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La ville, lieu de «réconciliation» avec les peuples autochtones

Widia Larivière, cofondatrice du projet Mikana Photo: Capture d'écran

La ville de Montréal est un lieu de «réconciliation» avec les peuples autochtones où on constate la présence de représentations plutôt positives ou dénotant une meilleure connaissance des réalités, des communautés et des Nations autochtones.

C’est ce que révèlent les résultats préliminaires d’un projet de recherche mené en collaboration par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et l’organisme autochtone Mikana, en cette Journée nationale des peuples autochtones. 

Les travaux se penchent sur les relations entre personnes autochtones et non autochtones dans les espaces urbains puisque 70% de la population active autochtone vit dans les villes. 

Une ouverture à la réalité autochtone

Au total, 1000 Montréalais non autochtones ont répondu à un sondage visant à cerner leurs représentations sociospatiales concernant les peuples autochtones, ainsi que les lieux qu’ils associent à cette population. Des groupes de discussion ont également été menés entre juin 2020 et février 2021. 

L’équipe de recherche, dirigée par la professeure à l’INRS Stéphane Guimont Marceau, observe que les Montréalais ont le désir de se rapprocher et de comprendre les peuples autochtones, bien que cette ouverture cohabite aussi avec des représentations négatives, un manque de lieux de rencontre dans la ville et un accès restreint aux personnes autochtones et à leurs récits.

«Certaines représentations négatives et stigmatisantes, issues d’événements historiques ou d’une méconnaissance, semblent toujours bien ancrées dans la population», précise la chercheuse principale, Stéphane Guimont Marceau.

L’autre volet de la recherche s’est fait auprès de personnes autochtones dans une perspective de co-création utilisant les approches autochtones de la recherche. La cofondatrice et directrice générale de Mikana, Widia Larivière, explique que des personnes autochtones étaient intéressées à participer à des «cercles de partage».

«L’idée était, pour celles et ceux qui le souhaitaient, de nous parler de leurs expériences et de leurs analyses des espaces et des relations avec les populations allochtones à Montréal », ajoute-t-elle.

Manque de lieux de rencontre

L’organisme Mikana, qui a pour mission d’œuvrer au changement social en sensibilisant différents publics sur les réalités et les perspectives des peuples autochtones, désire trouver des pistes de solution en termes de lieux, de rencontres positives, de cohabitation et d’autochtonisation des villes.

Même si les Autochtones et Allochtones cohabitent à Montréal, il n’y a que très peu de lieux où ceux-ci peuvent se rencontrer et échanger sur leur identité, fait remarquer Stéphane Guimont Marceau à partir des impressions recueillies. 

«Il y a beaucoup [de non autochtones] qui déplorent de ne pas entendre, de ne pas voir et de ne pas avoir de lien avec les personnes autochtones», dit-elle. 

De l’autre côté, les Autochtones souhaitent «une plus grande visibilité de leurs réalités, une plus grande reconnaissance» de leur «participation à la ville», ajoute Mme Guimont Marceau.

Malgré leur ouverture face aux enjeux autochtones, les Montréalais allochtones véhiculent encore beaucoup de préjugés qui ont des racines historiques très profondes, poursuit la chercheuse. «Ça fait partie des processus de colonisation qui sont encore très actifs. Ce sont des mécanismes d’exclusion. C’est ce qui permet de tenir la structure comme elle est actuellement», pense-t-elle. 

L’échange et la rencontre pour éliminer les préjugés

Sans transformer la structure coloniale du jour au lendemain, les lieux de rencontre entre personnes autochtones et allochtones dans la ville vont participer à transformer ces relations de pouvoirs. 

«Les changements institutionnels, comme le changement de drapeau et les changements de toponymie, ne sont pas suffisants s’il n’y a pas de lieux de rencontre des gens à la racine, au niveau quotidien, au niveau des citoyens et citoyennes. Et la meilleure façon de le faire, c’est dans l’espace public», souligne Stéphane Guimont Marceau.

D’ailleurs, la Ville prévoit intégrer à son projet de réaménagement de la rue Peel des éléments commémoratifs, célébrant l’histoire iroquoienne. 

En effet, les interventions archéologiques effectuées dans le cadre du réaménagement de la chaussée de la rue Sherbrooke en 2016 et 2017, et dans le cadre du projet de la rue Peel en 2018 et 2019, ont permis de mettre au jour les vestiges d’une occupation villageoise associée aux Iroquoiens du Saint-Laurent. Une série de datations au radiocarbone nous indique que le site était vraisemblablement occupé entre les années 1400 et 1500.

Dans le cadre de son projet de recherche, l’équipe de Mme Guimont Marceau travaille aussi sur une proposition de design d’un lieu public à Montréal qui privilégierait la visibilité de récits autochtones et la rencontre entre Autochtones et Allochtones.

Le projet de recherche, qui a débuté à Montréal en 2019, s’étendra à plusieurs villes au Québec grâce à une subvention d’un montant de 95 427$ que l’équipe s’est récemment vue octroyer par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

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