Comment réussir en musique
Des étudiants pourront bénéficier de l’expérience de Steve Pageot, un producteur réputé résidant à Pierrefonds. Celui qui a remporté un Grammy en 2004 pour la chanson Wonderful d’Aretha Franklin donnera des conférences sur la façon de réussir dans l’industrie de la musique.
«Il faut considérer la musique comme un vrai métier. Il faut avoir une bonne formation. Il faut non seulement être un bon musicien, mais aussi connaître le côté business de la musique. Beaucoup d’artistes ne veulent pas apprendre ce côté. C’est pour ça qu’ils se font toujours prendre et reçoivent de mauvais contrats», précise M. Pageot.
Ses formations se donnent un peu partout aux États-Unis depuis 2004. Celle de décembre à l’Institut Trebas sera la première en sol québécois.
L’important selon lui, c’est d’abord et avant tout la patience.
Il a débuté sa formation à l’âge de trois ans, avec la flûte traversière, le piano et la guitare. Au terme d’études collégiales en technique en système informatique au début des années 1990, M. Pageot décide de tenter sa chance aux États-Unis comme producteur de musique.
«En 1993, j’avais fait un démo sur mon appareil à quatre pistes et je suis allé à New York. Toutes les musiques qui jouaient à la radio, je suis allé acheter les CD. J’ai remarqué que sur chacun, c’était toujours la même adresse pour la compagnie Uptown Records avec le nom du producteur exécutif Sean « Puff Daddy » Combs», raconte-t-il.
Celui qui deviendrait plus tard célèbre comme rappeur n’était pas encore connu à l’époque. Il a accordé un rendez-vous au jeune de Pierrefonds.
«Je pensais qu’il avait quelque chose comme 50 ans, que ce serait un blanc avec un cigare. Mais il avait mon âge. Ça m’a déconcentré. Je lui ai donné ma cassette. Il l’a fait jouer. Mais il a parlé au téléphone pendant que la cassette jouait. Puis il s’est tourné, a glissé la cassette sur la table vers moi. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas acheter ma musique», se souvient M. Pageot.
Redoubler d’effort
Déçu, il rentre à la maison, mais déterminé à trouver un son qui plairait.
«Chaque soir, j’analysais toutes les musiques. J’ai commencé à reproduire ce que j’entendais, j’ai travaillé sur mes mixages. J’ai composé le même style de musique qui jouait à la radio à New York», explique M. Pageot.
Pendant ce temps, il composait la musique pour des artistes d’ici, des grosses pointures comme les groupes de rap et hip-hop Misery ainsi que Technical Sense.
«Je chargeais 80$ par beat, précise M. Pageot. C’est moi qui chargeais le plus cher à Montréal et je venais juste de commencer. Le tarif était 30$ ou 40$. On disait que j’avais le son de Dr. Dre. Chaque fois que des artistes de New York venaient à Montréal, de mes artistes ouvraient pour eux».
Considérant avoir atteint un plateau à Montréal, Steve Pageot commence de réfléchir à l’avenir. Il rencontre à New York le producteur Ron Lawrence qui le prendra sous son aile.
Les productions pour de gros noms suivront presque immédiatement, notamment le rappeur Krayzie Bone et plus tard, une des chansons qu’il coécrira et produira, Wonderful, sera enregistrée par Aretha Franklin.
«Depuis ce Grammy, plein de portes se sont ouvertes. C’est comme si tu obtenais un passeport pour tout ce que je voulais avoir. J’ai pu collaborer avec Bone Thugs, l’acteur Nick Canon et j’ai commencé de composer pour MTV et Viacom. J’ai commencé à charger plus. Et je faisais maintenant partie de l’élite des gens dans l’industrie de la musique aux États-Unis», soutient-il.
Ayant en partie réorienté sa carrière au Québec depuis l’an dernier, l’homme de 48 ans a récemment travaillé avec l’Artiste Radical, Mélanie Guay, qui écrit pour plusieurs grands artistes québécois, Annie Dufresne ainsi que Charles Biddle Junior.
La conférence aura lieu à 19h à l’Institut Trebas, au centre-ville de Montréal.