Essai de l’iPhone XR: celui pour tous
Le nouvel iPhone XR est une version plus abordable du téléphone vedette d’Apple, qui n’impose à l’utilisateur que quelques légers compromis faciles à accepter. Il s’agit de l’iPhone à considérer pour la plupart des gens.
De 350$ à 490$: voilà l’argent que vous économisez en préférant l’iPhone XR aux iPhone XS et XS Max lancés le mois dernier. Avec entente, l’économie est légèrement moindre, mais dans les deux cas, la différence est substantielle. Pourtant, les trois modèles se ressemblent beaucoup, et le nouveau téléphone d’Apple qui sera disponible vendredi offre même quelques avantages sur ses deux frères plus chers.
Design: les couleurs sont de retour
Avec son écran de 6,1 pouces, l’iPhone XR propose une taille à mi-chemin entre l’iPhone XS et l’iPhone XS Max. Il s’agit d’un compromis parfait, ni trop petit, ni trop grand. Si Apple n’offrait qu’une taille pour ses téléphones, celle-ci serait probablement la meilleure.
Côté matériaux, Apple adapte à l’iPhone la stratégie utilisée jusqu’ici avec ses montres Apple Watch. Les modèles plus haut de gamme sont en acier, plus solides, avec une finition plus élégante, et le modèle plus abordable est en aluminium.
On aurait pu regretter le choix, mais ce dernier est en contrepartie offert en plusieurs couleurs vibrantes. Du lot, le jaune et le bleu touchent à mon avis particulièrement la cible.
Rappelons que l’entreprise avait tenté une stratégie similaire avec l’iPhone 5C il y a quelques années, mais ce dernier était en plastique, et non en métal comme l’iPhone 5S. Ici, l’iPhone XR donne aussi une impression de qualité pratiquement aussi grande que celle des iPhone XS et XS Max.
Notons que l’arrière est encore une fois recouvert de verre, ce qui rend l’appareil compatible avec la recharge sans fil. Le verre utilisé pour l’iPhone XR est plus résistant que celui de l’iPhone X, mais moins que celui de l’iPhone XS, selon Apple. Après quelques temps d’utilisation, le verre de l’iPhone XR m’a aussi semblé peu sensible aux empreintes digitales.
Malheureusement, même s’il offre une résistance améliorée, un boitier en verre augmente les risques de bris (et la facture pour réparer son appareil, le cas échéant). C’est une tendance de plus en plus répandue dans l’industrie, dont je ne suis pas le plus grand des adeptes.
Des caractéristiques comme l’iPhone XS
Même s’il est vendu plusieurs centaines de dollars de moins, l’iPhone XR offre principalement des composantes identiques à celles des iPhone XS.
Ceci est particulièrement vrai pour son système sur puce A12 Bionic, le cœur de l’iPhone. Celui-ci – le premier gravé en 7 nm sur le marché – est rapide et offre quelques améliorations importantes par rapport aux dernières générations, tout particulièrement dans l’utilisation d’intelligence artificielle sur l’appareil.
Huit cœurs dédiés à l’intelligence artificielle (le Neural Engine) sont donc accessibles à Apple et aux développeurs tiers (via l’outil CoreML) pour effectuer des fonctionnalités variées, sans trop affecter l’autonomie du téléphone et sans devoir envoyer des données personnelles dans des serveurs sur Internet. C’est un atout considérable pour ceux qui s’intéressent aux questions de vie privée.
Le processeur se démarque aussi dans la réalité augmentée, qui s’active rapidement et demeure d’une fluidité exemplaire. Comme c’est toujours le cas avec un iPhone récent, celui-ci pourra faire rouler les logiciels et les jeux les plus lourds pendant encore plusieurs années. Notons que l’iPhone XR offre 1 Go de RAM de moins que les iPhone XS, mais ce n’est pas clair pour l’instant à quel point l’utilisateur pourra ressentir la différence (ni dans combien de temps).
Pour le reste, l’iPhone XR résiste à l’eau, comme ses prédécesseurs, mais sa protection est inférieure à celle des iPhone XS et XS Max. À moins de travailler comme sauveteur dans une piscine olympique, la différence ne devrait toutefois pas vous affecter.
