Salon de l’engagement citoyen: les défis de recruter des bénévoles
Ce vendredi avait lieu le 4e salon de l’engagement citoyen à la place Henri-Bourassa, organisé conjointement par Centre d’action bénévole de Montréal-Nord et différents partenaires. L’occasion de dresser l’état des lieux du bénévolat au sein de l’arrondissement.
Le salon de l’engagement citoyen s’inscrit dans la lignée de la mission première du Centre d’action bénévole de Montréal-Nord (CAB), à savoir recruter, accueillir et orienter les futurs bénévoles. Avec cet événement, les organismes peuvent se rendre visibles aux yeux des potentiels bénévoles.
« C’est la deuxième fois que je viens ici explique Fatima Raji, responsable du volet engagement sociale au sein de l’organisme Entre Parents. L’an passé, grâce au salon, nous avions pu convaincre des personnes de s’engager auprès de nous. »
Près de 152 bénévoles ont œuvré auprès d’Entre Parents au cours de la période 2017-2018, de manière ponctuelle ou régulière.
« Nous avons un grand besoin d’engagement citoyen, surtout au niveau de notre volet petite enfance, précise Mme Raji. Ce salon, c’est la possibilité de nous rendre visible et de faire connaitre nos possibilités d’implication. »
Selon Marie-France Turgeon, agent de communication pour le CAB de Montréal-Nord, c’est d’ailleurs cette visibilité qui ferait défaut aux organismes afin de faire connaitre leurs actions bénévoles.
« Beaucoup de gens souhaitent s’engager. Souvent, les personnes me rétorquent que si on leur avait demandé, elles seraient venues. Devenir bénévole, ça ne vient pas forcément spontanément, c’est le but de ce salon et de notre organisme, nous souhaitons guider ces personnes. »
–Marie-France Turgeon
Saloi Jamir, elle, a choisi de s’engager de son plein gré au sein de Paroles d’Exclues, OBNL qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. En plus de pouvoir redonner à la communauté, elle explique apprécier pouvoir côtoyer de nombreuses personnes grâce au bénévolat.
« En tant que mère d’une famille monoparentale, cela me permet de briser l’isolement raconte-t-elle. Être bénévole me permet de rencontrer des personnes issues de différentes nationalités, de prendre part à différentes activités ou ateliers. C’est une expérience très positive. »
L’engagement citoyen comme moteur de l’intégration sociale
La Direction de la culture, des sports, des loisirs et du développement social a dressé en mai 2018 un portrait des demandeurs d’asile établis à Montréal-Nord. Selon ce portrait, un peu plus de 3 000 demandeurs d’asile se sont installés dans l’arrondissement entre le 1er juillet 2017 et le 31 mars 2018. Une arrivée importante, et potentiellement de nouvelles personnes à aider pour les organismes communautaires.
« En 2017-2018, nous avons aidé 710 demandeurs d’asile chez Entre Parents, souligne Fatima Raji. Nous leur avons notamment offert des services de soutien et d’accompagnement. »
Le Service d’accompagnement aux nouveaux arrivants (SANA), service rattaché au CAB, œuvre initialement auprès des personnes résidentes permanentes depuis moins de cinq ans. Toutefois, face à l’arrivée ces derniers mois de ces nombreux demandeurs d’asile, le SANA n’a pas hésité à offrir son aide à ces personnes, dans les limites de ses compétences.
« Nous les aidons autant que possible, notamment dans leurs démarches liées à l’obtention de leur permis de travail », explique Mariela Hernandez, intervenante en immigration au SANA.
Certains organismes n’hésitent d’ailleurs pas à accueillir parmi leurs rangs des demandeurs d’asile, en qualité de bénévole.
« En plus de les intégrer, cela leur permet d’obtenir des lettres de références, et de montrer aux services d’immigration leur bonne volonté », précise Fatima Raji.
Dans un arrondissement tel que Montréal-Nord, où l’on dénote une forte proportion de nouveaux arrivants et désormais de demandeurs d’asile, le bénévolat apparait comme un remède à l’exclusion sociale, pour des personnes parfois en perte de repères.
« Effectivement, à leur arrivée, les nouveaux arrivants peuvent être déboussolés, ne serait-ce que pour prendre le bus, soutient Sabrina Corriveau-Maheu, agent de liaison pour le projet de jumelage inter culturel du CAB. Le bénévolat leur permet de mieux comprendre la société nouvelle dans laquelle ils évoluent désormais. »
L’engagement social permettrait en outre d’offrir une meilleure cohésion sociale pour tous les résidents de l’arrondissement.
« Les citoyens ont parfois beaucoup d’aprioris face à l’arrivée de nouveaux arrivants ou de demandeurs d’asile, poursuit Sabrina Corriveau-Maheu. Faire côtoyer toutes ces personnes ensemble, via l’action bénévole, ça permet d’amener une meilleure compréhension des enjeux.»
Une 4e édition encourageante
Le salon de l’engagement semblait avoir réuni un peu plus de monde que les éditions précédentes, selon les dires des organisateurs.
« C’est encore un peu difficile de mobiliser les personnes, explique Marie-France Turgeon. Mais aujourd’hui, il y a quand même du monde. »
Le Centre d’action bénévole de Montréal-Nord place chaque année environ 350 personnes auprès des organismes communautaires.