Des parents immigrants témoignent en faveur de la loi 21
Des parents immigrants, dont certains provenant de pays musulmans, se sont prononcés contre le port de signe religieux par certains employés de l’État, notamment les enseignants, comme le prévoit la loi 21 sur la laïcité.
La loi 21 est contestée devant les tribunaux par quatre groupes qui tentent de la faire annuler, en tout ou en partie.
Le procès de la pièce législative s’est poursuivi lundi au palais de justice de Montréal. C’était au tour des parties défenderesses d’appeler des témoins à la barre.
«Message subliminal»
L’un d’eux est Djaafar, un père de famille d’origine algérienne qui a demandé qu’on ne publie pas son nom de famille. Le Montréalais s’attend à ce que les enseignants fassent abstraction de leurs signes religieux à l’école.
«Un symbole n’est pas neutre, c’est un message subliminal, a-t-il déclaré devant le juge. Le voile islamique est un symbole pernicieux qui renvoie directement à la soumission de la femme.»
Ferudja, une femme originaire d’Algérie qui a aussi préféré taire son nom de famille, a aussi témoigné en faveur de la loi sur la laïcité.
Celle qui se considère «de culture musulmane» a quitté son pays pour venir s’établir au Québec avec ses enfants.
Comme Djaafar, elle pense qu’une enseignante voilée envoie le message à ses élèves que la femme est inférieure à l’homme.
«Je ne veux pas que ma fille ait ce modèle d’infériorité, a-t-elle affirmé. Je m’attends à ce que l’école soit neutre, je veux que l’enseignant ne passe aucun message.»
Influence
Les témoins estiment que leurs enfants sont influencés par leur enseignant.
«L’enseignant est cinq jours par semaine avec les enfants toute l’année. Il est un modèle pour l’enfant qui est train de construire sa personnalité», a souligné Djaafar.
Ferudja a d’ailleurs affirmé que sa fille imitait le comportement de son enseignant. «La couleur préférée de ma fille est le bleu, a-t-elle raconté. C’est le bleu uniquement parce que son enseignante au début du primaire s’habillait uniquement en bleu.»
Dans cette optique, les parents immigrants ayant témoigné en faveur de la Loi 21 ne veulent pas que leurs enfants soient confrontés à la religion dans un contexte scolaire.
Djaafar a précisé ne pas remettre en doute les compétences d’un enseignant portant un symbole religieux. Cependant, il estime que «l’enjeu dépasse leur propre personne».
«Bien faire son travail n’est pas un argument pour exalter un signe religieux aux enfants», a-t-il affirmé.
La présentation de la preuve des parties défenderesses se poursuit demain. Le procès qui s’est ouvert la semaine dernière devrait durer cinq à six semaines.