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COVID-19: le point sur les connaissances scientifiques

Une chercheuse portant un masque tient dans ses mains un flacon de sang
Le SARS-Cov-2 possède une petite particularité: la glycoprotéine Spike, appelée «protéine S». Photo: Simon Dawson - Pool/Getty Images

Comment fonctionne le virus de la COVID-19? Se transmet-il par gouttelettes ou par aérosol? Qu’en est-il des vaccins? Et de l’immunité collective? Répondre à ces questions ainsi qu’à de nombreuses autres de manière simple et claire a représenté un véritable travail de moine de la part de notre journaliste, Céline Gobert.

Comment fonctionne le virus?

Un virus n’a qu’un but: pénétrer dans les cellules, pour s’y répliquer à foison. Celles-ci lui servent d’hôte pour se faire. Dans le cas du virus de la COVID-19, il s’agit du SARS-Cov-2. 

Parfois, le matériel génétique initial du virus n’est pas entièrement recopié. Ce sont les «mutations». Elles influent sur sa capacité d’infection et sa virulence. 

La toux, la fièvre et autres symptômes sont la conséquence des efforts du système immunitaire pour se débarrasser de lui. Au Québec, une étude a montré qu’une perte de l’odorat et du goût était également présente dans jusqu’à 65% des cas.

Le SARS-Cov-2 possède une petite particularité: la glycoprotéine Spike, appelée «protéine S». Elle sert de clé au virus pour pénétrer dans les cellules. C’est elle qui est d’ailleurs ciblée par nos anticorps en cas d’infection. 

Mais encore faut-il que cette protéine S trouve la bonne porte d’entrée. Cette «entrée» est une autre protéine : le «récepteur ACE2». Tout le monde en a sur ses voies respiratoires supérieures et inférieures. Donc nez, gorge et poumons. 

Grossièrement, il faudrait donc cibler la protéine S avant qu’elle rencontre le récepteur ACE2. C’est ce que visent (entre autres) à faire les chercheurs avec le vaccin. 

Notons que l’origine exacte de la transmission chez l’homme n’a pu être établie. Le SARS-CoV-2 combinerait des coronavirus de chauves-souris et de pangolins

Les cas introduits au Québec provenaient d’Europe (32,7%), des Caraïbes et de l’Amérique latine (30,9%) et des États-Unis (23,9%). 

La COVID-19, un virus qui évolue

C’est ce qu’ont constaté les chercheurs en observant des mutations génétiques du virus durant l’hiver austral (qui s’est achevé le mois passé dans l’hémisphère sud). 

Ils ont pu observé qu’en présence de la variante «Δ382», l’infection était moins sévère. 

Cette étude prouve que le virus évolue au contact humain. Parfois, comme ici, c’est une bonne chose. 

Comprendre cette «variabilité» est donc un enjeu majeur pour bien lutter contre le virus de la COVID-19, et, donc, pour développer un vaccin. 

Virus de la COVID-19: une «petite grippe»?

Le monde a connu d’autres coronavirus. Et chaque hiver, la grippe circule dans la population. Mais ce virus est différent. 

D’abord, il se propage par le biais de personnes asymptomatiques. La période d’incubation moyenne est de cinq jours. On peut être contagieux avant de développer les symptômes, mais donc aussi, si l’on en développe aucun. 

Ensuite, le virus semble provoquer chez certains, à long terme, des séquelles graves. Et ce, même en cas de formes bénignes.

Une étude scientifique a ainsi observé des inflammations du cœur chez des personnes guéries. Sur 100 patients, dont l’âge médian était de 49 ans, 78% d’entre eux avaient une atteinte cardiaque. 

Des anomalies au coeur ont été constatées. Cette fois chez 26 jeunes athlètes universitaires de compétition. Quatre hommes avaient une myocardite après une COVID-19 sans hospitalisation. Sans compter les complications chez plusieurs autres. 

Ces résultats indiquent la nécessité d’observer les conséquences cardiovasculaires à long terme du virus. 

Gouttelettes ou aérosols?

Le SARS-CoV-2 se transmet principalement d’une personne à une autre par gouttelettes quand on tousse, parle ou respire. Il existe aussi une transmission par voie aérienne (ou aérosols). Bon nombre d’experts considèrent que ces deux types de transmission sont les deux bords d’un même spectre. 

Les gouttelettes parcourent moins de deux mètres. Voilà pourquoi les masques sont utiles pour empêcher leur propagation

Les masques chirurgicaux en milieu hospitalier ont un effet jugé «important» par la Santé publique du Québec. 

Pour ce qui est du couvre-visage maison, les preuves manquent encore, mais la Santé publique en fait la recommandation, par principe de précaution.

Dans la transmission par aérosols, les particules sont plus petites. Mais elles demeurent dans l’air plus longtemps et vont plus loin. D’après les experts, cette transmission peut notamment se produire dans des environnements confinés, avec ventilateurs et climatiseurs. 

Plus rare: la transmission virale passive. C’est-à-dire qu’on a touché une surface contaminée puis sa bouche, son nez ou ses yeux. 

Le SARS-CoV-2 est capable de demeurer sur des surfaces. Comme le bois ou le carton d’emballage (une journée), le tissu ou le verre (1 ou 2 jours), et le plastique et l’acier inoxydable (3 ou 4 jours). Il survit 9 heures sur la peau, par rapport à 1,8 heure pour celui de la grippe. D’où l’importance de bien se laver les mains. 

La transmission serait peut-être possible de l’humain aux animaux car certains chiens et chats ont été testés positifs. 

Le nombre de personnes auxquelles un individu infecté transmet le virus est représenté par «le taux de reproduction de base» ou R0 (R zéro). 

