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Une fermeture qui laisse 48 employés dans le doute

Photo: (Karina Sanchez/ TC Media)

Incertains quant à leur avenir professionnel, les 48 employés du Provigo Lucerne craignent de ne pas être réembauchés dans le nouveau Provigo qui sera construit à quelques pas des lieux. L’épicerie a fermé ses portes le 31 janvier et des travailleurs ont éclaté en sanglots.

«On s’est fait avoir pendant les deux dernières années», dénonce l’employé Denis Lapointe. L’entreprise avait promis que les employés resteraient en poste jusqu’à l’ouverture du magasin raconte M. Lapointe. Ce qui représente pour lui une «trahison pure et simple».

«Repartir à zéro»
Jamais Denis Lapointe n’aurait cru que Provigo aurait laissé partir ses employés. Ils devaient, à priori, restés en poste et être transférés vers le nouvel emplacement, à même le Carré Lucerne, une fois le projet terminé. Les employés de l’épicerie ont été informés le 5 janvier que le magasin fermerait à la fin du mois.

Si jamais M. Lapointe et les autres employés décident de postuler auprès du nouveau Provigo, ils devront débuter au bas de l’échelle. Cette réalité l’indigne. Il est incertain de la tournure que prendra son avenir professionnel. Mais pour le moment, il se sent «trop démoli» pour planifier la suite des choses, fait-il comprendre d’un air accablé.

Relocalisation des employés
«On ne peut pas juste parachuter un employé dans un autre Provigo. Il faut respecter les employés qui sont déjà en place», signale Johanne Héroux, directrice des communications du Provigo. Les anciens employés devront s’enrôler dans le même processus de recrutement pour le nouvel emplacement, tel un candidat ordinaire, confirme la directrice. Elle signale ne pas vouloir «donner de faux espoirs» aux anciens, quant à la possibilité d’acquérir un poste une fois l’épicerie inaugurée.

Toutefois, Mme Héroux précise que les gestionnaires sont «très conscients que les clients appréciaient beaucoup les employés et reconnaissent leurs loyaux services». En d’autres mots, «cela sera pris en compte au niveau du recrutement», lors de l’ouverture du nouveau magasin au printemps 2016, a-t-elle signalé.

Une indemnité «généreuse» a été offerte aux employés remerciés, rappelle Johanne Héroux. Cette compensation de nature confidentielle, et que la majorité a acceptée, désengage la compagnie de toute obligation à les relocaliser.

Une dernière journée
Des clients ont défilé à travers des rangées presque vides du Provigo Lucerne. Venus faire des emplettes des produits en liquidation, plusieurs clients ont salué et souhaité bonne chance aux quelques employés sur place. «Dans cette épicerie du Carré Lucerne, qui existe depuis plus de 30 ans, les clients réguliers connaissaient les employés par leur nom», raconte Gaston Massie, préposé au détail.

Près des caisses, vers la sortie, des employés émus se font des embrassades avant de quitter les lieux pour de bon. Parmi eux, Denis Lapointe serre dans ses bras l’assistante-gérante. Tous deux sanglotent discrètement. Pour Denis Lapointe, c’est la fin d’une carrière de plus de 37 ans. Il quitte le cœur gros. Aucune garantie n’a été donnée aux 48 employés du marché qu’ils pourront être réembauchés dans le nouveau Provigo, à quelques pieds des lieux.

Pour des raisons de sécurité
La fermeture soudaine du commerce a été encouragée principalement pour assurer la sécurité des employés et de la clientèle, explique la directrice des communications de Provigo. Le chantier de construction, à proximité, mettait à risque les piétons circulant dans les environs. L’espace de stationnement réduit alourdissait aussi les déplacements. Enfin, au cours des derniers mois, le Provigo a subi des pannes d’électricité et des inondations suites à de fortes pluies.

Dans la mire du syndicat
Tony Filato, président du syndicat TUAC, filière alimentation, note que si l’ouverture du nouveau magasin avait lieu en moins de 12 mois, les employés pourraient préserver leur poste. Cependant, le promoteur immobilier, First Capital, qui louera les nouveaux locaux à Provigo, prévoit une période d’environ 15 mois pour finaliser le tout.

Cette annonce n’a pas été sans laisser sceptique le président du syndicat, qui se questionne à savoir si les employés n’avaient pas subi un «congédiement déguisé». Il ne croit pas que Provigo accepterait d’étirer les travaux de trois ou quatre mois seulement pour éviter de reprendre 48 employés. Toutefois, il fait savoir que si jamais l’ouverture du nouveau magasin se faisait avant 12 mois, le syndicat dans sa manche une mise en demeure en réserve pour faire valoir les droits ses membres.

 

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