La génération Y investit le centre-ville
Le visage du centre-ville de Montréal prend des airs de jeunesse. Alors que ses résidants sont de plus en plus nombreux, c’est la génération Y qui l’investit en majorité.
«Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le centre-ville de Montréal se remplit de jeunes citadins professionnels, instruits et disposant d’un revenu disponible très intéressant», affirme l’équipe de recherche de CBRE Canada, qui fournit chaque année de l’information et des avis sur l’ensemble des principaux marchés immobiliers.
Alors que la population du centre-ville (zone bordée par l’avenue des Pins, la rue Saint-Urbain, le fleuve et le secteur à l’ouest de la rue Guy) a connu une croissance de près de 18,7% de 2010 à 2015, CBRE prévoit une autre augmentation de 15,2% au cours des cinq prochaines années, et souligne que la majorité de ces résidants sont âgés de 24 à 35 ans.
Frandy Cherestal, agent immobilier de Remax McGill concentrant ses activités au centre-ville, constate cette tendance. Jeunes professionnels travaillant en ville, souvent célibataires ou, du moins, sans enfant: de nombreux acheteurs dans Ville-Marie, Griffintown et les environs correspondent à cette description, affirme-t-il. Plusieurs projets de condos neufs, comme l’Exalto et le District Griffin dans Griffintown, visent d’ailleurs les jeunes professionnels et les jeunes familles.
«Plusieurs nouveaux diplômés qui ont étudié longtemps ont maintenant envie de vivre pleinement la ville et s’y épanouir», avance Frandy Cherestal. Plus de 57% des résidants du centre-ville détiennent d’ailleurs un diplôme universitaire, souligne BCRE, alors que la moyenne montréalaise est de 25%.
«Je n’aime pas utiliser la voiture ni les transports en commun pour me déplacer; le centre-ville est avant tout un choix de proximité pour moi.» – Stephanee Legault, résidante du centre-ville de Montréal
Choisir un mode de vie
Selon Frandy Cherestal, les jeunes choisissent d’abord le centre-ville pour habiter à proximité de leur lieu de travail et l’accessibilité des commodités, des restaurants et des loisirs. «Sans dire que la génération Y est workaholic, elle travaille beaucoup et n’aime pas perdre de temps en déplacement», fait valoir l’agent immobilier de 32 ans, qui parle en connaissance de cause.
La plupart choisissent aussi le centre-ville pour le mode de vie particulier et cool qu’il offre, poursuit M. Cherestal. «Les jeunes acheteurs font souvent un compromis sur superficie au profit du style de vie qu’offrent les tours à condos dans Griffintown, par exemple, où on retrouve une piscine, une terrasse et un chalet urbain sur le toit», affirme le spécialiste.
Car qui dit centre-ville dit prix plus élevés. Question de respecter son budget, la génération Y opte donc souvent pour des trois et demi. Ceux-ci se vendent en moyenne entre 260 000$ et 310 000$ dans Griffintown, estime le courtier immobilier. Pour un condo avec deux chambres, difficile de trouver à moins de 400 000$, dit-il.
Cela dit, les jeunes propriétaires urbains s’établissent rarement à long terme. «Cette période de vie est plutôt instable, remarque Frandy Cherestal. On tombe en amour et on veut déménager à deux dans plus grand, on attend un bébé et on veut une chambre de plus: un déménagement est souvent à prévoir trois ou quatre ans après l’achat.»
Outre le stationnement de plus en plus difficile à trouver, l’agent immobilier ne voit pour sa part pas d’autres inconvénients au centre-ville. «Si on aime le style de vie urbain, le centre-ville de Montréal est très agréable à vivre, surtout l’été avec toutes ses activités, ses bons restos, la proximité des services et sa population dynamique et multiculturelle», affirme-t-il. La preuve: l’agent immobilier planifie lui-même de quitter Notre-Dame-de-Grâce cet été pour acheter au cœur de la ville.
Quelques chiffres
Source : CBRE Canada
Témoignage – De la campagne au centre-ville
Stephanee Legault a quitté la campagne il y a six ans pour étudier et a choisi d’emménager en appartement dans Griffintown, au coin des rues Guy et Notre-Dame.
La jeune professionnelle qui a aujourd’hui 29 ans a tellement aimé son expérience qu’elle vient tout juste d’acheter son premier condo deux rues plus loin.
«Je n’aime pas utiliser la voiture ni les transports en commun pour me déplacer; le centre-ville est avant tout un choix de proximité pour moi», explique-t-elle. La nouvelle effervescence de son quartier, où elle a vu apparaître au fil des ans de nombreux bons restos et un grand dynamisme, lui plait aussi beaucoup. Sans compter l’accès rapide au canal de Lachine et à de nombreux nouveaux services, comme des salles d’entraînement, qui répondent aux besoins de la jeune génération qui a pris d’assaut les rues de l’ancien quartier industriel.
Pour 275 000 $, Stephanee Legault a trouvé un joli condo d’environ 700 pieds carrés sur deux étages dans un immeuble de huit unités construit en 2008 de l’autre côté du canal de Lachine, à Pointe-Saint-Charles. Il ne lui faudra que 10 minutes de plus pour se rendre au travail à pied. Son incontournable : une grande terrasse commune sur le toit. «J’ai visité le condo un dimanche soir et on était 15 personnes intéressées, raconte-t-elle. Le lendemain, je l’ai acheté.»
Actuellement célibataire, elle pense s’établir dans son condo pour trois à cinq ans, consciente que ses besoins pourraient changer. Mais pas nécessairement question de quitter la ville par la suite. «Pour moi, vivre en ville avec des enfants ne serait pas un problème», dit-elle.