L’appareil offre encore une fois un bon haut-parleur (pour un téléphone), avec une meilleure séparation stéréo qu’auparavant, et il intègre la même caméra frontale TrueDepth que les modèles plus chers. Celle-ci est notamment utilisée pour déverrouiller son écran avec son visage. Pour ceux qui comptent remplacer un iPhone plus ancien avec capteur TouchID, notons que la technologie FaceID est probablement plus pratique 98% du temps, mais qu’elle représente aussi parfois un pas en arrière.
Par exemple, j’utilisais Apple Pay pour payer dans les commerces avec un iPhone toutes les semaines avec un iPhone 7, mais je ne l’ai fait qu’à une seule reprise avec l’iPhone X, puisque regarder son téléphone à ce moment est moins naturel.
Côté autonomie, celle de l’iPhone XR est supérieure à celles des iPhone XS et XS Max. La différence est subtile; vous aurez quand même besoin de le recharger tous les soirs, mais vous aurez quelques heures d’utilisation de plus dans les journées plus remplies avant de devoir brancher votre appareil.
Notons que l’iPhone XR est compatible avec la recharge sans fil, si vous possédez un socle du genre à la maison. J’ai personnellement adopté la technologie, et je ne retournerais pas en arrière. Malheureusement, pour les moments où la recharge filaire est nécessaire, l’iPhone XR n’est offert qu’avec un petit chargeur 5W, qui est d’une lenteur extrême. En 2018, c’est difficile à accepter. Des appareils Android vendus la moitié du prix de l’iPhone XR offrent de meilleurs chargeurs.
Petit détail: l’iPhone XR est aussi doté d’une carte SIM embarquée (comme avec les iPhone XS et XS Max), qui permettra d’activer une seconde connexion cellulaire sur son appareil, ce qui pourrait être pratique en voyage, par exemple, pour profiter d’un opérateur local. La fonctionnalité n’est toutefois toujours pas active, il faudra donc attendre encore un peu pour l’essayer.
Un écran d’ancienne génération
Le premier réel compromis de l’iPhone XR par rapport aux iPhone XS est son écran. Celui-ci affiche une bonne résolution et ses couleurs sont riches, mais il utilise la technologie ACL que l’on retrouvait dans les anciens téléphones d’Apple. L’iPhone XS et l’iPhone XS Max offrent plutôt un écran DELO (OLED, en anglais), tout comme la majorité des téléphones Android haut de gamme.
Comparée à celle des superbes écrans DELO des iPhone XS et XS Max, l’image est ici un peu plus terne, et les noirs sont surtout beaucoup moins profonds.
Est-ce un problème? Pas vraiment. La plupart des utilisateurs ne remarqueront pas la différence dans la vie de tous les jours (surtout ceux qui étaient satisfaits de l’écran de leur ancien iPhone). iOS est aussi de toute façon un système d’exploitation coloré et pâle, qui s’adapte bien aux forces de l’écran ACL de l’iPhone XR et qui profite peu de celles de l’écran des iPhone XS.
Ceux qui regardent des séries sur Netflix tous les jours dans les transports en commun pourraient considérer acheter l’iPhone XS pour son écran, mais personnellement, je me contenterais sans problème de l’écran du XR.
Détail intéressant, celui-ci est d’ailleurs moins cher à réparer. Remplacer l’écran d’un iPhone XR chez Apple après la période de garantie coûte en effet 259$, contre 365$ pour l’iPhone XS et 429$ pour l’iPhone XS Max.
Un bémol pour l’appareil photo
L’autre grand compromis de l’iPhone XR est plus agaçant, du moins pour certaines personnes (c’est mon cas).
Alors que les iPhone XS et XS Max sont dotés de deux appareils photo arrière, un grand-angle et un angle rapproché (zoom 2X), l’iPhone XR n’offre que l’appareil photo grand-angle principal.
L’appareil photo principal lui-même est d’une excellente qualité. Apple ne domine plus la photographie mobile comme c’était le cas auparavant, mais l’entreprise tire quand même bien son épingle du jeu, notamment lorsque l’éclairage est complexe.
