’exécutant pas les travaux servant à assurer la sécurité des lieux.», déplore le rapport.

Ce sont les équipes de l’arrondissement de Montréal-Nord qui devaient ensuite faire des rondes de vérification afin de s’assurer que les installations étaient sécuritaires, est-il indiqué.

Une initiative appréciée

Le rapport souligne l’initiative de l’arrondissement de Montréal-Nord de créer une adresse courriel spécifiquement dédiée aux commentaires des citoyens. Celle-ci avait été incluse dans l’avis transmis aux résidents.

«Cette adresse regroupait l’ensemble des plaintes au même endroit, et en facilitait donc la prise en charge. La gestion de cette boîte de courriels était effectuée par l’arrondissement.»

L’Ombudsman a d’ailleurs recommandé d’évaluer la possibilité de mettre en place une adresse courriel pour chaque nouveau projet dans les arrondissements de Montréal.

En réaction au rapport, Ensemble Montréal, l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal, a accusé l’administration Plante de négligence, estimant que l’urgence n’excusait pas les lacunes soulevées par l’ombudsman. Le parti de la mairesse de Montréal a défendu sa façon de faire en soulignant que l’ombudsman a reconnu que les consultations publiques n’étaient pas possibles étant donné le contexte de la crise sanitaire.

Le responsable de la mobilité au comité exécutif Éric Alan Caldwell a toutefois reconnu que la Ville devait améliorer ses communications aux citoyens malgré le contexte d’urgence

L’arrondissement de Montréal-Nord n’a pas souhaité réagir au rapport.

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