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Que va t-il advenir de vos transports en commun en 2022?

STM Transport ARTM réduction
Photo: 123RF

Alors que les usagers reprenaient lentement mais sûrement le chemin des transports en commun, le variant Omicron vient chambouler les plans. Un retour à la normale n’est pas envisagé en 2022 et des ajustements seront encore nécessaires en cours d’année. 

Si la Société de transport de Montréal (STM) avait l’ambition de revenir à un taux d’achalandage de près de 90% de la période pré-pandémique à la fin de 2022, il est de plus en plus difficile d’anticiper l’avenir dans le contexte actuel.

«Ce que la pandémie nous apprend et la gestion de la pandémie depuis mars 2020, c’est que la prévisibilité est difficile. On avait une reprise d’achalandage en fin d’année parce qu’il y avait de plus en plus de monde qui retournait au travail», indique le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell.

Un «record» a même été atteint le 30 novembre alors que l’achalandage dans les autobus et métro de la STM s’est élevé à 60% du niveau pré-pandémique. Mais ce chiffre a baissé depuis le retour au télétravail imposé par le gouvernement du Québec.

Une offre «inchangée» par rapport à 2021

La situation est telle que la STM a dû revoir à la baisse son offre de service budgétée pour 2022, année durant laquelle l’organisation prévoyait un retour presque à la normale. 

L’ajustement de -3,5% pour le secteur autobus et de -5% pour le secteur métro par rapport à l’offre budgétée en 2019 permettra à la STM de réduire ses dépenses de 21,3 M$ en 2022 comparativement au budget 2021.

«Il y avait, dans le budget, une anticipation d’une croissance du service. Elle n’a pas eu lieu. […] La pandémie nous apprend que l’exercice budgétaire doit être revu et ajusté tout au cours de l’année», explique Éric Alan Caldwell.

En effet, la STM estime plutôt que l’année 2022 ressemblera davantage à l’année 2021 en matière d’achalandage. M. Caldwell assure que, malgré les ajustements, le niveau de service qui sera offert en 2022 est «inchangé» par rapport à celui de 2021.

Puisqu’il est difficile de prévoir comment évolueront les besoins de déplacement des Montréalais au courant de l’année 2022, la STM devra s’ajuster, affirme Éric Alan Caldwell. «Quels seront nos habitudes et nos besoins au sortir de la pandémie? On va rester agiles pour adapter notre offre de service et être au rendez-vous quand les gens ont besoin de la STM. C’est un défi!», poursuit-il.

D’autres transporteurs dans l’incertitude

Le centre-ville de Montréal est un vrai moteur d’attraction. Vers la fin de l’année, le retour au bureau des télétravailleurs avait permis aux transporteurs d’enregistrer des améliorations d’achalandage, notamment dans les autobus et trains d’Exo.

Au début du mois de décembre, l’organisme entrevoyait des jours meilleurs au début de 2022. Or, la situation a tellement changé entre le 16 et le 22 décembre, avec l’ajout de nouvelles restrictions, que plus rien n’est certain.

«Il y a beaucoup d’incertitude sur les mesures sanitaires qui seront en place au retour des Fêtes. Par contre, si le télétravail demeure obligatoire et que d’autres mesures sanitaires sont décrétées par le gouvernement du Québec, nous observerons sans aucun doute une diminution d’achalandage dans les trains et les autobus d’Exo», indique la conseillère aux relations médias Catherine Maurice.

Mme Maurice indique qu’il est encore trop tôt pour statuer sur l’effet qu’aura la nouvelle situation provoquée par l’arrivée du variant Omicron sur l’achalandage dans les services d’Exo, plus particulièrement pour les premières semaines de 2022. «Nous suivons la situation pandémique de près et nous nous adapterons au besoin, la santé et la sécurité de notre clientèle et de nos équipes étant notre priorité», ajoute-t-elle.

