L’école arabe El Forkane expulsée du Collège de Rosemont
Après avoir suspendu temporairement le contrat de location qui le liait à l’école El Forkane, un établissement de langue arabe, le Collège de Rosemont a décidé, mercredi, de mettre un terme définitif à l’entente. Pour la direction, l’école a contrevenu aux termes de son contrat.
Le Collège de Rosemont avait suspendu temporairement la location de ses salles de classe à l’école El Forkane, le 6 février dernier, après un reportage diffusé sur la chaîne TVA. Celui-ci avait démontré que plusieurs liens du site Internet de l’école de langue arabe menaient vers des textes intégristes.
«À la suite de son enquête, le Collège a constaté qu’un des documents affirmait que les écoles laïques ont une influence néfaste sur les personnes musulmanes et que l’éducation non fondée sur la religion est un échec. De plus, un autre document intitulé La Dawa et le Djihad présentait un contenu sur la construction de la personnalité militaire musulmane. Ces contenus vont à l’encontre de notre mission d’éducation, de nos valeurs et de nos règlements », a affirmé Stéphane Godbout, directeur du Collège de Rosemont, lors d’une conférence de presse, tenue dans les locaux de l’établissement, mercredi après-midi.
La direction rosemontoise s’était entretenue un peu plus tôt avec le propriétaire de l’école arabe pour lui faire part de sa décision. «Il semblait calme et on a pris la décision de gérer la suite des choses dans le calme et le respect mutuel».
À savoir si le responsable de l’école avait tenté de le faire changer d’avis, M Godbout a répondu: «non, mais je n’ose pas m’avancer sur la position du propriétaire. Je le laisserai s’exprimer.»
Le Journal de Rosemont–La Petite-Patrie a tenté d’entrer en contact avec la direction de l’école, mais sans succès.
Pas de «chasse aux sorcières»
L’école El Forkane louait des salles de classe au Collège de Rosemont depuis trois ans, pour y enseigner l’arabe et le Coran.
«Nos relations étaient tout à fait correctes, indique M. Godbout. Le propriétaire nous avait déclaré la nature des activités qu’il souhaitait tenir, et en ce qui nous concerne, il tenait bien les activités pour lesquelles il avait loué nos locaux.»
Le Collège affirme ne pas vouloir instaurer de «chasse aux sorcières». «Nous sommes prudents dans la conclusion de nos contrats, mais nous souhaitons établir nos relations avec la communauté sur la bonne foi. Maintenant, nous faisons des vérifications diligentes, mais nous n’avons pas les moyens et la volonté d’entrer dans une chasse aux sorcières avant de louer à nos locataires. Mais, nous allons nous assurer toutefois que nos contrats reflètent bien la nature des activités qui sont tenues à l’intérieur de nos locaux.»
Préserver les relations avec la communauté
Entre 20 et 30 locataires exploitent les locaux du Collège de Rosemont chaque année, pour diverses activités.
M. Godbout a ajouté ne pas avoir d’autres écoles religieuses actuellement. «Nous avons une église, qui est de confession protestante, je pense, qui tient son lieu de culte à l’intérieur du Collège. Mais vous savez qu’au Québec, il y a plusieurs dizaines d’écoles publiques et de centre communautaire qui servent de lieux de culte la fin de semaine. Ce n’est pas quelque chose de particulier au Collège de Rosemont. Cela fait partie d’une réalité qui est bien connue», a-t-il lâché.
L’établissement souhaite maintenant expliquer sa décision à ses étudiants et espère clore le chapitre pour revenir à sa mission d’éducation et d’enseignement.
Reste à savoir si, de son côté, l’école El Forkane réussira à louer d’autres locaux.
Les liens menant aux textes incriminés ont été retirés de son site Internet où l’on peut désormais simplement lire un message adressé aux parents, qui explique que «les cours du samedi et dimanche sont malheureusement suspendus pour une durée indéterminée, à la suite de la suspension inattendue du contrat de location des salles par le Collège de Rosemont.»