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Le nouveau défi des restaurateurs

Restaurant bistro L’Enchanteur
Mourad Romdhane a pignon sur rue depuis 25 ans au bistro L’Enchanteur. Photo: Félix Lacerte-Gauthier/Métro

Résilience et débrouillardise. Ce sont les mots d’ordre des restaurateurs, à nouveau durement touchés par la crise sanitaire. Privés de leur salle à manger, ils doivent encore se réinventer pour éviter la catastrophe.

C’est plutôt silencieux au bistro L’Enchanteur en ces temps de confinement. Lieux de rassemblement depuis 25 ans, cet établissement de l’avenue Henri-Julien avait pourtant l’habitude d’être animé, surtout lors de la tenue d’événements.

«J’ai comme philosophie d’être le bistro du quartier. Dans ma façon de voir les choses, il faut donner l’exemple, pour montrer qu’il y a danger et qu’il faut prendre soin des autres. On n’a pas seulement un but commercial, on est aussi ancré dans la communauté», relativise Mourad Romdhane, propriétaire de l’endroit.

Avant la crise, son bistro offrait des repas au déjeuner et à l’heure du dîner. Crise oblige, il a revu son menu et réorganisé sa cuisine pour offrir aussi des soupers à emporter. À l’intérieur, les tables ont été installées pour tracer un trajet vers le comptoir.

«On prenait des commandes avant la crise, mais on n’avait jamais poussé cet aspect. On a toujours été un lieu de retrouvailles. Même pour certains qui avaient quitté le quartier, on restait un point de repère», se rappelle M. Romdhane.

Si la crise a tout chamboulé, elle révèle néanmoins une certaine solidarité dans la communauté, fait valoir M. Romdhane. Les habitués demeurent fidèles.

De cuisine fine à plat pour emporter

Ericka Soleilhac, copropriétaire avec son conjoint du restaurant Tandem, ressent aussi cet élan de sympathie.

«On est vraiment chanceux, on reçoit beaucoup d’amour de nos clients. Certains commandent chaque semaine pour nous encourager. C’est vraiment trop adorable», s’enthousiasme-t-elle.

Elle remarque toutefois que l’engouement est moins fort qu’il ne l’était lors de la première vague. L’optimisme du début, celui des arcs-en-ciel et du «ça va bien aller», cède sa place à une plus grande incertitude.

Ils avaient été en mesure de rouvrir brièvement leur salle à manger pendant la saison estivale, en gardant une capacité d’accueil restreinte. Ils s’inquiètent aujourd’hui de ne pouvoir le refaire avant le début de la prochaine année.

D’ici là, les mets pour emporter leur servent de bouée de sauvetage. Avant la crise, son conjoint, qui est aussi le chef du restaurant, proposait de la fine cuisine dans la salle à manger de la rue Villeray. Aujourd’hui, la carte n’est plus la même. Il a dû la réinventer.

«Le défi, c’est créer des plats qui ressemblaient à la cuisine de mon conjoint, mais qui sont facilement transportables et qu’on peut réchauffer à la maison. On a demandé à nos clients sur notre page Facebook ce qu’ils voulaient retrouver», explique Mme Soleilhac.

Incertitude

Un peu plus loin sur Villeray, le restaurant Moccione a également dû vivre cette même adaptation de passer d’une salle à manger à des plats pour emporter. Avant la crise, on pouvait y compter 24 places assises. Les tables ont depuis été remplacées par des étagères et des frigos.

«On a dû se revirer de bord et tout revoir. Nous restons dans l’alimentation, mais ce n’est plus du tout la même entreprise. On a refait le site Web, et on a fait beaucoup de bricolage pour réaménager l’intérieur», résume Maxime Landry, copropriétaire du restaurant.

Elle s’attriste d’avoir dû mettre à pied les employés en cuisine. Les heures d’ouverture ont également diminué devant cette nouvelle réalité. C’est aussi l’incertitude face à l’avenir que Mme Landry trouve particulièrement difficile, alors qu’elle avait l’habitude de se projeter des mois à l’avance.

«Les clients sont notre point positif, qui facilite la chose et nous donne envie de le faire. On a un bon support de la communauté et les gens sont très solidaires», se réconforte-t-elle.

De l’aide gouvernementale

Dans l’objectif d’éviter un désastre économique, le gouvernement a annoncé qu’il remboursera une partie des dépenses fixes dans les bars, restaurants, cinémas et salles de réception.

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