Un R0 égal à zéro veut dire qu’il n’y a plus de transmission. Quand il est inférieur à 1, cela signifie qu’un contaminé transmet l’infection à moins d’une personne. Supérieur à 1, le R0 représente une propagation exponentielle rapide. Aux dernières nouvelles, à Montréal, le R0 est désormais sous 1. 

Le risque de transmission devient quasi nul huit jours après le début des symptômes. Celle-ci est plus faible en gardant une distance physique de 1 mètre ou plus

Réaction immunitaire et réinfection

Tout le monde n’est pas égal face au virus de la COVID-19. Par exemple, on sait que les enfants sont beaucoup moins à risque de développer des formes graves que les aînés. Les plus à risque ont un système immunitaire plus faible. Comme les immunodéprimés, les malades du diabète ou ceux atteints de pathologie respiratoire ou cardiovasculaire. 

En plus de l’âge, les groupes sanguins ont une influence. Ainsi, le groupe sanguin A est plus à risque que le groupe O. Les hommes seraient plus enclins à développer des complications. Les Afro-Américains aussi. Au Canada, on manque de données socio-démographiques

Un petit segment d’ADN «néandertalien» provoquerait aussi plus de problèmes respiratoires en cas de COVID-19. 

Selon une étude, on compterait trois types de réponses immunitaires activant des cellules immunitaires différentes. Les symptômes varieraient aussi en fonction de ces cas. 

Une fois infecté, combien de temps dure l’immunité? C’est la grande inconnue. Mais une étude canadienne évoque maintenant une persistance des anticorps de 3 mois dans le sang et la salive. 

On peut attraper la COVID-19 à deux reprises, en l’espace de quelques semaines. Mais les chercheurs ignorent encore pourquoi certains individus développent un grand nombre d’anticorps alors que d’autres non.  

Les cas «re-positifs» ne semblent pas être causés par une réinfection active. Du moins, la probabilité est «faible». On constate aussi que les cas «re-positifs» (plus jeunes) souffrent de symptômes moindres.

Finalement, le matériel génétique du virus se dégrade dans presque tous ces cas.

Cela suggérerait que le risque de transmettre le virus de la COVID-19 quand on est un cas «re-positif» est considérablement plus faible.  

Les vaccins contre le virus de la COVID-19

Le gouvernement canadien s’est déjà entendu avec plusieurs sociétés pharmaceutiques, dont Pfizer, Moderna, Novavax, Johnson & Johnson ainsi que Sanofi, GlaxoSmithKline et, plus récemment, AstraZeneca. 

Grâce à ces ententes, le Canada pourrait obtenir jusqu’à 282 millions de doses de vaccin.  

Vendredi, on apprenait que le gouvernement fédéral de Justin Trudeau versera 173 M$ à Medicago pour le développement de vaccins contre la COVID-19 et la mise en place d’installations de production à Québec.

À cela s’ajoutent 18 M$ pour le développement et les essais cliniques d’un candidat-vaccin de Vancouver, ainsi que 23 M$ pour six autres projets de recherche vaccinale.

Pour l’instant, les vaccins les plus prometteurs confèrent une protection contre le virus de la COVID-19, mais ils ne réduisent pas efficacement la transmission

Le problème vient de leur administration par voie intramusculaire qui n’entraîne pas de réponse adéquate dans les voies respiratoires supérieures. Contrairement à l’infection naturelle. 

La réponse immunitaire pourrait être plus forte s’il était inoculé par voie intranasale. Malheureusement, très peu de vaccins de ce type sont en cours de développement et aucun en cours d’essai clinique. 

Le vaccin devra peut-être aussi être adapté, voire dosé, en fonction du groupe d’âge. On ne sait toujours pas à qui il sera inoculé en priorité. Les groupes à haut risque? Les personnes dans le milieu de la santé? 

L’approvisionnement en seringues, flacons, verres, etc. pourrait aussi devenir un problème en raison du grand nombre de doses nécessaires. 

Selon la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, le vaccin homologué devra prévenir la maladie ou en diminuer la gravité pour 50% des personnes vaccinées. 

Et l’immunité collective?

Les chercheurs ont évalué que le seuil d’immunité collective pour le SRAS-CoV-2 devrait se situer entre 50 et 67% en l’absence de toute intervention.

On ignore encore si l’immunité dure plus longtemps lorsqu’elle est induite par vaccination ou par infection naturelle. Les mesures de santé publique pourraient donc encore durer longtemps, même si l’on trouvait un vaccin. 

Même avec un vaccin, une grande partie de la population devra être vaccinée pour réduire la transmission. Comme l’immunité durable n’a pas été observée, une vaccination périodique pourrait être nécessaire. 

On sait maintenant que l’ouverture des écoles n’a pas entraîné de propagation majeure au sein de la population générale. 

En Suède, la stratégie a été de développer l’immunité collective, sans confiner de la population. Le bilan des décès n’y est pas plus mauvais que dans d’autres pays d’Europe, mais beaucoup plus haut comparé au reste de la Scandinavie

Le but est d’atteindre une proportion suffisamment élevée d’individus immunisés pour stopper la propagation d’une épidémie puisque les individus sensibles au virus y deviennent plus rares. Quelques études ont indiqué qu’entre 20 et 50% des gens possédaient même un certain degré d’immunité innée

Face à une telle option, l’aspect «éthique» d’un déconfinement par rapport aux conséquences négatives du confinement sont à prendre en compte. On sait toutefois que le confinement a des impacts négatifs sur la santé mentale des gens, mais sans augmenter le taux de suicide. Du moins au Québec. 

Des symptômes persistants plus de 60 jours après le début de la maladie sont maintenant relevés par plusieurs personnes. 

Selon des scientifiques, viser l’immunité collective en déconfinant tout le monde serait toutefois trop dangereux pour les systèmes de santé. 

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