Même son de cloche du côté du Réseau de transport de Longueuil (RTL). La porte-parole Marie-Claude Rivet indique que plusieurs facteurs demeurent encore inconnus, comme le retour en présence des travailleurs au centre-ville de Montréal et des élèves du secondaire, des cégeps et des universités, pour évaluer si on peut s’attendre encore à une éventuelle reprise graduelle de l’achalandage au cours de l’année 2022.  

À la veille des Fêtes, l’achalandage était évalué à près de 60% comparativement à l’année 2019. «Il est probable qu’une nouvelle reprise ne se fera pas avant février; d’ici là, nous surveillerons quotidiennement les tendances», précise Mme Rivet.

Elle ajoute que l’arrivée du REM sur la Rive-Sud en 2022 pourrait aussi favoriser une reprise rapide.

Rapatrier des usagers… en temps et lieu

La STM avait annoncé une campagne de publicité télévisuelle et radiophonique pour rapatrier dans le réseau les utilisateurs indécis dès cet hiver. Or, avec les nouveaux développements, l’organisation est en train de revoir ses communications.

«Il y aura des communications pour reprendre des usagers. Ceci dit, quant au timing ou à la teneur de la communication, on s’ajuste avec les circonstances. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il en est», mentionne Éric Alan Caldwell.

Il rappelle qu’au tout début de la pandémie, les Montréalais étaient plus craintifs face à l’idée de prendre le transport en commun. «Cette crainte n’a plus lieu d’être. Après, la vraie bataille, c’est les déplacements, dit-il. Les conditions objectives pour la reprise de l’achalandage sont là, en autant que les gens aient besoin de se déplacer.»

Le porte-parole de la STM Philippe Déry indique que la préoccupation des clients actifs liée à l’utilisation du transport collectif dans le contexte de la pandémie est plus faible que chez les clients inactifs. «Une fois qu’on reprend le bus ou le métro, on retrouve nos bonnes vieilles habitudes et on s’y sent en sécurité. Le défi est donc de convaincre les inactifs de réintégrer le transport en commun, même sur une base occasionnelle, pour leurs déplacements», explique-t-il.

Chez Exo, une refonte des parcours de bus a commencé en 2020. C’est en partie à cause de l’arrivée du REM, qui deviendra la porte d’entrée vers le centre-ville, mais aussi dans le but «de reconfigurer les réseaux d’autobus pour les rendre plus efficaces» partout. 

Un réseau qui s’adapte aux réalités de ses usagers est une mesure d’attractivité, selon Exo. «Grâce à la participation des citoyens aux consultations publiques, les nouveaux réseaux d’autobus de chacun de nos secteurs sont élaborés selon les besoins réels de la population, ce qui contribue à l’attractivité du transport en commun dans ces communautés», affirme Mme Maurice. Certaines lignes ont vu une bonification de leurs nombres de départs.

Le gouvernement à la rescousse du transport

Dans sa mise à jour économique, le ministre des Finances, Eric Girard, a présenté une aide de 100 M$ destinée à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour l’aider à maintenir le niveau de service des transports collectifs dans la région métropolitaine. «Cette aide d’urgence compensera une partie des pertes de revenus tarifaires liées à la pandémie. L’ARTM et ses partenaires continueront leurs efforts d’optimisation, tout en assurant les services dont ont besoin les citoyens», avait réagi le directeur général de l’ARTM, Benoit Gendron.

L’aide gouvernementale pour supporter la période de transition vers la normale devrait nous permettre d’éviter de nouvelles coupures de services.

RTL

Trajectoire Québec, qui agit dans la promotion des droits des citoyens en matière de transports collectifs, s’est réjouie de l’aide de Québec à l’endroit de l’ARTM. «Des coupures de service auraient été fatales pour l’attractivité du transport collectif», a affirmé la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon.

La STM abonde en ce sens et réitère sa volonté d’éviter les coupures de service.

Avec la collaboration de Naomie Gelper.

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