Le Contrôleur général critique l’efficacité du déneigement
Montréal-Nord n’échappe pas aux critiques du Contrôleur général de la Ville qui déplore un manque d’efficacité dans les opérations de déneigement et d’épandage d’abrasif lors de la dernière tempête de verglas. À la lumière son rapport, le maire Denis Coderre a annoncé qu’il mettra une politique du déneigement sur pied.
Dans son rapport d’une quarantaine de pages, le contrôleur Alain Bond recommande l’établissement de «normes de services» identiques pour tous les arrondissements lors des opérations de déneigement. Il estime aussi qu’il serait bénéfique pour la Ville de revoir les stratégies d’épandage d’abrasifs sur les trottoirs.
«C’est une série de petits échecs» qui explique les ratées de la Ville, a conclu le maire de Montréal.
De son côté, le maire Gilles Deguire de Montréal-Nord se dit «extrêmement fier du travail accompli par son personnel». L’arrondissement est d’ailleurs parvenu à garder le contrôle sur ses trottoirs, contrairement à la majorité des autres secteurs de la métropole.
«Ce n’est peut-être pas sans tache, mais nous avons tenté de prendre les meilleures décisions à ce moment-la», explique M. Deguire.
Récit d’une tempête
Le Contrôleur général a réalisé une série d’entrevues téléphoniques avec les responsables des travaux publics et des représentants syndicaux pour rédiger son rapport dans lequel il relate le récit de la tempête.
Le 3 janvier, 23 cm de neige se sont abattus dans les rues de la métropole.
À Montréal-Nord, les cols-bleu ont effectué un épandage préventif d’abrasif, jusqu’à ce qu’une trop grande quantité de neige se soit accumulée au sol. Les équipements de déblaiement ont alors remplacé les saleuses jusqu’au lendemain.
Alors que les autorités s’attendaient à un réchauffement, le mercure est cependant resté bas, provoquant un gel au sol. L’arrondissement a alors utilisé un mélange spécial de sel prétrempé avec du chlorure de magnésium pour venir à bout de l’épaisse couche de glace.
Vers 18 h, l’arrondissement a commencé son chargement «afin de donner la priorité aux axes de transport collectif et de faire l’épandage des trottoirs en simultané».
Dans son rapport préliminaire, le Contrôleur déplore toutefois cette façon de faire. Il affirme qu’il aurait été préférable de prioriser «l’épandage d’abrasif sur les trottoirs afin de sécuriser le déplacement des citoyens».
En plus des 28 employés réguliers, l’arrondissement a fait appel à ses 15 employés de fin de semaine et à ses mécaniciens pour maximiser l’opération.
Quelques pépins
Toute la machinerie de l’arrondissement a été mise à contribution. Aucun bris majeur n’a été rapporté à l’exception de composés électroniques qui ont brûlé dans un véhicule d’épandage neuf.
Ce sont surtout les opérateurs des bombardiers utilisés pour l’entretien des trottoirs qui ont eu du fil à retordre. Les tas de neiges laissés par les citoyens sur les trottoirs ainsi que la glace sur les rues en pente ont compliqué et ralenti leur travail.
La réparation de cinq fuites d’eau a également mobilisé des hommes et des équipements.
De nombreuses plaintes de citoyens ont aussi été reçues au sujet de la pose d’enseignes interdisant le stationnement lors du chargement, principalement dû au délai de pose ou à l’oubli d’en ramasser certaines. Cette situation s’est d’ailleurs reflétée sur les médias sociaux.
Conscient de ce mécontentement, le maire estime que l’arrondissement devra améliorer ses communications avec les citoyens afin qu’ils comprennent mieux les opérations. L’administration nord-montréalaise a d’ailleurs tenu à faire son propre bilan de l’opération en consultant ses employés.
«Je pense que c’est un « work in progress », admet le maire Deguire. Nous pourrions peut-être faire autrement, mais cette situation était exceptionnelle. Il faut toutefois être conscient qu’avec les changements climatiques, les entourloupettes de mère Nature seront de plus en plus fréquentes.»
(En collaboration avec Laurence Houde-Roy)