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De l’informatique au café: portrait d’un entrepreneur laurentien engagé

Photo: Patrick Sicotte/TC Media

Arrivé au Québec il y a 12 ans pour étudier à Polytechnique, Fabrice Tchoumi a fondé un organisme donnant une seconde vie au matériel informatique et médical, créé une entreprise de distribution de thé et café et aidé son pays d’origine, le Cameroun, en y mettant sur pied un centre de formation.

«Je pense que je suis un entrepreneur», répond M. Tchoumi quand on le questionne sur son avenir. Passé par Pratt & Whitney et Thales, le diplômé en génie électrique et spécialiste en avionique avoue vouloir se consacrer davantage à ses projets en éducation et science ainsi qu’à sa compagnie de thé et café.

L’aventure a commencé en 2010 lorsqu’il a fondé Projet PC2 afin de récupérer des ordinateurs, les reconditionner et les envoyer aux écoles camerounaises, quelque chose de totalement nouveau au sein de Polytechnique Montréal.

«J’avais le goût d’entreprendre et d’apporter une aide à un problème identifié, se rappelle-t-il. J’ai vu un ordinateur pour la première fois en 1998 et je n’avais aucune idée comment cela fonctionnait. Le ministère de l’Éducation dit qu’il y a une formation en informatique, mais il n’y a pas d’équipement dans les écoles.»

Quand il est arrivé à Montréal, il a découvert qu’on jetait du matériel informatique. Avec Projet PC2, il ne fait pas que le récupérer, il forme leurs futurs utilisateurs. Dès le premier voyage, plus de 70 ordinateurs ont été emmenés au Cameroun pour équiper des établissements d’enseignement. Pour éviter que les étudiants n’aient à pirater des licences de logiciels, très coûteuses, ils sont initiés au système d’exploitation Linux et aux logiciels libres, comme Scilab pour le calcul.

De cette première mission, M. Tchoumi est revenu avec du thé et du café, dans l’objectif de le vendre pour lever des fonds. Les réactions étant positives, une idée a commencé à germer dans sa tête.

Thé et Café Tchoumi
En 2014, il profite d’un congé parental pour enregistrer son entreprise «Thé et Café Tchoumi» et faire venir les produits du Cameroun. Il commence à démarcher les commerces montréalais l’été suivant et le Marché du Mboa, à LaSalle, est le premier à vendre ses produits.

M. Tchoumi propose du café de l’Union centrale des sociétés coopératives agricoles de l’ouest (UCCAO), un regroupement de petits producteurs qui travaillent de manière biologique. Différentes sortes de thés noirs sont également offerts. Certains sont cultivés en altitude et sont plus doux. D’autres proviennent de régions volcaniques et le sol riche leur confère une saveur différente.

«Je souhaite faire redécouvrir le thé, car les gens confondent parfois avec les tisanes, explique-t-il. La culture, la fermentation et le conditionnement de la plante changent le goût.»

Dans cette même optique de découverte, il vend depuis cette année des épices comme le poivre blanc de Penja, le djansan, le pèpè et le 4 cotés. On trouve aussi dans sa boutique en ligne des fleurs d’hibiscus, le foléré, aussi appelé bissap, apprécié en infusion.

Ses produits sont maintenant distribués à Saint-Laurent au Marché Maliba, au Marché africain et à la Fruiterie AMR, sur Décarie.

Technologies numériques
Le résident du quartier Montpellier n’a pas pour autant abandonné l’informatique. En plus d’y travailler à Montréal, il a créé en 2016 le Centre des Technologies Numériques, à Douala, la capitale économique du Cameroun.

«C’est dans la philosophie de l’association de Polytechnique: aider les gens et vulgariser les logiciels libres», précise-t-il.
M. Tchoumi y voyage pour donner des formations, des conférences ou animer des démonstrations. Des professeurs du Collège Kamtchoum-Ndami, qui héberge le centre, assurent le reste des cours.

«Pendant les vacances, j’ai par exemple formé le personnel à l’utilisation d’Excel, se souvient-il. Ils vont pouvoir ainsi calculer les notes, voire faire les emplois du temps.»

En plus d’être devenu le premier du pays accrédité par la Fondation Linux, le Centre se penche aussi sur les technologies mobiles. «Quand il n’y a pas toute l’infrastructure fixe, le cellulaire devient la solution», ajoute-t-il.

M. Tchoumi caresse maintenant le but de transformer son centre en un véritable collège, afin de pouvoir y dispenser des formations reconnues à l’international.

Plus d’info
tchoumithecafe.com

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