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Pourquoi les jeunes ont-ils autant de mal à quitter définitivement Instagram?

Photo: Tarik Kizilkaya / iStock

Les réseaux sociaux, tu les aimes ou tu les quittes! Au pays d’Instagram, tout n’est pas si manichéen. Surtout pour la Gen Z qui balance entre un trop-plein d’images et de posts éloignés de leur réalité et une nécessité de s’y rendre pour leur vie sociale, étudiante ou professionnelle. Pour les jeunes, il est difficile de se couper définitivement d’Instagram tant les répercussions peuvent être nombreuses sur leur quotidien.

«Instagram, c’est une fabrique à rêve et ça me soûle un peu d’apparaître dans ce cirque», explique Alexandre. Cet étudiant de 24 ans en communication a décidé de quitter Instagram il y a six mois. Mais le mois dernier, il est revenu sur son choix. Alexandre n’est pas un cas isolé. Chez la Gen Z, ils sont nombreux à entretenir une relation ambigüe avec Instagram.

Mais pourquoi est-ce si dur de quitter Instagram lorsqu’on est jeune? Sur la plateforme, le nombre de jeunes adultes qui délaissent le réseau social ne cesse d’augmenter, alors que l’application dépense des sommes conséquentes dans le marketing pour retenir leur attention. Pour le groupe Meta, propriétaire d’Instagram, l’objectif est de ne pas subir le même sort que Facebook, délaissé par la jeunesse du monde entier. Pourtant, pour les jeunes il est devenu compliqué d’abandonner complètement Insta. Car au-delà de son aspect «superficiel», dénoncé par une partie de la Gen Z, la plateforme regorge d’opportunités professionnelles et reste un indicateur fort de tendances. Un aspect quasi nécessaire pour bon nombre d’entre eux qui commencent à entrer sur le marché du travail. 

Alexandre est d’ailleurs le premier à la reconnaître. Avant de quitter Instagram, c’est par ce biais qu’il avait trouvé sa première alternance. En message privé, le jeune homme avait pris contact et discuté avec une petite entreprise de sa ville. «C’était plutôt naturel. J’ai posé des questions sur ce qu’ils faisaient. Je leur ai dit que j’étais intéressé par le projet. On a convenu d’un rendez-vous et puis j’ai été pris assez vite». C’est aussi pour des raisons professionnelles qu’il a décidé d’y retourner. «Forcément mon travail dans la communication me force à être au minimum un observateur des tendances du réseau. Actuellement, c’est le plus important pour la communication vers les consommateurs. Impossible donc d’y échapper, mais je m’efforce de ne plus trop apparaître».

Insta, une réalité déformée?

A la base de ce désamour, le reproche qui revient souvent à la bouche des Gen Z est l’aspect superficiel et falsifié. «Depuis le lycée, j’ai l’impression d’avoir toujours été dans cette bulle un peu imaginaire, où les réseaux sont une part vraiment importante de notre vie sociale, où il faut montrer une part de son existence, son meilleur côté même», explique Carla qui a fait le choix, une fois son master de marketing en poche, de suspendre son compte par lassitude. «Avec l’âge, on se rend quand même compte qu’une grande partie ce qu’on nous vend sonne faux et cela donne, je crois, une idée faussée de la vie par ce que les gens publient et ce que l’algorithme veut nous faire voir», poursuit cette Parisienne de 26 ans.

Même son de cloche du côté d’Alexandre. «Parfois tu regardes les posts ou les stories des gens et puis tu te rends compte que leur réalité est bien différente. C’est une fabrique à rêve et ça me soule un peu d’apparaître dans ce cirque», explique-t-il. C’est pour cette raison qu’il a, certes, décidé de revenir sur Instagram, mais sans rien poster. «Pour l’instant en tout cas!».

Revenir pour ne plus participer. Voilà la nouvelle tendance chez les jeunes. Mais pour Instagram, ce genre de réflexion n’est pas pour rassurer, comme le montre le sort de Facebook, qui commence à perdre des utilisateurs, notamment auprès des jeunes.

Mais cette tendance pose quand même problème à cette génération habituée à une vie sociale connectée. «J’ai quitté le réseau un soir sur un coup de tête parce que je voyais cette table que je servais se montrer uniquement des photos sur Instagram, ne discuter que des stories des uns et des autres. Pour moi, j’étais dans un mauvais film et je voulais en sortir à tout prix donc j’ai pris ma décision rapidement», explique Océane, serveuse dans un restaurant du Marais. «Le problème c’est que j’ai beaucoup échangé à travers Instagram avec des gens que j’ai rencontrés au boulot ou dans des soirées et je n’ai dorénavant rien d’autre pour les contacter».

D’après une étude du cabinet Forrester et des dernières données d’Instagram, la génération Z (dans le rapport les 12-17) américaine passe dorénavant plus de temps par semaine sur TikTok que sur Instagram. Si on prend en compte que 70% des profils d’instagrammeurs dans le monde ont moins de 34 ans, le réseau pourrait perdre en vitesse rapidement au profit d’autres plateformes.

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