Des conditions difficiles pour faire partir les locataires?
Alors que plusieurs locataires du 6282 de la rue Jean Talon Est sont en attente du jugement du Tribunal administratif du logement (TAL) concernant leurs éventuelles évictions, les conditions de vie au sein des espaces communs de l’immeuble se dégradent.
Depuis l’achat du bâtiment par deux entreprises d’optimisation immobilière en mars, les parties communes qui étaient autrefois nettoyées par un concierge ne seraient plus entretenues suite à son départ.
«Les poubelles ne sont aussi presque jamais sorties par les propriétaires, nous avons fait plusieurs plaintes à l’arrondissement, ce n’est qu’à la veille de chaque inspection que quelqu’un passe pour faire le nécessaire», soutient Hamza , un résident des lieux depuis six ans.
Depuis l’arrivée des nouveaux propriétaires, on est mis en dernier. La propreté des parties communes, les poubelles, rien n’est fait ou alors au dernier moment avant une inspection de l’arrondissement. Pour moi, c’est volontaire pour nous pousser à partir.
Abdenaccer, résident du 6282 Jean Talon Est
De nombreux détritus de papier sont visibles au sol à l’entrée du bâtiment, alors que l’état de propreté des cages d’escalier est questionnable. Plus loin, une ampoule à proximité d’une sortie de secours ne fonctionne pas.
«Ça devient de plus en plus compliqué, les enfants se plaignent parfois des odeurs dehors», déplore le père de famille.
Depuis le départ du concierge, personne ne s’occuperait des poubelles de façon régulière, selon les locataires.
Des « coups de pression », selon les locataires
Le 15 août, c’est l’échéance évoquée pour le départ des locataires par les deux entreprises (Inspire Immobilier et Capital Bergeron Gagné) ayant racheté l’immeuble en mars.
Initialement fixée au 1er juillet, la date a été repoussée suite au refus de quitter leur logement transmis par les locataires de 13 appartements de cet immeuble résidentiel.
Ces derniers dénoncent ce qu’ils qualifient de « coup de pression » et de moyens détournés utilisés par les entreprises propriétaires pour les faire partir avant cette date.
« Le propriétaire m’a appelé pour se plaindre que je n’étais pas là lorsqu’il est venu récupérer le loyer. Il me menaçait d’appeler son avocat si je n’étais pas présent immédiatement. Mais il n’avait pris aucun rendez-vous à l’avance, alors que c’était un jour de semaine et que je travaille », déplore Abdennacer Bennajah, un locataire de l’immeuble depuis 11 ans.
D’autres résidents auraient vécu des situations similaires au cours des derniers mois.
« J’ai reçu une lettre comme quoi je n’avais pas payé mon loyer le 1er juillet, alors que j’ai texté le représentant à cette date exacte pour qu’ils viennent chercher son chèque, sans réponses. Il n’est venu que le 3 juillet et m’a remis un avis comme quoi je n’ai pas payé mon loyer à temps », explique Hamza.
« Au lieu de venir à un moment où tous les locataires sont chez eux pour récolter les loyers, il s’arrangeait pour venir des journées en semaine entre 8h et 16h. Il n’y a aucune communication au préalable, on ne comprend pas. »
Un procédé remis en question
Selon le TAL, un propriétaire doit remettre un avis officiel écrit aux locataires six mois avant la fin d’un bail pour une éviction en indiquant de façon explicite la raison exacte de celle-ci.
Un document remis aux locataires en mars consulté par Métro indique une résiliation de bail à partir du 1er juillet. Sur cet avis, aucun motif n’y est précisé.
Quelques jours après le rachat, les locataires auraient chacun reçu une visite individuelle d’un représentant indiquant des motifs d’éviction différents.
« Ils évoquaient des problèmes de plomberie, d’électricité, de fissures dans la structure. Je n’ai pourtant jamais entendu de la part de l’ancien propriétaire qu’il y a des dégâts d’eau ni d’électricité ou quoi que soit. », indique M. Mousti en faisant visiter des appartements de l’immeuble à Métro.
Devant une situation inquiétante, il appelle aux élus d’agir pour éviter ces situations qui se multiplient dans l’agglomération montréalaise.
« Le gouvernement doit intervenir pour contrer ce problème. Il ne s’agit pas seulement de nous mais de toutes les personnes qui sont victimes de ces rénovictions. C’est un enjeu social qui s’étend de plus en plus, même à Saint-Léonard nous sommes touchés. »
Contactés par Métro, les groupes propriétaires n’ont, pour l’instant, pas répondu aux questions posées par la rédaction.