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Le projet de la réforme Barette fait l'effet d'une bombe

L’annonce du projet de réforme du système de la santé par le ministre Gaétan Barrette a fait l’effet d’une bombe chez les employés syndiqués du centre de santé et de services sociaux (CSSS) Ahuntsic Montréal-Nord qui craignent que les services aux citoyens pâtissent.

M. Barrette veut centraliser les pouvoirs entre les mains de son ministère. Son projet de loi 10 prévoit l’abolition des CSSS et la fusion des Agences de santé pour les remplacer par des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).

En coupant dans la bureaucratie, le gouvernement libéral souhaite économiser quelque 220 M$ par année. Luc Bastien de la CSN voit les choses d’un autre œil.

« Les fusions [des établissements de santé au sein de CSSS] de 2005 n’ont rien amélioré pour la population, explique M. Bastien. Nous sommes inquiets pour l’ensemble de nos membres, mais également pour les services à la population. »

Les syndiqués se disent conscients qu’une réforme de la structure doit être entreprise, mais estiment que c’est le niveau d’encadrement qui devrait être revu.

« Au cours des 10 dernières années, le taux d’encadrement a augmenté de 30 % », souligne M. Bastien.

Étude défavorable

Cette réforme survient peu de temps après qu’un projet de fusion entre les CSSS d’Ahuntsic Montréal-Nord et Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent ait été abandonné, en janvier.

Dans le rapport d’analyse des scénarios, on peut lire que la fusion inspire « une crainte largement exprimée de nivelage par le bas de la qualité des services. Cette crainte est surtout exprimée à l’égard de secteurs moins favorisés du territoire, notamment Montréal-Nord. » (Consultez le rapport sur le site guidemtlnord.com)

« Avec la fusion, les services vont être toujours offerts, mais on va peut-être demander aux gens de se déplacer dans un autre quartier pour les obtenir. Une bonne partie de la clientèle est âgée ou à mobilité réduite. Nous craignons que les gens ne se déplacent pas pour obtenir le service », explique M. Bastien.

Le rapport fait toutefois mention qu’une fusion des services pourrait « consolider une organisation de services de santé mentale plus complète et mieux coordonnée pour les adultes » ainsi que d’offrir « un soutien au développement de la qualité dans les services aux personnes âgées par le partage des expertises et les bonnes pratiques en place. »

Protestations

Avant même que le ministre Barette ne dévoile ses intentions de réforme, jeudi dernier, les syndiqués ont commencé à se mobiliser. Le 22 septembre, une cinquantaine de manifestants ont bruyamment protesté dans le stationnement du CSSS d’Ahuntsic Montréal-Nord. Au total, 5000 tracts ont été distribués à la population.

« Il faut que la population réagisse », a affirmé Robert Poisson, président du syndicat CSN du CSSS AM-N, soulignant que lorsque les employés défendront leurs emplois, ils défendront dans le même temps les services à la population.

L’exemple qui est revenu souvent dans les propos des syndicalistes est celui des services en maladie mentale.

« Il y a un mois, nous avons appris que le budget allait être réduit de 5 M$, indique Marjolaine Goudreau, présidente de la section de l’Alliance du personnel professionnel et technique de santé et de services sociaux (APTS) du CSSS. Aujourd’hui on nous parle de 7 M$. On a appris récemment qu’il allait y avoir une abolition de six postes puis l’administration s’est rétractée. Les intervenants en santé mentale du CSSS subissent de fortes pressions afin de fermer les dossiers le plus rapidement possible. Ces personnes sont envoyées aux organismes communautaires. »

Julie Nicolas, directrice générale du Réseau alternatif et communautaire des organismes (RACOR) en santé mentale de l’île de Montréal a parlé au nom de sept organismes qui œuvrent dans la prise en charge des personnes souffrant de maladies mentales. Pour elle les organismes sont loin de pouvoir répondre à la demande d’autant plus qu’ils subissent également des coupes dans les subventions.

Par ailleurs, le centre de prélèvements de l’hôpital Fleury serait aussi touché par les compressions, selon les syndicats.

Pour l’instant, la direction du CSSS AM-N n’a émis aucun commentaire.

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