J’ai par exemple pris une photo de ma fille avec une veste lilas, où la pièce était légèrement illuminée par des ampoules halogènes au plafond, mais où de la lumière extérieure était aussi présente. De tous les appareils essayés, seul l’iPhone reproduisait parfaitement la couleur de la veste. Le Samsung Galaxy S9+ était assez près, mais le Pixel 3XL et le Huawei Mate 20 Pro affichaient plutôt une veste grise. L’exemple ne fait pas exception. Lorsque les sources de lumière sont variées (incluant devant une fenêtre, grâce au nouveau mode Smart HDR), l’iPhone est généralement plus efficace que les autres. À la noirceur, celui-ci se démarque aussi pour prendre une photo d’un sujet en mouvement (mais pas d’un sujet fixe, cela dit).
L’appareil offre aussi d’autres forces intéressantes, comme une bonne moyenne au bâton (autrement dit, la fréquence des clichés qui sont réussis dès le premier coup) et une bonne profondeur de champ naturelle (un effet bokeh qui n’est pas créé par le logiciel, mais par la réflexion de la lumière dans l’objectif).
Malheureusement, l’absence du second capteur se fait sentir de plusieurs façons. Nos images agrandies sont moins claires puisque le zoom 2X n’est pas offert (ce qui n’est pas très grave), et le mode portrait de l’iPhone XR est beaucoup moins efficace que celui des iPhone XS.
Petit aparté pour expliquer ce qu’est le mode portrait et comment il fonctionne: le mode, offert depuis l’iPhone 6S Plus, permet de photographier un sujet et de créer un flou artistique (bokeh) autour de lui.
Avec une caméra double, l’iPhone analyse les informations des deux capteurs pour estimer la profondeur dans l’image. Des techniques d’intelligence artificielle sont aussi utilisées pour bien définir et découper les sujets et effectuer un flou des plus réalistes. Les résultats du mode portrait traditionnels sont souvent superbes. Dans les bonnes conditions, une photo prise avec un iPhone en mode portrait a carrément l’air professionnelle.
La popularité du mode varie selon les gens. Personnellement, sur 8000 photos dans ma pellicule iPhone, 1700 ont été réalisées en mode portrait (une statistique évidemment gonflée par la présence d’un bébé dans la maison).
Il n’est pas nécessaire d’avoir deux caméras pour un mode portrait. Celui du Pixel 3 de Google est par exemple l’un des meilleurs sur le marché, même s’il n’utilise les données que d’un seul capteur. Malheureusement, Apple ne semble pas encore avoir trouvé la formule magique pour cette recette, car le mode portrait à un capteur de l’iPhone XR laisse grandement à désirer.
Premier problème: il ne fonctionne qu’avec les visages. Le mode portrait des iPhone précédents était supérieur avec les visages qu’avec d’autres sujets (puisque l’intelligence artificielle qui découpe le sujet s’est entrainée avec des photos de personnes), mais il a toujours été possible de poser autre chose que quelqu’un en gros plan. Quelqu’un de dos, par exemple, ou un animal de compagnie ou un objet.
C’est dommage, car Google a prouvé qu’il est possible de le faire avec un seul capteur. Espérons qu’Apple pourra améliorer sa caméra avec le temps grâce à des mises à jour logicielles.
Deuxième problème: le grand-angle de l’appareil photo est mal adapté aux portraits. Un photographe qui choisit de tirer le portrait de quelqu’un va prendre un angle moyen ou rapproché, et non un grand-angle. On peut prendre un angle plus grand si on veut le sujet dans son contexte, mais l’effet bokeh est alors moins recherché.
Notons que Google a choisi de contourner ce problème en effectuant un agrandissement logiciel. Le Pixel 3 n’a qu’un objectif, mais ses portraits semblent avoir été pris avec un objectif doté d’un angle rapproché (comme avec les iPhone XS et XS Max), même si les autres clichés sont enregistrés avec un angle plus grand. Apple aurait dû faire la même chose.
La caméra unique de l’iPhone XR est-elle un problème ou un détail insignifiant qui ne fait qu’augmenter le nombre de mots des articles des journalistes technos grincheux? Cela dépend à qui vous le demandez.
