Range Rover Evoque : la question à 47 000 $
De tous les utilitaires compacts de luxe, le Range Rover Evoque est celui qui est le plus dur sur le portefeuille. En contrepartie, il est celui qui offre les meilleures capacités tout-terrain, et de loin. Mais… la question à 47 000 $ : est-ce qu’on veut vraiment lancer ce «bébé» Land Rover au fond des bois?
Il est avec nous depuis un an maintenant et son succès ne se dément pas : un Land Rover sur trois vendus au Canada est un Range Rover Evoque. Ici, il a été nommé Meilleur nouvel utilitaire nord-américain 2012. Ailleurs, il a été désigné Meilleur nouveau véhicule pour les femmes. Le légendaire magazine Top Gear en a même fait son Car of the Year… devant la nouvelle Ferrari FF.
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Pas mal pour un véhicule qui, à l’instar du Land Rover LR2, reprend la plateforme (améliorée) du tristement célèbre – sur notre continent, du moins – Land Rover Freelander. Et qui, sous le capot, cache un transfuge du quatre cylindres turbo (2,0 litres à injection directe) de… Ford. Au passage, rappelons que le constructeur britannique est, depuis 2008, la propriété de l’indienne Tata.
Ce qui marche très fort, pour l’Evoque, c’est sa silhouette. Il s’agit là d’un véritable coup de poing visuel dans un marché où les utilitaires finissent par se ressembler tous. Et ça promet d’être encore plus frappant si, comme on a pu le constater au salon de Genève le printemps dernier, une variante décapotable est offerte. Avouez que ces lignes hyper-contemporaines, effilées et rehaussées de contrastes (on dirait que le toit flotte) sont hautement sexy.
«Ça, un Land Rover?»
On pourrait penser que ce toit plongeant réduit l’espace des places arrière, mais non. Le dégagement est bon, tant aux jambes qu’à la tête. Toutefois, le cargo est le moins généreux de la catégorie. Avec ses 4,4 m de long, l’Evoque est plus court qu’une Porsche Boxster! Ces petites dimensions ont d’ailleurs étonné mon voisin Raymond. «Ça, un Land Rover?» s’est-il écrié.
Oui, c’est un Land Rover. Et pour deux raisons. D’abord, l’intérieur est d’une élégance et d’une finition impeccable, mariant les matériaux haut de gamme (testés afin qu’on soit sûr qu’ils étaient hypoallergéniques) à une technologie très facile à apprivoiser.
Pas besoin non plus de sortir le manuel du propriétaire pour apparier son cellulaire – on aime. Tout au plus peut-on déplorer le fait que les commandes, à droite de l’écran, soient difficiles à rejoindre, mais heureusement, toutes les fonctions sont dupliquées au volant et se trouvent donc au bout des pouces.
On aime également ces éclairages mythiques – comme ce faisceau qui, du rétroviseur extérieur, projette au sol un tapis lumineux où se détache le logo de la marque. C’est du plus bel effet et c’est plus sécuritaire.
Nouveautés
- Stationnement automatisé (en option)
- Ajout des infos topographiques à la navigation
- Toit «contrastant» optionnel – désormais pour tous les modèles
Tout-terrain pour les nuls
Aussi, et surtout, l’Evoque est équipé du fameux Terrain Response, véritable dispositif quatre roues motrices pour les nuls. Il suffit de sélectionner l’un des quatre modes, selon le terrain, et le véhicule s’occupe du reste.
Ces capacités hors des sentiers battus sont de loin supérieures à celles qu’affiche la concurrence, à savoir les BMW X3, Mercedes GLK, Audi Q5 et, à la limite, l’Acura RDX. Mais cet avantage se répercute sur le prix d’étiquette : offert à partir de 46 995 $ (de base), l’Evoque est jusqu’à 6 000 $ plus cher que les autres.
Certes, à ce prix-là, l’Evoque vient avec les sièges avant, le volant et même le pare-brise chauffants. Mais la caméra de recul n’est malheureusement pas comprise. Et, de grâce, ne partez pas sans cette option de 2 500 $, sinon vos manœuvres de stationnement seront un enfer tellement la vision arrière est nulle.
Pour ajouter le système de navigation, le méga-toit panoramique, les phares au xénon et le système de caméra qui retransmet sur l’écran de bord des images à 360 degrés, la facture peut facilement grimper jusqu’à 60 000 $ – mais vous n’obtiendrez quand même pas la banquette chauffante, ni les sièges avant ventilés.
Et à ce stade-là, on a depuis longtemps fait le saut, chez les concurrents, du côté des motorisations plus puissantes ou diesel (à venir prochainement pour les GLK et Q5), deux possibilités que n’offre pas l’Evoque.
Mais revenons à notre question : qui veut payer
autant pour profiter de l’avantage tout-terrain du bébé Land Rover? Peut-être pas grand monde. Mais ceux qui adoptent l’Evoque héritent non seulement de la silhouette la plus séduisante de l’année (et peut-être même de la décennie), mais ils profitent aussi d’un comportement surprenant.
La tenue de route est plus que solide, et ce, malgré une garde au sol assez élevée (215 mm). De plus, la suspension (des jambes de force même à l’arrière) annule l’effet des imperfections du bitume mieux que ne le fait la BMW X3.
La direction, une première tentative «électrique» chez Land Rover, est d’une précision et d’une onctuosité inattendues – on a l’impression de communiquer à pleine paume et en temps réel avec les roues.
Vous a-t-on dit que c’était du Ford qui se glissait sous le capot? C’est le même moulin qui propulse les Edge, Explorer et Escape. Petit bémol toutefois : si la puissance est suffisante (l’Evoque est l’un des plus légers de sa classe), reste que l’entrée en scène du turbo demande presque une seconde de patience. Et ensuite, c’est comme une tornade qui débarque.
On aime l’originalité du levier de vitesse «rotatif», qui sort de la console au démarrage, mais on regrette que la boîte automatique six rapports n’ait… que six rapports. Les concurrentes allemandes en offrent sept ou huit…
Remarquez, ça n’empêche pas l’Evoque de consommer de façon raisonnable, même si on a le pied droit un peu lourd. D’ailleurs, Land Rover se targue d’avoir conçu là le véhicule le plus économique de son histoire. Une affirmation qui peut fait sourire, quand on connaît l’histoire «utilitaire» de la marque…
***
POUR
- Silhouette la plus sexy de l’année, voire de la décennie
- Terrain Response pour les nuls
- Technologies faciles à apprivoiser
- Comportement surprenant
- Habitacle élégant à la finition impeccable
CONTRE
- Pas mal plus cher que la concurrence
- Turbo : presque une seconde de patience…
- Cargo peu généreux
- Vision arrière nulle – payez-vous la caméra de recul…
- Pas de seconde motorisation
***
Fiche technique
- Utilitaire compact de luxe, trois ou cinq portes, cinq passagers.
- Moteur : 4 cylindres turbo de 2,0L (injection directe)
- Performances : 240 chevaux, 250 lb-pi
- Boîte : automatique six rapports
- Consommation (/100 km) : 7,1 L autoroute, 10,6 L ville 0-100 km : 7,2 secondes
- Traction : intégrale permanente (Haldex)
- Cargo : jusqu’à 1444 litres
- Remorquage : 1 585 kg
- Construction : Halewood, Angleterre
- Concurrence : Acura RDX, Audi Q5, BMW X3, Mercedes GLK, Volvo XC60
- Prix de départ : 46 995 $ (48 095 $ pour le coupé trois portes)
Nadine Filion présente une chronique automobile chaque lundi à l’émission Ça commence bien, à V.