Port de Montréal: la possible grève générale illimitée sème l’inquiétude
Une grève générale illimitée du Syndicat des débardeurs du port de Montréal aurait un impact considérable sur la rentabilité du Port de Montréal et l’économie de la grande région métropolitaine, prévient le directeur général de l’Association du camionnage du Québec.
Le syndicat, qui représente 1125 débardeurs, a fait parvenir un préavis de grève générale illimité vendredi matin à l’Association des employeurs maritimes du Québec. Celle-ci devrait débuter dès lundi, à 7h.
Le directeur général de l’Association du camionnage du Québec, Marc Cadieux, s’inquiète des répercussions de la grève sur l’industrie du camionnage.
Pas moins de 70% des activités de certains de ses transporteurs sont tributaires du port, dit-il. «Ça a des répercussions autant financières pour l’entreprise que pour les employés qui vont devoir être mis à pied», ajoute-t-il.
M. Cadieux estime que les répercussions iront au-delà de sa main-d’œuvre. «C’est une perte de chiffre d’affaires aussi pour le Port de Montréal, mais aussi pour le Grand-Montréal, émet-il. Il n’y a pas juste nos chauffeurs et nos entreprises qui sont interpellés par ça, il y a beaucoup d’emplois indirects.»
Arbitrage
Le 4 août, avant même l’annonce du préavis, Marc Cadieux a écrit au premier ministre Justin Trudeau et aux ministres concernés les pressant d’agir pour limiter le droit de grève.
Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, est du même avis. Dans un tweet publié ce matin, il demande au gouvernement d’imposer l’arbitrage et le retour au travail.
«Les débardeurs du port seront en grève générale illimitée lundi. C’est irresponsable ! Le syndicat prend l’économie en otage pour marquer des points», a-t-il ajouté.
Revendications
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue vendredi midi, le conseiller syndical du SCFP 375, Michel Murray, a affirmé que le syndicat n’avait d’autre choix que de déclarer une grève générale illimitée.
Il a évoqué la modification des conditions salariales des débardeurs par l’employeur et une situation de «lock-out technique». La partie patronale aurait ainsi détourné plusieurs navires vers d’autres ports, notamment celui d’Halifax, de New York et de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
«On suit à la trace les navires à destination de Montréal et on a 5 navires dont le détournement est déjà annoncé vers d’autres ports, a affirmé M. Murray. Indiscutablement, l’employeur nous a mis dans une situation de lock-out technique puisqu’il n’y aura plus de navires d’ici la semaine prochaine.»
La convention collective entre le syndicat et l’Association des employeurs maritimes (AEM) est échue depuis le 31 décembre 2018.
Cette semaine, le syndicat a fait une offre de grève de 45 jours à l’AEM dans laquelle il soutient avoir déposé une offre de conditions «gagnantes pour les deux parties».
Cette offre a été refusée par l’employeur qui a répondu avec une contreproposition, celle d’aller en médiation.
«Je ne connais aucun syndicat qui accepterait une offre de trêve», a répondu Michel Murray.
Les négociations devraient débuter dès la fin de semaine. «On tend la main à l’Association pour qu’on s’assoie, d’ici à lundi, pour trouver une combinaison gagnante-gagnante et permettre la réouverture du Port, a-t-il déclaré. Parce que l’on considère que c’est eux qui l’ont provoquée [la grève] à partir du moment où ils ont détourné les navires.»
Cette grève générale illimitée s’ajoutera aux grèves successives de quatre jours qui ont eu lieu dans les dernières semaines. Elle affectera le Port de Montréal et le terminal Contrecoeur.
Appelé à réagir, le député de la Pointe-de-l’île, Mario Beaulieu, n’a pas voulu commenter l’actuelle situation «pour l’instant».