Personnellement, c’est un point important. Je n’ai pris que 20% de mes photos avec l’iPhone X en mode portrait, mais j’ai probablement pris 95% de mes photos les plus mémorables. Pour un autre utilisateur (qui ne passe pas son temps à prendre des photos de son bébé, par exemple), le problème est probablement beaucoup plus petit, et il ne vaut surement pas les 400$ de plus que vous devrez payer pour un iPhone XS ou XS Max.
Logiciel: Apple corrige le tir avec iOS 12
L’iPhone XR est équipé d’iOS 12, un système d’exploitation qui offre plusieurs avancées intéressantes, surtout sur le plan technique.
Côté fonctionnalités, on retient surtout Temps d’écran, qui permet de mesurer l’usage de son téléphone et de réduire sa consommation, si besoin est, en limitant par exemple son temps de navigation sur les réseaux sociaux à 30 minutes par jour.
L’assistant vocal Siri a aussi été amélioré, puisqu’il permet de créer des raccourcis pour accomplir une série de tâches ou pour effectuer des fonctions associées à des applications tierces. Siri n’est toujours pas aussi ouvert qu’Alexa et Google Assistant, mais avec les correctifs apportés, c’est tout comme.
Les plus grandes nouveautés d’iOS 12 sont toutefois associées aux performances du système, et ne pourront pas vraiment être ressenties sur l’iPhone XR. L’amélioration est de taille pour les usagers de longue date, car les vieux iPhone mis à jour vers le système sembleront plus rapides qu’auparavant, surtout pour ouvrir les applications. Notons que contrairement à ce que j’ai lu à quelques reprises dans les médias, il ne s’agit pas ici d’une nouvelle direction pour Apple, mais bien d’optimisations logicielles qui ne pourront évidemment pas être répétées tous les ans.
Pour ceux qui n’ont pas essayé l’iPhone X et qui s’interrogent sur l’absence de bouton d’accueil des nouveaux iPhone, notons que naviguer dans l’interface avec des gestes est facile et intuitif, que ce soit pour revenir à l’écran d’accueil, passer d’une application à l’autre ou ouvrir le mode multitâche. J’aimais bien Touch ID, mais l’abandon du bouton central de l’iPhone est dans l’ensemble une bonne chose pour les utilisateurs.
Pour le reste, notons qu’iOS conserve les forces et les faiblesses habituelles du système.
La plus grande force est sans aucun doute la mise à jour des téléphones plusieurs années après leur lancement. Le plus grand point faible est pour sa part iCloud, qui n’offre gratuitement qu’un risible 5 Go. C’est trop peu, surtout que des fonctionnalités importantes du téléphone l’utilisent, comme les sauvegardes du téléphone. En voulant augmenter continuellement les revenus de ses services (iCloud, Apple Music, etc.) dans ses états financiers, Apple pénalise les utilisateurs d’iPhone en les limitant à 5 Go et en les incitant à en acheter plus. C’est dommage.
L’iPhone pour la masse
À moins d’avoir des raisons précises de préférer l’iPhone XS (comme la présence de la caméra double), et que l’argent ne soit pas un facteur important pour vous, l’iPhone XR m’apparait un achat plus considéré que les modèles plus chers. L’appareil offre sensiblement les mêmes performances et un design différent, mais tout aussi intéressant, pour 400$ de moins en moyenne.
Je privilégierais aussi l’iPhone XR à un modèle plus ancien, comme les iPhone 7 et 8 qui sont toujours en vente. Vous payerez plus cher à l’achat, mais votre téléphone vous durera aussi plus longtemps.
La question est évidemment plus complexe par rapport aux téléphones Android (où la plupart des appareils haut de gamme sont aussi offerts environ 1000$, mais où il existe d’excellents modèles pour encore moins cher, et où les modèles plus anciens peuvent diminuer rapidement de prix), mais les utilisateurs Apple sont de toute façon généralement fidèles à la marque.
Le marché des téléphones intelligents a longtemps été dicté par les modèles les plus chers. C’est quelque chose qu’Apple aimerait bien changer, ce qui pourrait lui permettre de continuer à offrir des modèles plus luxueux, sans pour autant s’aliéner les millions de consommateurs qui doivent gérer leur budget d’un peu plus près. L’iPhone XR pourrait bien être le modèle qui concrétisera cette transition lorsqu’il sera lancé le vendredi 26 octobre, chez la plupart des opérateurs.