Des ressources en CLSC réaffectées aux CHSLD
Afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre dans les CHSLD en cette période de crise du coronavirus, le CIUSSS de l’Est redistribue son personnel à travers ses différents établissements. Une mesure exceptionnelle qui implique la fermeture temporaire de CLSC.
Infirmières, ergothérapeutes, physiothérapeutes, administrateurs. Les employés concernés proviennent de tous les horizons. En date d’aujourd’hui, c’était 50 employés de divers domaines qui étaient redistribués à travers le réseau; 75 autres devraient suivre au cours des prochains jours.
« Afin de prêter main-forte en CHSLD, il y aura un délestage de certains services de CLSC, de GMF et du Centre d’excellence en maladie chronique afin de permettre au personnel d’aller aider leurs collègues ailleurs », résume par courriel Catherine Dion conseillère en communications au CIUSSS de l’Est.
Certains établissements seront temporairement fermés. Par exemple, les prestations de services normalement offertes au CLSC Oliver-Guimond seront redirigées vers le CLSC de Rosemont, et au CLSC de Saint-Léonard vers celui de Saint-Michel.
Au CLSC de Rivière-des-Prairies, c’est uniquement pendant la fin de semaine que les personnes seront redirigées vers le CLSC de l’Est-de-Montréal.
Malgré tout, il n’y aura pas de coupure de service, assure Mme Dion. « Les personnes qui reçoivent des soins à domicile d’équipe de ces CLSC continueront de les recevoir. Ces installations seront fermées au public, mais les services cliniques qui ne nécessitent pas la présence des usagers seront maintenus. »
Elle spécifie qu’un service d’accueil téléphonique sera maintenu dans tous les CLSC afin de pouvoir répondre aux questions des usagers.
Le personnel inquiet
Ces mouvements de personnel découlent de l’application d’une mesure incluse dans un décret du ministère de la Santé et des Services sociaux datant du 21 mars. Il n’avait cependant pas encore été appliqué dans son intégralité au CIUSSS de l’Est.
Une mesure qui suscite cependant des craintes parmi le personnel soignant.
« Ça ne fait pas l’affaire de mes membres. Je crois que c’est un mal nécessaire ; je comprends qu’on ait besoin d’aller chercher du personnel là où on en a », résume Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (SPS-ESTIM).
Il s’inquiète notamment d’une éventuelle augmentation de cas de coronavirus chez les travailleurs de la santé. Selon ses chiffres, 316 employés auraient testé positifs à la COVID-19. Une donnée qui ne rassure pas le personnel réaffecté dans les CHSLD.
« La crise en CHSLD est essentiellement causée parce que nombre d’entre eux sont tombés malades. Ils n’ont pas l’équipement de protection individuel adéquat, et doivent s’occuper d’un ratio de patients beaucoup trop élevé », dénonce M. Cloutier.
Il croit qu’avant d’appliquer le décret dans son entièreté, il aurait mieux valu évaluer l’effet des différentes mesures afin de voir lesquels auraient vraiment été nécessaires.
« Ma crainte est que ça démotive des membres. On entend des personnes qui parlent de démission. Ce n’est pas simple », révèle-t-il.
Un renfort nécessaire en CHSLD
À l’inverse, au Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS de l’Est de l’île de Montréal (STT CEMTL), qui représente entre autres les préposés, ce mouvement de personnel est plutôt bien accueilli.
« Nos gens commencent à être fatigués et ils ont besoin de renfort. Il manque régulièrement de personnel, rappelle Éric Clermont, vice-président du syndicat. Le problème, c’est que ce ne sera pas nécessairement des gens qui auront beaucoup d’expérience. »
Néanmoins, il admet qu’une certaine inquiétude subsiste parmi ses membres, surtout quant à la quantité d’équipements de protection disponibles. Il réclame d’ailleurs que le personnel soit mieux encadré lors de leur utilisation.
« Les gens n’ont pas nécessairement la formation requise pour bien l’utiliser. On peut se contaminer juste en enlevant le masque », donne-t-il en exemple. Il constate d’ailleurs que malgré l’équipement, plusieurs de ses membres sont tombés malades.
Il espère également que le personnel redéployé ne sera affecté qu’à un seul endroit, et n’aura pas à se déplacer entre différents CHSLD, afin de limiter la propagation entre les établissements.
« Notre personnel travaille beaucoup et est fatigué. On espère que les équipes pourront souffler un peu avec cette mesure », souhaite-t-il.