De TVA à la CAQ, Nathalie Roy est fière de son parcours
Dans le cadre de la série «De la scène au Salon bleu», Métro s’entretient avec des artistes et personnalités médiatiques qui ont fait le saut en politique.
De journaliste à productrice de nouvelles, puis de députée à ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy gravit les échelons depuis plus de 30 ans. Il y a 10 ans, elle a toutefois décidé de faire le saut en politique en tant que «citoyenne indignée», portée par le désir de changer les choses avec un nouveau parti, celui de la Coalition avenir Québec (CAQ).
À l’automne 2011, alors que la commission Charbonneau révèle les stratagèmes de corruption et de collusion dans l’octroi et la gestion des contrats publics au sein de l’industrie de la construction, Nathalie Roy est productrice de nouvelles à TVA et LCN.
En tant que citoyenne, elle se souvient d’avoir été profondément «indignée par la magouille». «Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, il fallait brasser la cage. Il fallait que ça arrête, ça n’avait pas de bon sens», dit-elle en entrevue avec Métro.
La CAQ, une nouvelle option
Pratiquement au même moment, François Legault, qui avait démissionné de son poste de député au Parti québécois (PQ) en 2009, réapparaît dans le paysage politique.
Il publie alors le manifeste de la Coalition pour l’avenir du Québec qui, en novembre 2011, se transforme en parti politique, la Coalition avenir Québec, dont il devient le chef.
Ce nouveau parti nationaliste était une solution de remplacement aux libéraux fédéralistes et aux péquistes souverainistes qui se succédaient au pouvoir depuis les années 70, au Québec.
L’idée de «mettre de côté les vieilles chicanes entre souverainistes et fédéralistes» pour plutôt «aller de l’avant» avec un parti nationaliste qui défendrait les intérêts du Québec rejoignait Nathalie Roy, estime-t-elle.
Après un échange avec Jean Lapierre, à l’époque animateur de l’émission Larocque-Lapierre diffusée sur le réseau TVA, sur ce que représentait le travail de député.e, Nathalie Roy a eu envie de se lancer. «Jean Lapierre a été mon mentor dans cette transition», déclare-t-elle.
En effet, c’est M. Lapierre qui permet à Mme Roy de rencontrer l’équipe de François Legault. En 2012, le chef de la CAQ la choisit comme candidate de son parti dans la circonscription de Montarville, qui était alors une nouvelle circonscription. Nathalie Roy est élue une première fois en 2012, puis réélue en 2014 et en 2018.
Ministre dans un «gouvernement historique»
Après près de deux années de gouvernement péquiste minoritaire et quatre années de gouvernement libéral majoritaire, c’est le parti de la CAQ qui est élu à la tête d’un gouvernement majoritaire, le 1er octobre 2018.
«Qu’un parti parte d’absolument rien et puis qu’en huit ans forme un gouvernement majoritaire, ça, c’est historique. Jamais personne n’a fait ça au Québec, alors je suis très fière de M. Legault», souligne la ministre.
C’est lors de ce troisième mandat que Nathalie Roy est nommée à la tête du ministère de la Culture et des Communications, à sa grande surprise, confie-t-elle.
«Je n’avais rien demandé. Moi, je n’avais demandé que de servir; j’irai là où le premier ministre me dira d’aller. C’est un grand privilège quand le premier ministre vous nomme ministre, parce que c’est son choix ultime. J’ai été ravie et sous le choc, je vous avoue», se souvient-elle.
Celle qui a évolué dans le milieu des communications pendant plus de trois décennies avait comme priorité de «décloisonner les arts» et de propulser ailleurs dans le monde les artistes d’ici, notamment grâce aux nouvelles technologies.
«On a tellement de talent au Québec. On n’a rien à envier à personne. Moi, je veux que ce talent brille à l’international, qu’on voie davantage encore ce que nos créateurs font. C’était mon but premier quand je suis arrivée en poste.»
Fière de son bilan
La ministre sortante de la Culture et des Communications défend son bilan en se disant fière d’avoir débloqué des «budgets records». «Jamais aucun gouvernement n’a autant investi en culture. Je vous dis “investi”, parce que pour moi, ce n’est pas une dépense», se targue-t-elle.
Sur quatre ans, c’est plus d’un milliard de dollars supplémentaires qui ont été investis en culture, notamment pour de la captation et la diffusion de spectacles québécois originaux, rappelle-t-elle.
«Même avant la pandémie, j’avais dit: nous mettrons de l’argent pour faire des captations pour que les créations soient vues sur des plateformes et que les gens payent», précise-t-elle.
Avec l’arrivée de la crise sanitaire en mars 2020, le gouvernement s’est servi de ces sommes pour aider le milieu culturel à garder un contact avec son public.
Est-ce que, si elle est réélue, Nathalie Roy aimerait poursuivre son travail au ministère de la Culture et des Communications? «Ce serait un bonheur», dit-elle, mais la candidate dans la circonscription de Montarville souhaite avant tout être élue comme députée.
«Mon objectif ultime, c’est que les gens de Boucherville et de Saint-Bruno m’accordent leur confiance. Pour la suite des choses, c’est la prérogative du premier ministre», mentionne-t-elle.
Au printemps dernier, Mme Roy a déposé un plan de 225,8 M$ sur trois ans pour aider le milieu culturel à se remettre des conséquences de la crise sanitaire. «Si le gouvernement de la Coalition avenir Québec est réélu [le 3 octobre prochain], ce plan demeure en fonction, peu importe qui est ministre de la Culture», dit-elle.
Il inclut notamment une «mesure à la billetterie», un financement pour appuyer les programmateurs qui s’élève à 14 M$ et qui reste en vigueur jusqu’à la fin du mois de mars 2023. Le plan prévoit également du financement supplémentaire aux compagnies établies qui engagent les finissants, qui n’ont pas eu la chance de travailler depuis la pandémie.