Promenade Masson: des commerçants découragés renoncent à l’aide provinciale
Plusieurs commerçants ont abandonné leurs demandes d’aide provinciale, considérant la procédure trop longue et complexe. C’est ce qu’a révélé un sondage mené par la Société de développement commercial (SDC) de la Promenade Masson.
«On a interrogé une trentaine de commerçants parmi nos membres les plus touchés par les fermetures successives. Près de 75% d’entre eux ne sont pas allés au bout de la démarche pour obtenir l’aide financière provinciale», précise le directeur de la SDC Promenade Masson, Kheir Djaghri.
Ce découragement généralisé s’expliquerait notamment par une procédure très lourde, exigeante et complexe.
Les commerçants qui la demandent se heurteraient aux «rouages administratifs», rapporte-t-il. «Tous les commerçants interrogés étaient unanimes pour dire que cette aide est difficilement accessible.»
M. Djaghri ne croit pas que le problème vienne d’un manque de volonté politique de la part du gouvernement québécois, mais plutôt d’un «excès de bureaucratie». Afin de remédier à cette situation, il souhaiterait que Québec simplifie le processus de demande du Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises.
«Il suffirait de s’inspirer de ce que le [gouvernement] fédéral a mis en place. Le processus de demande est très simple et rapide, suggère le directeur de la SDC. C’est ce dont nos commerçants ont besoin. Ils n’ont pas de temps et de ressources pour remplir des formulaires et faire des calculs comptables complexes.»
Fitzgibbon interpellé
Préoccupé par cette situation, le député de Rosemont, Vincent Marissal, a écrit au ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Dans sa lettre, il détaille le problème et invite le ministre à se rendre avec lui sur le terrain pour «aller à la rencontre des commerçants et des commerçantes de la Promenade Masson».
«Le gouvernement se comporte comme s’il n’y avait pas de crise. Il demande aux commerçants de fournir un plan d’affaires complet et détaillé alors qu’ils sont en train de se noyer», explique le député.
Presque un an après le début de la pandémie, il s’inquiète de voir les commerçants s’endetter de plus en plus sans que des solutions à moyen ou long terme soient proposées.
«Le ministre a annoncé que l’aide allait être prolongée, mais ça ne sert à rien s’il faut fournir autant d’efforts pour la demander, se désole M. Marissal. Plusieurs commerçants ont dû faire appel à un comptable professionnel pour constituer leur dossier. On parle de plusieurs centaines de dollars de frais.»
M. Fitzgibbon n’a pas donné de réponse définitive à l’invitation du député de Rosemont, mais considère la possibilité de se rendre sur place.
Restaurants en sursis
Dans ce contexte, le directeur de la SDC Promenade Masson, s’inquiète du sort des bars, des gyms et des restaurants qui ne sont toujours pas autorisés à rouvrir.
Il trouve la sentence particulièrement injuste pour les restaurants qui avaient tout mis en place à l’été afin d’accueillir leurs clients dans le respect des règles.
«C’est dommage parce qu’ils ont investi dans de l’équipement de protection, des séparations en plexiglas ou des menus virtuels. On sait que les restaurants ne sont pas des lieux d’éclosion, donc je ne comprends pas», précise M. Djaghri.
Il dénonce d’ailleurs l’inaction du gouvernement québécois face aux différentes applications de livraison dont les marges ne sont pas plafonnées et atteignent en moyenne 30 % du prix de vente.
«L’Alberta et la Colombie-Britinanique ont légiféré pour créer un plafond à 15 % de marge. Je ne sais pas ce qu’on attend pour le faire ici. Les restaurateurs se font tout simplement déshabiller par les services de livraison», défend-il.